Le marché pétrolier de plus en plus nerveux à l'approche de l'embargo du 5 décembre

Lundi, ils baissaient de 5%, ce mardi, ils remontaient de 1%, les prix du pétrole sont volatils. La prochaine réunion de l'Opep+, le 4 décembre, la veille de l'application de l'embargo européen sur les importations de brut russe et du plafonnement de son prix selon l'accord du G7, fait l'objet de spéculations, alors que la demande du premier importateur mondial, la Chine, aux prises avec une recrudescence de la pandémie du Covid-19, devrait enregistrer cette année une baisse de 2,6% par rapport à 2021.
Robert Jules
L'embargo européen sur toutes les importations de brut russe et l'accord du G7 sur l'imposition d'un prix plafonné (le chiffre de 60 dollars a été évoqué par des hauts responsables de l'administration Biden) aux exportations de brut russe pourraient réduire l'offre mondiale de pétrole sur le marché international, et faire repartir les cours du baril vers les 100 dollars.
L'embargo européen sur toutes les importations de brut russe et l'accord du G7 sur l'imposition d'un prix plafonné (le chiffre de 60 dollars a été évoqué par des hauts responsables de l'administration Biden) aux exportations de brut russe pourraient réduire l'offre mondiale de pétrole sur le marché international, et faire repartir les cours du baril vers les 100 dollars. (Crédits : Reuters)

Les prix du pétrole sont très volatils. Lundi, ils ont baissé de plus de 5% en raison d'une information du Wall Street Journal, faisant état d'une discussion entre membres de l'Opep sur la possibilité de relever son offre de 500.000 barils par jour (b/j), citant des membres de délégations mais sans préciser leur nationalité. Même si l'information a été démentie par le ministre de l'Énergie saoudien, Abdoulaziz bin Salman, ainsi que par son homologue émirati, les cours ne regagnaient qu'un peu plus de 1% ce mardi. Le prix du baril de Brent évoluait autour de 88,5 dollars. Sur un mois, il est en baisse de -2,86%, et sur un an en hausse de +9,7%. Quant au WTI, la référence de brut américaine, son cours cotait autour des 81 dollars. Sur un an, il progresse de +3,9%.

Débat sur les quotas

Si l'information du WSJ a été l'occasion pour Riyad de rappeler que l'organisation s'en tenait à la décision, prise lors de leur précédente réunion, de réduire à partir de novembre leur quota de 2 millions de barils par jour (mb/j), l'offre de l'Opep+ (partenariat entre l'Opep et 10 autres pays exportateurs dont la Russie), elle manifeste la volonté de certains pays d'avoir un débat interne au sein du partenariat, souvent évoqué mais toujours ajourné: une remise à plat des quotas officiels.

En effet, en réalité, la réduction réelle de l'offre depuis ce mois-ci est de 1 mb/j car de nombreux pays n'arrivent pas à atteindre leurs quotas respectifs, dont la Russie. Or, au sein de l'Opep, les Émirats arabes unis ainsi que l'Irak veulent augmenter leurs capacités de production pour pouvoir vendre plus, notamment en raison du pic de la demande pétrolière mondiale qui se profile dans les prochaines années, avec l'accélération du développement des énergies renouvelables. Or, un tel débat est délicat dans le contexte de la guerre en Ukraine et des sanctions imposées à la Russie.

Car la Maison Blanche entend toujours isoler la Russie, ce qui passe par un rapprochement avec l'Arabie Saoudite. Mais l'information du WSJ témoigne également de la volonté affichée de la Maison-Blanche de favoriser le rapprochement avec l'Arabie Saoudite. Ainsi, la semaine dernière, l'administration Biden a indiqué que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane bénéficiait de l'immunité juridique dans le cadre d'un futur procès pour le meurtre du journaliste et opposant Jamal Khashoggi en 2018. Un revirement qui signale que désormais, l'administration Biden qui voulait initialement isoler le prince héritier le reconnaît comme le représentant du Royaume.

Reconstituer les réserves stratégiques

Un signe important avant la prochaine réunion de l'Opep+ qui se tiendra le 4 décembre, à la veille de l'application de deux mesures: l'embargo européen sur toutes les importations de brut russe et l'accord du G7 sur l'imposition d'un prix plafonné (le chiffre de 60 dollars a été évoqué par des hauts responsables de l'administration Biden) aux exportations de brut russe. Des actions qui pourraient réduire l'offre mondiale de pétrole sur le marché international, et faire repartir les cours du baril vers les 100 dollars.

Or, le cours est un enjeu pour la Maison Blanche. Pour calmer les prix de l'essence avant les élections de mi-mandat, Joe Biden a puisé cette année 180 millions de barils dans les réserves stratégiques (SPR) des États-Unis, qui ont atteint leur plus bas niveau depuis avril 1984, sous les 400 millions de barils, soit 40% en-dessous de leur niveau d'avant l'invasion russe de l'Ukraine.

De son côté, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) notait dans son dernier rapport mensuel que l'ensemble des stocks (stratégiques et commerciaux) des pays de l'OCDE était passé sous la barre des 4 milliards de barils, pour la première fois depuis 2004.

Un étiage qui n'est pas durable dans le contexte géopolitique actuel. Pour reconstituer les réserves stratégiques, la Maison Blanche a conçu un système d'enchères pour acheter des barils à terme sur 2024 et 2025, mais à condition que les prix se situent entre 67 et 75 dollars. À moins d'une augmentation de l'offre de brut mondiale, cette fourchette est difficilement atteignable aujourd'hui.

D'autant qu'un autre facteur baissier actuel pourrait disparaître en 2023: celui de la demande du premier importateur mondial de pétrole, la Chine. Pour le moment, Pékin doit faire face à une reprise de l'épidémie du Covid-19, conduisant à un renforcement des mesures de prévention en application de sa politique zéro-Covid, ce qui ralentit considérablement l'activité économique.

Une reprise de la demande chinoise au deuxième trimestre 2023

Les analystes de Nomura ont indiqué que, selon leurs estimations, des régions représentant près de 20% du produit intérieur brut du pays sont soumises à une forme de confinement ou de restrictions, contre 15,6% la semaine dernière, non loin du pic d'avril lors du confinement très strict à Shanghai.

D'ores et déjà, les experts de la banque Goldman Sachs ont révisé à la baisse la demande pétrolière du géant asiatique, à 1,2 million de barils par jour (mb/j) au quatrième trimestre, repoussant le rebond de l'activité au deuxième trimestre 2023.

De leur côté, les experts de l'AIE estiment que la demande chinoise tombera à 15 mb/j en 2022, contre 15,4 mbj en 2021, soit une baisse de 2,6%. Selon eux, elle devrait atteindre 15,7 mbj en 2023, ce qui représenterait une augmentation de 4,7%, et donc un facteur de hausse des cours du brut l'année prochaine.

Robert Jules
Commentaires 6
à écrit le 24/11/2022 à 7:25
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Le marché de l'énergie est truqué, comme beaucoup d'autres d'ailleurs. Les "marchés" sont simplement soumis à la spéculation qui manipule les cours. La libre concurrence n'est qu'une utopie de plus qui profite aux gourous de la nouvelle religion qu'e...

à écrit le 24/11/2022 à 7:19
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Bonjour, S,est la spéculation et la volonté des pays producteurs qui maintien un prix élevé.... Mais bientôt les choses devraient changé....

à écrit le 23/11/2022 à 5:43
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Non, Valbel, Churchill pense par analogie. Son propos est etaye par une argumentation qu'il a choisi. Libre a lui, mais les censeurs veillent: Typiquement francais.

à écrit le 22/11/2022 à 22:45
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Mais de quoi les européens auraient-ils peur ? C'est eux qui ont décidé ces sanctions et cet embargo. Pas la Russie qui manque à ses obligations contractuelles ! Un peu de courage : notre suicide romantique obligé, imposé sans avoir été voté par nou...

à écrit le 22/11/2022 à 19:37
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personne ne doute que les politiciens qui vont se couper le petrole comme ils ont coupe le gaz vont chercher des coupables ' profiteurs de geurre' quand y aura plus de petrole et qu'il sera hors de prix....on ne doute pas un seul instant que total se...

le 22/11/2022 à 23:23
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@ churchill. Comme d'habitude propos hors-sol.

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