Le marché sanctionne Amazon après des résultats trimestriels inférieurs aux attentes

Amazon a enregistré jeudi une baisse de 9% de son bénéfice net au troisième trimestre et fait état d'un chiffre d'affaires inférieur aux attentes, assorti de prévisions jugées prudentes pour le quatrième trimestre. Le marché l'a immédiatement sanctionné, l'action chutait dans la foulée de plus de 11%.
Amazon prévoit une croissance anémique lors du quatrième trimestre, pourtant crucial car il comporte les fêtes de fin d'année.
Amazon prévoit une croissance anémique lors du quatrième trimestre, pourtant crucial car il comporte les fêtes de fin d'année. (Crédits : RALPH ORLOWSKI)

Avec une baisse de 9% de son bénéfice net au troisième trimestre, Amazon a déçu le marché qui espérait de meilleurs résultats. Dans la foulée, l'action chutait de plus de 11%. Le géant de la livraison en ligne a néanmoins renoué avec les profits après deux trimestres consécutifs de pertes, avec un bénéfice net de 2,87 milliards de dollars pour la période de juillet à septembre. Quant au chiffre d'affaires, il a progressé de 14% sur un an, à 127,1 milliards de dollars, soit le double du rythme observé aux premier et deuxième trimestres (7%). À noter que les revenus ont été amputés de 5 milliards de dollars en raison des effets de change et de l'impact du dollar fort.

Une croissance anémique attendue lors du quatrième trimestre

Pour le quatrième trimestre, période cruciale de l'année pour Amazon car elle comprend les fêtes de fin d'année, l'entreprise prévoit néanmoins une croissance anémique pour ses standards, comprise entre 2% et 8% sur un an. Le groupe envisage un bénéfice opérationnel compris entre 0 et 4 milliards de dollars, contre 3,5 pour la même période de 2021. Même Amazon Web Services (AWS), l'activité d'informatique à distance (cloud) qui affichait jusqu'ici une croissance et une profitabilité insolentes, trimestre après trimestre, voit ses revenus augmenter de façon plus modérée à 27%, contre 39% il y a un an. « L'incertitude macroéconomique a entraîné une hausse du nombre de clients d'AWS désireux de contrôler leurs coûts » et ainsi d'économiser sur leurs dépenses technologiques, a expliqué Brian Olsavsky, le directeur financier, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.

Vigueur du secteur de la publicité

En revanche, la plateforme de commerce en ligne a renoué avec la hausse de son chiffre d'affaires, après trois trimestres consécutifs de contraction. Autre point positif, la vigueur de la publicité, secteur dans lequel Amazon est un acteur relativement récent, et qui a affiché une croissance de 25% sur un an, qui tranche avec les difficultés d'autres géants de la tech sur ce marché, comme Meta ou Alphabet.

Par ailleurs, Amazon a vu ses coûts augmenter plus rapidement que son chiffre d'affaires, notamment ses dépenses technologiques (+35% sur un an), mais aussi de promotion des ventes et de marketing (+37%).

Un modèle économique sensible aux petites variations de volumes et de coûts

Concernant ces derniers, Brian Olsavsky a indiqué que la flambée était notamment due aux dépenses publicitaires liées au lancement de la série « Les anneaux de pouvoir » sur Amazon Prime Video ainsi qu'à la diffusion de matches du championnat de football américain NFL. « Amazon a construit un modèle économique qui est sensible aux petites variations de volumes et de coûts », a commenté Neil Saunders, de GlobalData. « Cela se manifeste très clairement dans les résultats. Le secteur entre dans une nouvelle ère et Amazon doit penser de façon créative aux leviers qu'il doit pousser pour générer une croissance viable et rentable au prochain trimestre et au-delà. »

Zoom - La tech américaine inquiète avec des croissances au ralenti

De San Francisco à Seattle, la tech américaine inquiète avec des croissances au ralenti et des prévisions peu enthousiasmantes, montrant que les géants d'internet qui semblaient intouchables sont rattrapés par la crise économique et la concurrence de nouveaux acteurs. « Cette semaine restera dans l'histoire des résultats financiers comme l'une des pires pour les Big Tech, voire même un possible tournant », a souligné l'analyste Dan Ives de Wedbush Securities. Alphabet, la maison mère de Google, a réalisé cet été la plus faible croissance de son chiffre d'affaires depuis 2013, hormis le début de la pandémie de Covid-19. Comme Amazon, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Oculus) a été sanctionné : son titre a plongé de 19% mercredi soir. « Il n'y a aucune information sur le potentiel en termes de revenus que Meta pourrait dériver du métavers. Personne ne sait », note Debra Aho Williamson, analyste d'Insider Intelligence. « Google a plus de chance de rebondir rapidement, parce que son moteur de recherche est un socle d'internet depuis des décennies, tant pour les consommateurs que pour les entreprises. Son modèle économique n'est pas cassé ». Seul Apple a tiré son épingle du jeu, grâce à ses iPhone.

(Avec AFP)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.