9 milliards d'euros : le chiffre d'affaires d'Amazon France a bondi de 23% en 2021

Champion de l'e-commerce et du cloud dans l'Hexagone, Amazon a réalisé 9 milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2021 (1,9% du chiffre d'affaires mondial). Pour continuer sur sa trajectoire de croissance (+23%), la branche française tente de montrer patte blanche, en insistant sur son rôle bénéfique dans l'économie. Mais l'entreprise continue de rencontrer des obstacles bien particuliers à la France. Décryptage.
François Manens
(Crédits : Pascal Rossignol)

Neuf milliards d'euros de chiffres d'affaires en 2021, soit 23,3% de plus qu'en 2020. En France, le géant de l'e-commerce et du cloud Amazon tient le même rythme impressionnant de croissance qu'à l'échelle mondiale (+22%), malgré la résistance d'acteurs nationaux (Cdiscount, Fnac-Darty...) qui l'empêche d'avoir la même situation de monopole. Les recettes ont continué à progresser en 2022, même si le rythme s'est ralenti.

A l'occasion d'une rencontre avec la presse, le géant de l'e-commerce a livré quelques chiffres sur le marché local, en amont d'une fin d'année cruciale (Black Friday, Noël, et Prime Days). La France pèse pour moins de 2% de son chiffre d'affaires mondial mais c'est un marché historique, le 5ème où Amazon a lancé ses activités il y a plus de 20 ans. Même si elle ne communique pas les bénéfices réalisés dans l'Hexagone, l'entreprise y rencontre à la fois un franc succès commercial et une opposition particulière, parfois si virulente qu'elle est qualifiée d'anti-Amazon. Alors pour adresser ce discours de fond, la branche française du géant américain tente de montrer patte blanche.

Lire aussi : Amazon : les 5 chiffres fous du géant de l'e-commerce et du cloud

Amazon paie ses impôts en France et veut le faire savoir

De nombreux géants de la tech américains sont régulièrement épinglés pour les impôts faméliques voire inexistants qu'ils paient en France, à l'instar de Netflix qui devrait encore payer un simple euros symbolique cette année. De son côté, Amazon affiche fièrement qu'il a payé plus d'un milliard d'euros d'impôts divers et variés (prélèvements obligatoires, dans le jargon administratif) en 2021, soit 66,7% de plus qu'en 2020. Cette somme le place, comme depuis 2019, dans le top 100 des entreprises qui rapportent le plus d'argent à l'Etat (d'après Deloitte). Comme le rappelle l'Usine Digitale, c'est aussi une façon de ne pas évoquer son absence de paiement d'impôts sur les sociétés à l'échelle européenne.

Pour compléter son carnet du bon élève, la branche française du géant américain rappelle aussi qu'elle a plus que triplé ses effectifs par rapport à 2018, pour atteindre la barre des 18.500 salariés d'ici la fin de l'année. En 2022, il aura ainsi créé 3.000 CDI supplémentaires, auxquels s'ajoutent de nombreux CDD et intérimaires embauchés pour encaisser les pics d'activité. D'après le directeur général d'Amazon France Frédéric Duval, la branche française n'a pas fait le même constat de sureffectif lors de l'après-Covid qu'à l'échelle du groupe et n'a donc pas eu à réduire la voilure sur les recrutements.

Comme argument final de son opération séduction, Amazon rappelle que sa plateforme sert de tremplin dans l'e-commerce à plus de 13.000 TPE et PME, qui ont réalisé en moyenne plus de 150.000 euros de chiffre d'affaires sur la plateforme -100 d'entre elles ont même dépassé le million d'euros pour la première fois. En tout, plus de 150 produits de PME et TPE française sont vendus chaque minute sur la plateforme et l'entreprise américaine estime à 35.000 le nombre d'emplois créés par ces PME grâce à sa marketplace [la plateforme de vente par des acteurs tiers].

Amazon rencontre toujours des résistances en France

Malgré ces preuves de bonne foi, Amazon continue de rencontrer des résistances en France. Lors de la rencontre, Frédéric Duval a émis le souhait de continuer à construire (en moyenne) un entrepôt par an, pour accompagner la croissance d'activité de l'entreprise. Mais chaque nouveau chantier rencontre désormais le même débat, entre élus qui se félicitent des emplois à venir et de l'impact économique sur le territoire d'un côté, et des associations qui se dressent contre l'entreprise de l'autre. Les tensions sont montées à un tel niveau au début de l'année que Amazon a préféré abandonner son projet d'entrepôt géant à Rouen, quelques mois après l'abandon de celui de Montbert, au sud de NantesLe groupe a actuellement 30 sites logistiques en France, dont 8 centres de distribution.

Plus récemment, le ministère de la Culture s'est attaqué à une part historique du business d'Amazon, la vente de livres. Il compte imposer 3 euros de frais fixes de livraison pour tout ouvrage dont le prix est inférieur à 35 euros. L'objectif : mettre fin au déséquilibre entre la quasi absence de frais de livraison -0,01 euros- des plateformes d'e-commerce (Amazon, mais aussi la Fnac et d'autres) et celles des librairies indépendantes. Cette mesure agace Frédéric Duval, qui relève qu'une livraison de livre coûtera désormais deux fois moins cher vers les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Mais elle ne satisfait pas non plus les libraires, qui estime que le prix reste trop bas pour se lancer dans la livraison.

Enfin, la place du géant américain est aussi disputée dans le cloud, où sa branche Amazon Web Services règne en maître avec 46% de parts du marché français d'après une étude récente. Si elle pèse pour un peu moins de 10% du chiffre d'affaires du groupe, il s'agit de son activité la plus bénéficiaire en proportion. Or, après un quinquennat plutôt favorable aux américains (AWS, Google Cloud et Microsoft Azure) qui s'accaparent près de 80% du marché, le gouvernement a décidé de mettre en avant les entreprises françaises (OVHCloud, Scaleway, CleverCloud...), ce qui pourrait avoir des conséquences au long terme sur la croissance d'Amazon.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 28/09/2022 à 22:42
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Le gouvernement a déja contraint Amazon France à appliquer frais de livraison pour les livres il y a longtemps et n’a pas permis 1 centime. Donc Amazon a recidivé – sans aucune commentaire depuis dans la presse? Pour une librairie indépendante, elle ...

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