Le Royaume-Uni veut instaurer un service minimum pour contrer les grèves

Après plusieurs mois de grèves en série dans le pays, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé jeudi que son gouvernement préparait une loi pour instaurer un service minimum dans certains secteurs publics essentiels, paralysés ces dernières semaines par des grèves.
Le ministre aux Entreprises, Grant Shapps, prépare une loi de service minimum dans certains secteurs publics essentiels
Le ministre aux Entreprises, Grant Shapps, prépare une loi de service minimum dans certains secteurs publics essentiels (Crédits : Reuters)

Rien ne va plus au Royaume-Uni. Le pays fait face à de nombreuses grèves depuis plusieurs mois et pour éviter la paralysie du pays, le gouvernement a dû appeler à la rescousse 1.200 militaires pour remplacer les policiers aux frontières et les ambulanciers grévistes à Noël. Mais Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, a décidé de lancer une offensive contre les grévistes pour cette année 2023, en promettant de « nouvelles lois dures ».

Jeudi, le gouvernement britannique a confirmé travailler sur une loi visant à instaurer un service minimum dans plusieurs secteurs de l'économie pour contrer les conséquences des grèves. « Il doit y avoir un niveau minimum de sécurité sur lequel la population peut compter, même en cas de grève, en particulier dans le secteur de la santé (...) Les autres économies modernes européennes ont toutes des niveaux de sécurité minimum (...) et nous les introduirons dans la loi maintenant également », a déclaré sur plusieurs médias le ministre des Entreprises Grant Shapps.

Cette mesure « s'appliquera dans de nombreux secteurs différents de l'économie », a-t-il aussi précisé, ajoutant que le projet de loi sera présenté « rapidement » au Parlement. « Ce que nous allons faire c'est donner le pouvoir (au législateur) de l'imposer si c'est nécessaire », a détaillé le ministre.

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Une obligation minimale de travail pour les services essentiels

Ce service minimum serait imposé aux pompiers, aux ambulanciers et dans le secteur ferroviaire, selon un document publié par l'exécutif jeudi.

Le Royaume-Uni est secoué par de nombreuses grèves ces derniers mois, en particulier chez les cheminots, mais aussi les ambulanciers, les infirmières et les agents de la police aux frontières. Autant de services très importants pour la population qui ne fonctionnent plus et menacent notamment le système hospitalier du pays. Les médecins urgentistes tirent la sonnette d'alarme alors que 300 à 500 personnes meurent chaque mois faut de prise en charge assez rapides aux urgences.

A l'origine de ces mouvements sociaux, les syndicats réclament une augmentation des salaires face à la hausse du coût de la vie. L'inflation en Grande-Bretagne bat un record de quarante ans, culminant à un rythme annuel de 10,7%, proche des 10,2% de la zone euro. Mais en l'absence d'une protection sociale équivalente à celle du Vieux Continent, la hausse des prix rogne le budget de millions de ménages, dont une partie bascule dans la pauvreté. La moitié des foyers saute ainsi des repas. Car, plus forte encore que l'inflation générale, l'inflation alimentaire s'accélère à +16,5% sur un an.

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Levée de boucliers dans l'opposition

Le gouvernement refuse cependant de monter les salaires et préfère jouer la montre et limiter les conséquences des grèves avec un service minimum. Sans surprise, cette nouvelle mesure annoncée a suscité une levée de boucliers de la part des syndicats.

« Quand on pensait que le gouvernement ne pouvait pas tomber plus bas, des ministres affirment qu'ils cherchent des accords pour arrêter les grèves en les rendant illégales », a réagi le syndicat PCS, promettant de « résister ». Le secrétaire général du TUC Paul Nowak a lui fustigé « une attaque contre le droit de grève (...) C'est une attaque contre les travailleurs et c'est une attaque contre l'une des plus anciennes libertés », regrettant que cette annonce « n'offre rien de plus pour aider sur les salaires et la crise du coût de la vie ».

Jeudi matin, le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer avait aussi critiqué la perspective d'une telle mesure. « Je ne pense pas qu'une loi est le moyen de mettre fin à des mouvements sociaux. Vous devez vous mettre autour de la table et faire des compromis », a-t-il déclaré dans son discours de rentrée.

Le gouvernement dit vouloir laisser syndicats et employeurs discuter pour définir ces « niveaux de sécurité minimum ». Parallèlement, le gouvernement a annoncé son intention « d'inviter » les syndicats pour « des discussions honnêtes et constructives » sur l'évolution des salaires pour l'année à venir. Rishi Sunak a aussi affirmé que la porte était « toujours ouverte » pour dialoguer mais que ces discussions devaient être basées sur ce qui est « raisonnable » et « abordable » financièrement pour le pays. Jusqu'à présent, le gouvernement refuse les hausses de salaires réclamées par les syndicats.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/01/2023 à 0:21
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