« Les Palestiniens ne peuvent même plus appeler les ambulances » (Guillemette Thomas)

Alors que l'intervention des forces israéliennes s'intensifie à Gaza, Guillemette Thomas, coordinatrice de la mission médicale de la mission Palestine pour MSF répond aux questions de La Tribune Dimanche.
Robert Jules
(Crédits : VIOLETA SANTOS MOURA)

LA TRIBUNE DIMANCHE- Quels contacts avez-vous avec vos équipes à Gaza ?

GUILLEMETTE THOMAS- Les communications sont totalement coupées avec la bande de Gaza, nous sommes très inquiets pour la sécurité de nos équipes internationales et nationales avec qui nous avons perdu le contact depuis vendredi 20 heures. Cette situation nous empêche de coordonner nos activités sur le terrain pour aider la population. C'est donc une double inquiétude, sécuritaire et opérationnelle.

L'ONU a appelé à une trêve humanitaire...

Je ne vois aucune intention du côté israélien de permettre un accès humanitaire sécurisé aux populations, même s'il faut continuer à travailler dans ce sens-là.. Je peux affirmer que les bombardements incessants sont d'une violence inouïe. Et on ne perçoit aucune accalmie. MSF appelle à un cessez-le-feu pour acheminer massivement l'aide humanitaire, car les quelques camions qui sont entrés ne représentent qu'une aide dérisoire face aux besoins.

Comment va évoluer la situation ?

Aujourd'hui, la situation sanitaire est déjà catastrophique, avec un flux incessant de blessés. Nous le crions haut et fort depuis des semaines. Les civils victimes de ce conflit ont un accès extrêmement limité aux hôpitaux mais aussi aux soins de santé primaires, pour les femmes enceintes, les enfants ou encore les patients ayant des maladies chroniques. L'état de santé de la population va se dégrader extrêmement vite. Et la situation ne peut qu'empirer avec l'intensification des bombardements et le renforcement du blocus qui s'étend aux moyens de communication. Aujourd'hui, les Gazaouis ne peuvent même plus appeler des ambulances pour leur venir en aide alors que de nombreuses victimes se trouvent dans les décombres et que nous sommes empêchés de travailler.

Combien de personnes travaillent pour vous, justement ?

Deux cents Palestiniens sont employés sur place par MSF, et 22 personnels internationaux. Aujourd'hui, seules nos équipes nationales sont en mesure de continuer à travailler. Nous n'avons pas réussi à faire sortir notre personnel international qui le souhaite depuis plusieurs semaines, mais nous demandons également à faire entrer des équipes, notamment chirurgicales. Deux sont en attente du côté égyptien, car nous voulons continuer à aider la population gazaouie. L'impasse est totale, avec peu de perspectives à l'horizon. ■

Je ne vois aucune intention du côté israélien de permettre un accès humanitaire aux populations

Robert Jules
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