Les prix du pétrole franchissent les 110 dollars le baril, un record depuis 2013

Les prix du pétrole ne s'arrêtent pas de croître : le Brent dépassait 110 dollars le baril (111,20 dollars mercredi matin) tandis que le WTI prenait 6,01% à 109,60 dollars. La veille, pour calmer les cours, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) annonçait que les pays membres de l'OCDE allaient puiser dans leurs stocks stratégiques pour mettre 60 millions de barils sur le marché.
Extraction de pétrole en république du Tatarstan, en Russie.
Extraction de pétrole en république du Tatarstan, en Russie. (Crédits : Reuters)

Au sixième jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le prix du baril de pétrole de WTI américain s'est embrasé jusqu'à plus de 11%, et celui de Brent, la référence européenne de l'or noir, à plus de 9%, propulsés par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou, de plus en plus nombreuses et sévères. Les deux références de l'or noir ont ainsi atteint mercredi de nouveaux sommets inédits depuis 2013 : 111,20 dollars à 08H55 GMT, tandis que le WTI prenait 6,01% à 109,60 dollars après être avoir franchi un temps le seuil des 110 dollars, un record depuis 2013. Le WTI n'avait plus connu une telle flambée de ses prix en une séance depuis mai 2020.

Mardi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a cependant annoncé que ses pays membres allaient libérer 60 millions de barils de pétrole tirés de leurs réserves stratégiques pour stabiliser le marché. Une décision qui doit "envoyer un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu'il n'y aura pas de pénurie d'offre résultant de l'invasion russe en Ukraine", écrit l'AIE dans un communiqué.

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La guerre s'envenime

Toutefois, l'annonce n'a pas freiné l'envolée des cours, au contraire. En fin d'après-midi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, était en hausse de 9,58% à 107,36 dollars, et le WTI américain pour livraison en avril s'envolait de 11,21% à 106,45 dollars.

Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan a été convoquée vendredi au siège de l'Alliance à Bruxelles. "La guerre en Ukraine s'envenime et les hostilités entre l'Occident et la Russie s'intensifient", souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb, entraînant un "risque élevé" de perturbations de l'approvisionnement en brut et en gaz naturel.

Le cours d'Aramco s'envole

Dans le même temps, les actions du géant pétrolier saoudien Aramco ont atteint mercredi un niveau record depuis son entrée en Bourse fin 2019. L'action s'échangeait mercredi à 42,9 ryals (environ 10,3 euros) à Ryad, selon le site de la Bourse de l'Arabie saoudite, première exportatrice de brut au monde et actionnaire majoritaire d'Aramco.

Nouvelles sanctions en préparation

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'Union européenne. "La question des sanctions directes sur les exportations de pétrole et de gaz de la Russie est une question de temps et non de probabilité", estime Neil Wilson, analyste pour Markets.com.

"Nous allons à coup sûr" prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, a prévenu mardi le chancelier allemand Olaf Scholz, qui devraient notamment cibler l'énergie.

Par ailleurs, "le monde des affaires construit une forteresse pour isoler la Russie de la communauté internationale", commente Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown. Les entreprises du monde entier répondent à la Russie "en gelant les transactions avec Moscou et en abandonnant des investissements financiers valant des milliards", poursuit-elle.

Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, en raison de l'invasion russe en Ukraine, suivant l'exemple de son compatriote BP qui se désengage du géant russe Rosneft. Le français TotalEnergies a quant à lui annoncé mardi qu'"il n'apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie".

Perturbations dans les livraisons

L'armateur français CMA CGM a annoncé la suspension des nouvelles commandes en provenance et à destination des ports russes, emboîtant le pas à ses principaux concurrents Maersk et MSC.

De quoi engendrer "une perturbation des expéditions en provenance de Russie avec des annulations de réservations de cargaisons", avec pour conséquence une augmentation des prix de l'énergie "à court terme, sans que la Russie ne ferme les robinets", ajoute Susannah Streeter.

Les pays occidentaux ont également décidé d'exclure de grandes banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé samedi le gouvernement allemand.

Moscou tente de son côté d'enrayer les sanctions économiques et prépare un décret pour enrayer l'hémorragie d'investissements étrangers qui a commencé depuis l'annonce des sanctions. "Les craintes que la Russie ne riposte en utilisant ses exportations d'énergie comme une arme maintiennent les prix du pétrole et du gaz à un niveau élevé", assure Susannah Streeter.

Commentaires 2
à écrit le 02/03/2022 à 6:50
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Le brent frole les 100 euros, c'était jamais arrivé, presque 95 grand max entre 2011 et 2014. Bientôt le GO a 2 euros. Je me demande si je vais pas le couper a l'huile de tournesol, j'en ai choppé récemment a 1.69, pas de grosse économie a faire mais...

à écrit le 01/03/2022 à 19:51
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Etats Unis et Russie gagnent beaucoup d'argent en ce moment c'est pour ceci qu'il est indispensable de rester mesurer et prudent dans ses déclarations.

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