Macron de retour à Beyrouth pour une difficile rencontre avec les neufs partis politiques libanais

Pour ce deuxième déplacement en moins d'un mois, après la double explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une partie de la capitale libanaise le 4 août, faisant au moins 188 morts et plus de 6.500 blessés, Emmanuel Macron fait un "pari risqué", reconnaît-il lui-même : il voudrait aller vite, être efficace sans être taxé d'ingérence.
À Rabieh, au Liban, lundi 31 août, Emmanuel Macron répond aux journalistes après sa visite à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante. Mardi soir, le président français doit rencontrer les représentants des neufs partis politiques libanais, pour discuter des réformes nécessaires dans le pays et de l'aide internationale après la catastrophe du port de Beyrouth le 4 août.
À Rabieh, au Liban, lundi 31 août, Emmanuel Macron répond aux journalistes après sa visite à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante. Mardi soir, le président français doit rencontrer les représentants des neufs partis politiques libanais, pour discuter des réformes nécessaires dans le pays et de l'aide internationale après la catastrophe du port de Beyrouth le 4 août. (Crédits : Reuters)

Emmanuel Macron joue gros mardi au Liban, où il continue à faire pression sur la classe politique pour qu'elle lance de véritables réformes susceptibles de répondre à la colère des Libanais, un mois après la terrible explosion du port de Beyrouth.

Être efficace en allant vite, sans pour autant faire preuve d'ingérence: le président français s'est fixé un objectif ambitieux pour ce deuxième déplacement en moins d'un mois.

"C'est un pari risqué que je fais. J'en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j'ai: mon capital politique", a-t-il déclaré au site d'information américain Politico.

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Les Libanais sont "comme des frères pour les Français"

Cette visite au pas de course aura d'abord une dimension symbolique pour démontrer que les Libanais sont "comme des frères pour les Français", comme l'a proclamé Emmanuel Macron à son arrivée.

Et il a annoncé mardi être prêt à accueillir en octobre à Paris "une conférence internationale de soutien avec les Nations-Unies", afin de lever de nouveaux fonds pour le Liban.

"Continuer à mobiliser la communauté internationale"

"Il faut qu'on continue à mobiliser toute la communauté internationale", a ajouté le président français lors d'une rencontre avec des représentants de l'ONU et d'ONG locales impliquées sur le terrain.

La rencontre s'est déroulée sur le porte-hélicoptères Le Tonnerre, arrivé le 14 août avec 750 hommes au port de Beyrouth, dévasté par l'explosion ayant fait le 4 août au moins 188 morts et plus de 6.500 blessés.

Lire aussi : Explosion au Liban: les pertes pourraient s'élever à plus de 8 milliards de dollars

Lors de sa rencontre avec les représentants de la société civile, le président français a dressé un premier bilan des aides acheminées vers le Liban et les défis, notamment organisationnels, auxquels les ONG sont confrontées.

"80% des médicaments qui arrivent au Liban ne sont pas adaptés" aux besoins réels, a ainsi déploré Antoine Zoghbi, le président de la Croix-Rouge libanaise.

En attendant l'avènement d'un État de droit

"Le premier besoin de notre pays, c'est d'avoir un État de droit. C'est ce qui nous manque aujourd'hui. On cherche un État véritable avec des responsables. C'est le cri de nos jeunes", lui a déclaré le président de l'ONG Offre Joie et bâtonnier de l'Ordre des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf.

Après avoir rendu visite lundi soir à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante, Emmanuel Macron s'est rendu mardi matin dans la réserve naturelle de Jaj, au nord-est de Beyrouth.

Arborant un pin offert par une petite fille dont la mère est décédée dans l'explosion, il y a planté un cèdre, emblème du Liban.

Macron, Beyrouth, Liban

[Photo prise ce mardi 1er septembre: lors de la cérémonie de plantation d'un cèdre avec des membres de l'ONG Jouzour Loubnan à Jaj, près de Beyrouth, le président français sert dans ses bras Tamara Tayah, survivante de l'explosion qui dévasté le port de la capitale libanaise, le 4 août. Crédit photo : Reuters /Gonzalo Fuentes /Pool]

Une façon de marquer le centenaire de la création de l'État du Grand-Liban le 1er septembre 1920 par le général français Henri Gouraud. La Patrouille de France était mobilisée pour l'occasion et a survolé Beyrouth et la montagne libanaise aux couleurs du drapeau libanais, rouge, blanc et vert.

La classe politique libanaise décrédibilisée

Emmanuel Macron débutera ensuite la partie la plus sensible et la plus attendue de sa visite: les difficiles discussions avec les responsables politiques.

Dès lundi soir, il a appelé à la mise en place d'un "gouvernement de mission" au "plus vite" quelques heures après la nomination d'un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib. Cet universitaire de 48 ans, jusqu'alors ambassadeur en Allemagne et inconnu du grand public, part avec le handicap d'avoir été choisi, comme ses prédécesseurs, par les forces politiques traditionnelles. Ce qui le décrédibilise d'entrée aux yeux d'un grand nombre de Libanais qui jugent cette classe politique responsable de leurs malheurs, et notamment du drame du 4 août.

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Face aux demandes de changement, Emmanuel Macron a évoqué "la dernière chance de ce système", dans son entretien à Politico.

Dans un signe de la volonté des autorités de lutter contre la corruption, le ministre des Finances démissionnaire, Ghazi Wazni, a signé mardi des contrats avec les cabinets KPMG, Oliver Wyman et Alvarez & Marsal pour l'audit juricomptable de la Banque du Liban, une demande pressante du Fonds Monétaire International et de la France.

Lire aussi : Corruption, dévaluation, absence de réformes: les maux qui agitent le Liban depuis près d'un an

La rencontre avec les neuf partis politiques s'annonce difficile

Le président français réunira mardi en fin de journée les représentants des neuf forces politiques à la résidence des pins, celle de l'ambassadeur de France, comme il l'avait fait le 6 août.

Parmi ces forces, figure le puissant mouvement chiite du Hezbollah, avec lequel de nombreux pays occidentaux, parmi lesquels les Etats-Unis, refusent tout contact en raison notamment de ses liens avec l'Iran et ses activités "terroristes".

Mais Emmanuel Macron défend sa stratégie de "parler à tout le monde", dont le Hezbollah, "une force politique qui est représentée au parlement", tout en disant "désapprouver" une partie du "projet" politique de ce mouvement.

Commentaires 7
à écrit le 02/09/2020 à 14:52
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J'aime beaucoup le Liban et les libanais. Mais est-ce franchement une priorité actuellement pour la France, qui fait que Mr Macron s'y précipite ? j'en doute fort ! de plus Mr Macron oublie (encore) une chose: Le Liban est une zone d'influence syrien...

à écrit le 02/09/2020 à 6:17
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Ce detraque aime prendre dans ses petits bras muscles. Cet "accord" va voler en eclat des la premiere escarmouche entre factions rivales.

à écrit le 01/09/2020 à 23:53
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il va proposer C Ghosn comme ambassadeur de France .

à écrit le 01/09/2020 à 16:53
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C'est l'exemple type: Quand on est pas maître chez soi, on veut s'imposer chez les autres! Question crédibilité!

à écrit le 01/09/2020 à 15:40
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en France il est incapable de gerer les communautés (tribus) d'arreter une rave party de protéger les champs Elysées et il veut dire au Liban comment faire ,c'est aberrant !

le 01/09/2020 à 21:49
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en effet les zones de non droit dans plusieurs villes ! les communautée des gens du voyages ..

à écrit le 01/09/2020 à 15:20
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Mettre le Liban sous administration kurde, mais idée qui ne profitera à aucun des riches du pays et du monde, du coup idée qui ne sera même pas effleurée par ne serait-ce qu'un neurone. Mais à force d'écarter sans arrêt les meilleurs idées...

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