Malgré le rebond de l'inflation, la Fed maintient ses taux inchangés et écarte une hausse

La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux inchangés à l'issue de sa dernière réunion, faisant état d'« absence de progrès » récents sur le front de l'inflation, mais a annoncé qu'elle commencerait en juin à réduire moins vite le volume d'actifs à son bilan.
Jerome Powell, président de la Fed
Jerome Powell, président de la Fed (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux d'intérêt inchangés entre 5,25 et 5,50%, une fourchette au sein de laquelle ils évoluent depuis juillet. En cause : l' « absence de progrès » récents sur le front de l'inflation, le Comité de politique monétaire (FOMC) précisant que « ces derniers mois, il y a eu une absence de progrès supplémentaires vers l'objectif du Comité de 2% d'inflation ».

Depuis janvier en effet, alors la trajectoire de la hausse des prix était sur la bonne voie pour atteindre progressivement l'objectif de 2%, elle est repartie à la hausse, à 2,7% sur un an en mars, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, et à 3,5% selon l'indice CPI. Un rebond qui contraste avec l'Europe, où le net ralentissement de l'inflation conduit la Banque centrale européenne (BCE) à envisager une baisse des taux dès juin.

Wall Street en hausse

Pour autant, pas question d'augmenter les taux. Lors d'une conférence de presse, le patron de la Fed, Jerome Powell, a en effet écarté la possibilité d'une prochaine hausse des taux d'intérêt. Pour lui, il est « peu probable que le prochain mouvement sur les taux soit une hausse », et il faudra sans doute « plus de temps que prévu » avant d'avoir confiance dans la baisse de l'inflation.

De quoi rassurer les investisseurs. Vers 19H10 GMT, le Dow Jones grimpait de 1,30% et le Nasdaq de 1,46%. Selon Jerome Powel, la politique monétaire est « suffisamment restrictive » sur la durée. Les taux obligataires à dix ans se détendaient à 4,61% au lieu de 4,68% la veille.

La Réserve fédérale marque cependant un début d'assouplissement de politique monétaire : elle a en effet annoncé mercredi qu'elle réduira moins vite à partir de juin, le volume d'actifs à son bilan. Le portefeuille de la Fed avait grossi pendant la pandémie, lorsqu'elle massivement acheté des titres, inondant le marché de liquidités pour maintenir le fonctionnement du système financier.

Puis, parallèlement aux hausses de taux destinées à lutter contre l'inflation, elle avait cédé des titres, réduisant son portefeuille de 1.500 milliards de dollars.

L'activité manufacturière ralentit plus vite que prévu

Ces annonces interviennent alors que l'activité manufacturière aux Etats-Unis a ralenti plus qu'attendu au mois d'avril, se contractant de nouveau sous l'effet combiné d'une baisse des commandes et de l'emploi, selon les données publiée mercredi par la fédération professionnelle ISM.

L'indice mesurant cette activité s'est établi à 49,2% sur le mois écoulé, contre 50,3% au mois de mars, qui avait marqué le premier mois de progression de l'activité après 16 mois consécutifs de contractions. Il repasse ainsi en-dessous de la barre des 50%, en-deçà de laquelle l'activité est en contraction. L'indice est par ailleurs inférieur aux attentes des analystes, qui anticipaient une légère baisse mais un indice à l'équilibre à tout juste 50%, selon le consensus publié par briefing.com.

« La demande est en léger ralentissement, ce qui se matérialise par un repli des commandes, même si les entreprises interrogées font preuve d'optimisme dans leurs commentaires », a détaillé le responsable de l'enquête pour ISM, Thimothy Fiore, cité dans le communiqué.

« La demande reste aux premiers stades de la reprise, avec des signes persistants d'amélioration des conditions. (...) Parmi les six principaux secteurs contribuant au PIB industriel en avril, aucun n'a un indice PMI en dessous de 45% », a-t-il ajouté. Un indice PMI sous les 45% est considéré par les professionnels comme un signe de faiblesse de l'activité dans un secteur.

L'industrie manufacturière souffre depuis bientôt deux ans des hausses de taux décidées par la banque centrale - la Fed - pour faire baisser la forte inflation. Rendre le crédit plus onéreux fait en effet baisser la demande. D'autant plus que les consommateurs étaient également contraints dans leur pouvoir d'achat par les prix élevés.

Des créations d'emplois supérieurs aux attentes

Mais la solidité du marché de travail autorise à maintenir les taux élevés. Les entreprises du secteur privé aux Etats-Unis ont en effet créé plus d'emplois que prévu en avril, mais moins qu'en mars, un chiffre publié également ce mercredi. En avril, 192.000 emplois privés ont été créés, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi. Cela marque un ralentissement par rapport à mars, mois pour lequel les créations d'emplois ont été révisées en hausse, à 208.000 au lieu de 184.000 initialement annoncé. Les analystes, eux, tablaient sur 183.000, selon le consensus de Market Watch.

« Tous les secteurs ont embauché en avril », a déclaré Nela Richardson, économiste en chef d'ADP, précisant que « seul le secteur de l'information - télécommunications, médias et technologies de l'information - a montré une faiblesse, affichant des pertes d'emplois et le plus faible rythme d'augmentation des salaires depuis août 2021 ».

Quant à la hausse des salaires, elle est restée stable par rapport à mars pour ceux qui n'ont pas changé d'emploi (+5% sur un an), mais a chuté à 9,3% (contre 10,1% en mars) pour ceux qui ont changé d'emploi.

Les chiffres officiels de l'emploi en avril aux Etats-Unis seront publiés vendredi, un ralentissement des créations d'emploi par rapport à mars est attendu, à 240.000, et le taux de chômage devrait lui rester stable à 3,8%, selon le consensus de Market Watch.

Les créations d'emplois avaient largement dépassé les attentes en mars, et 303.000 emplois avaient été créés, en hausse par rapport à février. Le taux de chômage avait quant à lui légèrement reculé.

Commentaires 3
à écrit le 02/05/2024 à 14:16
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Plus question de la baisse dont on nous parlait tant pendant des mois.

à écrit le 02/05/2024 à 7:32
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Faut quand même qu'on nous explique pourquoi les riches veulent que leurs milliards valent moins. Un système de déments fait par les déments pour les déments. L'empire des radins.

à écrit le 02/05/2024 à 3:39
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"La Réserve fédérale marque cependant un début d'assouplissement de politique monétaire : elle a en effet annoncé mercredi qu'elle réduira moins vite à partir de juin, le volume d'actifs à son bilan." En d'autres termes la Fed va prolonger la bu...

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