BCE : la baisse des taux ne sera pas liée à la décision de la Fed, assure Christine Lagarde

En déplacement à Washington, la présidente de la BCE a précisé que la politique monétaire européenne ne se reposait pas sur celle de la banque centrale américaine, notamment concernant la baisse des taux.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a affirmé ce mardi à Washington que la BCE ne se coordonnait pas avec la politique monétaire de la Fed.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a affirmé ce mardi à Washington que la BCE ne se coordonnait pas avec la politique monétaire de la Fed. (Crédits : LOUIZA VRADI)

« Dépendante des données mais pas de la Fed ». La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a affirmé ce mardi à Washington que la BCE ne se coordonnait pas avec la politique monétaire de la Fed, la banque centrale américaine, en termes de calendrier de baisses des taux notamment.

« Nous sommes dépendants des données. Nous en avons eu en mars et un peu en avril. C'est sur cette base que nous devons prendre nos décisions et non sur la base d'une banque centrale dans le monde, dût-elle être la Fed », a affirmé la patronne de la BCE.

Sans s'engager sur une date concernant une prochaine baisse de taux, Christine Lagarde a redit observer en zone euro « un processus de désinflation ». « On a besoin d'avoir confiance dans ce processus, mais si cela continue dans le sens prévu, si on ne fait pas face à un choc majeur, on se dirige vers le moment où on doit modérer la politique monétaire restrictive », a-t-elle déclaré.

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Inflation plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis

La banque centrale de la zone euro pourrait, en effet, baisser ses taux d'intérêt avant la Réserve fédérale américaine en raison d'une inflation plus tenace aux Etats-Unis. L'inflation en zone euro a reflué à 2,4% sur un an alors qu'aux Etats-Unis, selon l'indice CPI, elle s'est remise à accélérer à 3,5%, semblant repousser à plus tard un début de baisse des taux d'intérêt américains.

Interrogée sur les raisons qui expliquent l'actuel différentiel d'inflation entre les Etats-Unis et l'Europe, Christine Lagarde a mis en avant « le comportement du consommateur ». « La grosse différence, c'est l'attitude du consommateur : les consommateurs européens sont très prudents et continuent d'épargner considérablement », a souligné la responsable. « Pourquoi cela ? Cela tient à la politique budgétaire, à l'énergie, mais aussi au fait que les consommateurs américains ont tendance à avoir confiance, à dépenser et à moins épargner », a-t-elle affirmé.

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Vers une baisse des taux de la BCE en juin ?

La présidente de la BCE a toutefois averti que la route vers une inflation qui se maintient durablement à 2%, l'objectif de l'institution monétaire, va être « cahoteuse ». Lors de la dernière réunion mensuelle, jeudi dernier, la BCE a encore maintenu ses taux au plus haut depuis 1999, soit 4% pour le taux de dépôt, 4,5% pour le taux de refinancement et 4,75% pour le taux de facilité de prêt marginal.

De nombreux analystes parient néanmoins désormais sur une prochaine baisse en juin, période également évoquée par la présidente de la BCE. Le gouverneur de la Banque centrale de Lituanie, Gediminas Simkus, a même affirmé qu'il y avait une forte probabilité pour « qu'il y ait plus de trois baisses de taux cette année ». C'est la première fois qu'un banquier central s'avance à ce point sur une baisse des taux.

Quid de la Fed ?

Aux Etats-Unis, l'horizon sur une baisse des taux rapide s'obscurcit de plus en plus. En effet, la banque centrale américaine (Fed), qui avait relevé ses taux pour lutter contre l'inflation, risque d'attendre avant de les abaisser, afin d'éviter un rebond supplémentaire des prix. Les acteurs du marché, qui anticipaient encore récemment une première baisse lors de la réunion de juin, tablent désormais plutôt sur celle de septembre, selon l'évaluation de CME Group.

Dernièrement, un responsable de la Fed a indiqué que l'institution monétaire américaine pourrait même se contenter que d'une seule baisse cette année, alors que les marchés en espèrent au minimum deux, voire trois. Et pour cause, lors de leur dernière réunion, le 21 mars dernier, les membres du comité de la Fed (FOMC) avaient annoncé tabler sur trois baisses des taux de 0,25 point de pourcentage cette année. Un chiffre en baisse par rapport à la précédente réunion en décembre à l'issue de laquelle ils avaient évoqué trois ou quatre baisses afin de ramener les taux à 4,6% à la fin de 2024. Pour rappel, ils se situent toujours dans une fourchette de 5,25 à 5,50%.

Interrogé sur la chaîne CNBC, le président de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, a donc noirci davantage le tableau. « Les bonnes performances de l'économie en 2023 m'avaient amené à penser qu'on pourrait bouger plus tôt. Mais l'inflation a désormais une trajectoire plus accidentée et je pense que nous allons devoir attendre pour voir comment les choses évoluent », a-t-il expliqué.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 17/04/2024 à 10:16
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Tout comme je l'ai encore précisé par mon post sous le billet concernant l'Italie et son inflation, non seulement la conception de l'Union économique et monétaire (UEM) est un bricolage, mais la BCE demeure surtout un coucou boîteux qui mérite des ad...

à écrit le 17/04/2024 à 8:54
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"Viendez chez nous nous ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant sommes bien moins raisonnables que les américains !" Bienvenu en UERSS empire prévu pour durer mille ans.

à écrit le 17/04/2024 à 8:27
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Dans une économie européenne en souffrance une baisse des taux ferait peut être une amélioration de le croissance européenne mais surtout un montée du dollar et par ricochet une envolée des prix des hydrocarbures dont le pétrole et donc une pénalisat...

le 17/04/2024 à 10:38
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elle ne fait que de justifier sa remuneration lors de son passage a bercy la france n'a pas eu la prosperite prevu pas plus que le reste qui a suivi alors les lecons la morale vous allez voir ailleurs

à écrit le 16/04/2024 à 20:00
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[Nous sommes dépendants des données. Nous en avons eu en mars et un peu en avril. C'est sur cette base que nous devons prendre nos décisions et non sur la base d'une banque centrale dans le monde, dût-elle être la Fed] Euh, quel sacré recul, tout d'a...

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