Microprocesseurs : Washington veut une alliance avec le Mexique pour contrer l'Asie

Les Etats-Unis ont invité le Mexique à rejoindre leur grand projet à 50 milliards de dollars pour soutenir la production de micro-processeurs en Amérique du Nord face à l'Asie. Le Mexique y est favorable tant « cela signifie des emplois pour le pays ».
Le Mexique se dit prêt à collaborer avec les Etats-Unis pour la production de semi-conducteurs en Amérique du Nord, voulue et poussée par Joe Biden. Les deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés à Washington le mois dernier.
Le Mexique se dit prêt à collaborer avec les Etats-Unis pour la production de semi-conducteurs en Amérique du Nord, voulue et poussée par Joe Biden. Les deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés à Washington le mois dernier. (Crédits : Tomas Bravo)

En visite à Mexico, le secrétaire d'Etat Antony Blinken a invité le gouvernement mexicain à tirer profit du « Chips Act and science », une loi tout juste signée par le président Joe Biden qui prévoit de gros investissements, 50 milliards de dollars, pour faire face à la concurrence de l'Asie en matière de micro-processeurs ou semi-conducteurs. Antony Blinken a indiqué que l'objectif était de « développer une chaîne d'approvisionnement bien plus résiliente » face à la domination des pays asiatiques. « Des éléments essentiels de la chaîne de production des semi-conducteurs sont déjà bien installés au Mexique », a-t-il déclaré en citant le nom de l'entreprise Intel.

Le Mexique prend les Etats-Unis « au mot », a répondu le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard lors d'une conférence commune. « Cela signifie plus d'emplois pour le Mexique » , a-t-il espéré à l'issue d'une réunion « économique de haut niveau » entre les deux pays. Fin août, le pays reconnaissait qu'il avait besoin d'investisseurs privés pour l'exploitation de ses réserves de lithium, que le gouvernement de gauche a nationalisées avec la création d'une entreprise d'Etat. « On n'aura pas les moyens pour que ce soit seulement public. On a besoin de pas mal d'investissements », déclarait alors Andres Manuel Lopez Obrador.

De son côté, Joe Biden, soucieux de consolider la souveraineté économique américaine, vient d'inaugurer le chantier d'une usine de semi-conducteurs dans l'Ohio, estimant que la fabrication de ces composants électroniques de plus en plus perfectionnés était une question de « sécurité nationale », notamment face aux ambitions chinoises. Mercredi, le président américain doit aussi rendre public son plan de soutien à la filière des véhicules électriques, lors d'une visite à Détroit, sur fond de campagne électorale, alors qu'approchent les législatives de mi-mandat en novembre.

Un contentieux en cours entre les deux pays sur la réforme énergétique menée par le Mexique

Le Mexique est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis avec quelque 725 milliards de dollars d'échanges en 2021, selon des chiffres officiels. Manuel Lopez Obrador a déjà rencontré Joe Biden en août à Washington après avoir snobé en juin le Sommet des Amériques à Los Angeles au motif que Cuba, le Venezuela et le Nicaragua n'avaient pas été invités. Les deux pays vont célébrer en fin d'année le bicentenaire de leurs relations bilatérales.

La proposition formulée par les Etats-Unis permet surtout aux deux Etats de dépasser leur contentieux sur la réforme énergétique lancée par le Mexique. En juillet, les Etats-Unis, rejoints par le Canada, ont dénoncé cette réforme dans le cadre du traité de libre-échange entre les trois pays. Washington estime que la volonté du président Andres Manuel Lopez Obrador de renforcer les entreprises publiques mexicaines menace les investissements étrangers et les énergies renouvelables. Antony Blinken a rappelé que cette question serait réglée dans le cadre du traité et de son mécanisme de résolution des conflits. Ces discussions font partie de « n'importe quelle relation commerciale, même entre partenaires les plus proches », a-t-il relativisé.

Drogue et migration ont aussi été abordées lors de cette visite

Au-delà des enjeux économiques, les représentants des deux pays ont aussi évoqué lors de cette visite américaine au Mexique « la menace partagée de la production et du trafic de fentanyl », une drogue de synthèse qui fait des ravages aux Etats-Unis. Antony Blinken et le président mexicain ont également parlé d'une migration « sécurisée, ordonnée, à visage humain », et de  « leurs efforts conjoints pour lutter contre la crise climatique et les énergies renouvelables ». Le secrétaire d'Etat a aussi évoqué « les efforts régionaux pour soutenir les Haïtiens » et la coopération du Mexique et des Etats-Unis pour rendre les Nations unies plus « efficaces ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/09/2022 à 17:57
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Si j'ai bien compris les américains vont payer 50+ milliards d'impôts supplémentaires pour relocaliser la production de semi-conducteurs au Mexique pendant que des millions de jeunes américains diplômés et surendettés feront la manche dans la rue....

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