Pétrole : l'Opep+ sous pression avec l'accélération de la baisse des cours

Le recul des cours de l'or noir fait craindre une accélération de la baisse des cours sur fond d'inquiétudes sur la conjoncture internationale et de l'absence de forte reprise de la demande pétrolière chinoise. Une configuration qui va compliquer la réunion de l'Opep+ dimanche avec la divergence de vues entre Riyad tentée par une nouvelle baisse de l'offre et Moscou qui se satisfait d'un statu quo.
Robert Jules
(Crédits : Dado Ruvic)

L'évolution du marché pétrolier risque de donner des maux de tête aux représentants des pays membres du partenariat l'Opep+ qui se réunissent samedi et dimanche prochains pour analyser la situation et statuer sur le niveau de leur offre. Mardi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a chuté lourdement, de 4,58%, 73,54 à dollars. Celui du baril de West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, pour la même échéance a perdu 4,41%, à 69,46 dollars. Sur un mois, le recul s'affiche respectivement à plus de 8,1% et de plus de 8,9%, et sur un an la baisse est encore plus spectaculaire, -35% et -38%. Ce mercredi, dans la matinée, les cours continuaient leur baisse, de quelque 1%, le baril de Brent autour de 72,9 dollars et celui du WTI autour de 68,9 dollars.

Dégradation de la conjoncture économique chinoise

Visiblement les investisseurs sur les marchés à terme ne voient pas poindre une hausse des besoins pétroliers mondiaux. Non sans raison, car c'était le retour de la demande chinoise qui devait soutenir les cours de l'or noir en 2023, avec la fin de sa politique « zéro Covid » en novembre 2022 et la reprise de l'activité économique. Or, ce n'est pas ce qui est constaté. Pire, l'indice manufacturier publié aujourd'hui par le Bureau national des statistiques chinois est tombé en mai de façon inattendue au plus bas depuis cinq mois à 48,8 points, signalant en étant sous le seuil des 50 points une contraction de l'activité. C'est le deuxième mois de recul après les 49,2 d'avril. Une contre-performance qui s'explique par la faible demande mondiale mais aussi locale. Le pays doit faire face à la conjugaison de plusieurs crises - un secteur immobilier surendetté, une confiance des consommateurs en berne - ainsi qu'à des problématiques plus globales comme l'inflation, la menace d'une récession généralisée et les tensions géopolitiques avec les États-Unis.

Même l 'indicateur d'activité non-manufacturier, qui intègre notamment les services, a baissé à 54,5 contre 56,4 en avril. Des statistiques qui rendent de plus en plus difficile pour le gouvernement chinois d'atteindre sa prévision de croissance de 5% pour cette année, pourtant un des plus faibles taux depuis le début des années 2000.

Par ailleurs, les marchés financiers étaient préoccupés par l'absence d'accord entre élus démocrates et républicains sur le relèvement du plafond de la dette publique qui risque de perturber l'économie aux Etats-Unis, si de nombreux services de l'administration ferment.

La hausse des cours la semaine dernière aura donc été de courte durée. « L'avertissement du ministre saoudien de l'Énergie concernant la vente à découvert des prix du pétrole a soutenu les cours la semaine dernière, cependant, les préoccupations macroéconomiques plus larges, l'incertitude autour de l'accord de plafond de la dette américaine et la possibilité d'une poursuite de la hausse des taux aux États-Unis ont pesé sur le sentiment des investisseurs », explique Ewa Manthey, analyste sur les marchés des matières premières chez ING.

L'Arabie saoudite est préoccupée par une baisse des prix sous les 80 dollars le baril, préjudiciable à ses revenus. Une divergence est d'ailleurs apparue entre les deux poids lourds du partenariat Opep+, la Russie affirmant que le statu quo prévaudrait lors de la prochaine réunion sur l'offre après la réduction surprise il y a plus d'un mois de plus de 1 million de barils par jour (mb/j).

La Russie n'a pas réduit sa production de 500.000 b/j comme annoncé

Mais Riyad n'a pas caché que l'option pourrait être différente d'autant plus que l'Arabie saoudite reproche à la Russie de ne pas avoir appliqué la réduction de 500.000 b/j qu'elle avait annoncée, après l'imposition des sanctions occidentales plafonnant le prix de vente de son baril de brut à 60 dollars. Malgré le déni de Moscou, la Russie profite de ses parts de marché d'autant que la baisse des cours n'impacte pas ses ventes au rabais, notamment en Chine et en Inde, au détriment de l'Arabie saoudite qui était jusqu'à récemment le principal fournisseur de ces pays et dans l'ensemble de la région asiatique.

En avril, les exportations russes de pétrole étaient en hausse de 50.000 b/j, atteignant 8,3 mb/j, soit le niveau le plus élevé depuis l'invasion de l'Ukraine, note l'Agence internationale de l'énergie (AIE), et dont les ventes ont augmenté de 1,7 milliard de dollars pour atteindre 15 milliards de dollars sur un mois. Quant à la production russe de brut, elle restait stable par rapport au mois précédent, à 9,6 mb/j. « La possibilité d'une nouvelle réduction de la production de l'OPEP+ lors de sa réunion du 4 juin semble faible pour l'instant, mais elle ne peut être complètement exclue », indique l'analyste d'ING.

Hausse de l'offre mondiale

Par ailleurs, outre la baisse de la demande, l'offre mondiale est à la hausse, un facteur qui pèse également sur les prix. « La production a augmenté chez quelques-uns, au premier rang desquels figure la Russie. Et à un degré moindre, la production a aussi été plus élevée que prévu en Libye et en Iran. Les perspectives s'améliorent aussi légèrement au Venezuela », souligne Julien Marcilly, chef économiste de Global Sovereign Advisory.

Robert Jules

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Commentaires 3
à écrit le 01/06/2023 à 7:32
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L'inconvénient c'est que nous autres français prisonniers du président le plus gaspilleur d'argent public de la 5 ème république, 800 milliards de dette notre champion, ne constatons pas du tout la baisse du brut puisqu'à la pompe l'essence est toujo...

à écrit le 01/06/2023 à 7:23
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La Russie ca lui fait ni chaud ni froid. Il n'y a qu'a bercy que l'on croit a cette fable. Pourquoi ? Tout simplement parce que le prix de ce type de crude a extraire ne coute que 30$. Pour l'instant les clients ne manquent pas et c'est meme tout le ...

à écrit le 31/05/2023 à 17:43
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Bonjour, Je ne sais pas où vous achetez votre carburant, mais le gazole est à 1,612 € au Leclerc Nice Lingostière hier. Et Nice n'est pas la région la moins cher de France. 1,599 € dans le Morbihan à Hennebon. Cordialement

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