Pétrole : l’Arabie saoudite et la Russie coupent fortement leur production pour soutenir les cours

Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, réunis au sein de l'Opep+, sont convenus dimanche de prolonger l'accord actuel de réduction de la production de brut jusqu'à la fin du deuxième trimestre afin d'éviter une offre excédentaire. A eux deux, la Russie et l'Arabie saoudite réduisent leur production d'environ 1,5 million de barils par jour.
En novembre, l'Opep+ a accepté des réductions volontaires totalisant environ 2,2 millions de barils par jour.
En novembre, l'Opep+ a accepté des réductions volontaires totalisant environ 2,2 millions de barils par jour. (Crédits : Reuters)

Nouvelle baisse de capacité pour soutenir les prix du pétrole. Alors que la croissance économique est morose, c'est l'objectif de l'Arabie saoudite et de la Russie, les deux poids lourds de l'Opep+ des pays exportateurs de pétrole, en annonçant ce dimanche la prolongation jusqu'à juin de leur baisse de production de pétrole. Ainsi, Riyad va continuer de réduire sa production d'un million de barils par jour (bpj) pour la période d'avril à juin, a annoncé son ministère de l'Energie, cité par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA). De son côté, Moscou va réduire la voilure à hauteur de 471.000 barils quotidiens, portant à la fois sur la production et les exportations.

Manne financière pour Moscou

Dans le détail, la Russie va mettre en place une baisse supplémentaire de sa production de 350.000 barils par jour en avril, 400.000 en mai et 471.000 en juin, a indiqué le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak. En ce qui concerne les exportations, la réduction portera sur « 121.000 barils par jour » en avril et « 71.000 » en mai, selon le dirigeant russe. Malgré une part moins importante dans le budget fédéral qu'avant le conflit en Ukraine, la manne financière issue de la vente des hydrocarbures reste essentielle pour Moscou au moment où son économie est tournée vers l'effort de guerre pour soutenir son assaut militaire chez son voisin. Pour autant, les recettes sont impactées par les sanctions mises en place par les pays occidentaux, qui oblige Moscou à réorienter ses exportations vers l'Asie, et notamment vers la Chine et l'Inde.

D'autres pays de l'OPEP+ baissent aussi leur production

Tant pour Riyad que pour Moscou, ces mesures s'ajoutent à la réduction de 500.000 barils par jour annoncée en avril 2023 et qui court jusqu'à fin 2024. Parmi les 23 autres membres de l'Opep+, d'autres pays, ont eux aussi annoncé prolonger leurs coupes. Les Emirats arabes unis (EAU) vont réduire leur production de pétrole de 163.000 bpj jusqu'en juin, le Koweït de 135.000, l'Algérie de 51.000 et Oman de 42.000. Le ministre irakien du Pétrole, Hayan Abdel Ghani, a confirmé aux journalistes que Bagdad prolongerait également la baisse de sa production. Cette stratégie coordonnée avait été dévoilée au printemps 2023 pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, avant d'être renforcée par l'effort supplémentaire de Moscou et Riyad.

Dans la perspective de cette nouvelle prolongation, les prix du pétrole avaient bondi vendredi, le West Texas Intermediate (WTI) américain s'élevant ponctuellement au-delà de 80 dollars, une première depuis novembre. Le baril de Brent de la mer du Nord est lui parvenu à un sommet en un mois et terminé avec un gain de 2%, à 83,55 dollars. Mais il reste loin de son éphémère envolée à près de 100 dollars fin septembre et surtout des 140 dollars atteints à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine.

Prime géopolitique

Selon les analystes, le cartel produisait jusqu'ici 6,8 millions de barils par jour de moins qu'en septembre 2022, qui avait constitué un pic post-pandémie. Sur ce total, quelque 2,2 millions de barils sont concernés par des engagements pris jusqu'à fin mars, dont un million pour les Saoudiens. S'exprimant récemment sur la reconduction probable de ces coupes, Barbara Lambrecht, de Commerzbank assurait « que le brut restera soutenu autour de 80 dollars le baril, tant que le marché intégrera une prime géopolitique » liée à la situation au Moyen-Orient.

Les perspectives de demande de pétrole sont incertaines pour cette année. L'Opep s'attend à une nouvelle année de croissance relativement forte de la demande de 2,25 millions de bpj, tirée par l'Asie, tandis que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une croissance beaucoup plus lente de 1,22 million de bpj.

Lire aussiPétrole : les Etats-Unis s'attaquent à la flotte « fantôme » de tankers russes qui permet à Moscou de contourner les sanctions occidentales

Commentaires 16
à écrit le 04/03/2024 à 21:11
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Encore un coup de bluff du cartel des rentiers du pétrole au bord de l'éclatement (cf. retrait de l'Angola) face à l'intransigeance de l'Arabie saoudite face aux petits producteurs africains mais aussi arabes.

à écrit le 04/03/2024 à 11:09
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["Pour le premier trimestre, l'OPEP+ va maintenir sa baisse volontaire de 2,2 millions b/j débuté l'année dernière. L'OPEP pourrait même la continuer jusqu'en juin 2024. Cette baisse permet de compenser la baisse saisonnière (jusqu'en été dans l'hémi...

à écrit le 04/03/2024 à 10:26
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Ce qui demeure "amusant" est que la récente décision du Trésor américain de cibler Sovcomflot, la compagnie maritime publique russe et opérateur de flotte, intervenait dans le contexte de la baisse de la décote effective à la fin de l'année dernière ...

le 04/03/2024 à 20:11
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@Raymond La manne des hydrocarbures russes diminue. Les chiffres du ministère de la Fédération concerné sont accessibles à tous. Ne pas confondre les volumes des flux de pétroles exportés et les bénéfices qu'ils engendrent. Les flux du gaz par gaz...

le 05/03/2024 à 10:03
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@Alain d. Ne pas confondre pétrole et gaz et ne pas confondre acheminement par fret maritime et par gazoduc. Côté gaz, l'Occident, surtout l'Europe - puisque les États-Unis ont déjà l'autonomie du GNL - est enfin parvenue à trouver d'autres débouchés...

le 05/03/2024 à 12:43
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"la filière de l'uranium enrichi" russe ne pèse pas très fort financièrement, quelque Md€ vers UE. Alors que les hydrocarbures pesaient des centaines de milliards chaque année. Les gains diamants et or de la Russie dans l'UE pesaient plus que l'ura...

le 05/03/2024 à 17:27
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@Alain d. ["la filière de l'uranium enrichi" russe ne pèse pas très fort financièrement, quelque Md€ vers UE] Ben voyons 🤣 alors que dans le domaine de la transformation de l’uranium, ne vous en déplaise, la Russie contrôle la moitié de la capacité d...

à écrit le 04/03/2024 à 8:19
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Alors que la croissance économique est morose" Morose est un euphémisme visiblement ! "Hé les gars au lieu de sans arrête nous donner les informations déclarées par ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant pourquoi ne pas nous expliquer ...

à écrit le 04/03/2024 à 4:35
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Excellente nouvelle, l'augmentation du prix du pétrole va faire du bien aux compagnies pétrolières et par suite à nos dividendes🥳

à écrit le 04/03/2024 à 4:34
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La frnce est un pays sans pétrole avec son indépendance énergétique mais elle n est pas aussi puissant que les états Unis d Amérique. La France est un pays,psychologiquement instable toujours au bord de la crise et de la révolution. A quoi sert de vo...

le 04/03/2024 à 11:08
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Prévoyez un gros budget pour votre assurance santé aux USA.

à écrit le 03/03/2024 à 22:18
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Et les prix en France sont toujours très hauts, merci les taxes . Ici au Japon, j'ai pu remarquer des prix entre ¥140 et ¥172 le litre soit 85cents à 1.10€.. la France a donc un problème, bon?

le 03/03/2024 à 23:23
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Vous êtes né de la dernière pluie ? Oui la France a un gros problème qui est sa dette de 3000 Milliards d'euros alimenté tous les ans par un déficit de plus de 170 Milliards d'euros pour satisfaire tous les Français qui demandent toujours plus. Elle...

le 04/03/2024 à 3:33
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en réponse à Tototiti : La dette du Japon est aussi extrêmement élevée (l'équivalent de 8500 milliards d'euros). Oui la France a un problème, elle continue de taxer, et le premier poste de dépense est... l'aide aux (grosses) entreprises. Oui surtout...

à écrit le 03/03/2024 à 22:01
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Que fait l'OMC ? Où sont les règles de la concurrence libre et non faussée ? Quelle blague !

à écrit le 03/03/2024 à 20:45
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Les producteurs hors opep vont se régaler. Les pays qui bénéficient de l'énergie nucléaire vont se régaler.

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