Pourquoi la Chine ne devrait pas rester le deuxième investisseur mondial

Pour la première fois, l'empire du Milieu se place derrière les Etats-Unis en termes d'investissements à l'étranger. Mais la nouvelle politique de Pékin en la matière contraint les multinationales chinoises à changer de stratégie.
Jean-Christophe Catalon
Les entreprises chinois ont investi 183 milliards de dollars, contre 128 milliards l'année précédente, soit une augmentation de 44%.

C'est une première. En 2016, la Chine se hisse à la seconde place mondiale des pays qui investissent le plus à l'étranger, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publié mercredi. Les entreprises chinoises ont investi 183 milliards de dollars, contre 128 milliards l'année précédente, soit une augmentation de 44%.

Cette progression est assez révélatrice de la montée en puissance des économies dites "en développement ou en transition" selon la classification du Cnuced. L'organisation onusienne note une "variation significative" des investissements directs à l'étranger (IDE) de ces pays.

A l'inverse, les IDE des pays développés ont chuté de 11% en 2016. Reste que ces économies pèsent toujours pour près des trois quarts (72%) de l'ensemble du stock d'investissements à l'étranger. Toujours indétrônables, les Etats-Unis maintiennent leur première place malgré une très légère baisse de 1%, à 299 milliards de dollars investis sur l'année.

De nouveaux marchés et des deals controversés

La Cnuced explique cette percée de la Chine par "la place qu'est en train de prendre le pays comme investisseur net à l'étranger durant l'année".

"Les multinationales chinoises ont investi à l'étranger pour gagner l'accès à de nouveaux marchés et pour acquérir des actifs qui génèrent des flux de revenus en monnaie locale."

En revanche, "la progression des investissements à l'étranger des multinationales chinoises n'a pas été sans controverse, car un certain nombre de deals a été scruté par les régulateurs à la fois chinois et étrangers", précise la Cnuced. Certaines fusion-acquisitions ont été rejetées car elles pouvaient représenter un risque pour la sécurité du pays.

 A titre d'exemple, le Comité sur les investissements étrangers (CFIUS) -une agence fédérale chargée d'assurer que les investissements étrangers ne nuisent pas à la sécurité nationale- a bloqué en décembre 2016 le rachat des activités américaines de l'allemand Aixtron, une entreprise de semi-conducteurs, par une société chinoise. Fabricant des technologies employées par l'armée, le secteur des semi-conducteurs est particulièrement protégé aux Etats-Unis.

> Lire aussi : Sigmar Gabriel presse la Chine d'appliquer des règles du jeu équitables

Les IDE non-financiers ont chuté de moitié début 2017

Enfin, cette performance chinoise pourrait bien n'être qu'éphémère car, comme le notent Les Echos, la politique de Pékin a changé en termes d'IDE. Inquiets devant la fuite des capitaux et certains projets d'acquisition controversés, le gouvernement a décidé de serrer la visse aux investisseurs.

Résultat, sur les quatre premiers mois de l'année, les IDE non-financiers de la Chine ont chuté de plus de moitié (56%), à 26 milliards de dollars, selon le ministère du Commerce chinois. Si la tendance se poursuit, on voit mal comment l'empire du Milieu pourrait parvenir à rattraper le coup d'ici décembre 2017...

Jean-Christophe Catalon
Commentaire 1
à écrit le 08/06/2017 à 15:18
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C'est logique, en ces temps de baisse constante du pouvoir d'achat des ménages et de ce fait de la consommation, la Chine, usine du monde, prend forcément de plein fouet ce phénomène et à besoin pour pallier à ce manque de revenus de conserver les ca...

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