Puces électroniques : le géant taïwanais TSMC inaugure une méga-usine au Japon

Le géant taïwanais TSMC de semi-conducteurs a inauguré ce samedi matin une méga-usine au Japon. Objectif : renforcer l'approvisionnement de puces, que le monde entier s'arrache.
(Crédits : ANN WANG)

Le géant TSMC qui concentre à lui seul plus de la moitié de la production mondiale de semi-conducteurs diversifie ses implantations. Il a inauguré ce samedi au Japon une méga-usine, la première dans l'archipel.

Inquiétudes géopolitiques

C'est sous la pression de ses clients - comme Apple et Nvidia- mais aussi des gouvernements que TSMC a décidé de s'implanter au Japon. En effet, tous sont préoccupés par l'approvisionnement en puces vitales utilisées pour les smartphones en passant par les voitures connectées ou encore les missiles et l'intelligence artificielle (IA). Et sur fond de montée des craintes d'une invasion de Taïwan par la Chine, qui considère l'île comme une province chinoise dont elle doit reprendre le contrôle, ils ont incité le groupe taïwanais de semi-conducteurs à se diversifier.

8 milliards d'euros d'investissement

La méga-usine de Kikuyo, d'un coût équivalent à 8 milliards d'euros, a été subventionnée à plus de 40% par le Japon, qui souhaite revitaliser son industrie des semi-conducteurs. Le gouvernement nippon prévoit d'ailleurs d'investir jusqu'à 4000 milliards de yens (environ 25 milliards d'euros) sur trois ans, dans le but de tripler les ventes de puces «made in Japan» d'ici 2030, à plus de 15.000 milliards de yens (plus de 90 milliards d'euros au cours actuel) par an.

Le Japon a l'avantage d'être géographiquement proche de Taïwan, et d'avoir une grande expérience dans la production de semi-conducteurs et d'être efficace: l'usine de TSMC a été achevée en seulement 22 mois. L'île de Kyushu qui concentre plus d'un tiers des entreprises de semi-conducteurs au Japon est surnommée «Silicon Island» depuis les années 1960.

Course à la souveraineté industrielle

Relancer est un pari économique mais aussi stratégique : la nouvelle installation de TSMC constitue un coup d'éclat pour le Japon, qui rivalise avec les États-Unis et l'Europe pour séduire les entreprises de semi-conducteurs avec d'énormes subventions. Cette usine a sans conteste une valeur géopolitique, puisqu'elle permet de consolider la relation politique entre Taïwan et le Japon, à un moment où Taïwan cherche à s'assurer qu'il a des alliés puissants pouvant l'aider à résister à la pression chinoise.

Tous les grands pôles occidentaux cherchent actuellement à assurer leur souveraineté industrielle dans le domaine des puces électroniques. En début de semaine, les États-Unis annonçaient 1,5 milliard de dollars de soutien au géant américain des semi-conducteurs GlobalFoundries pour dynamiser la production nationale. Selon les termes de l'accord dévoilé par le département du commerce américain, le financement vise à «renforcer la résilience de la chaîne d'approvisionnement américain, à favoriser la compétitivité américaine dans la production» des semi-conducteurs. Les fonds seront destinés à la construction de nouvelles usines et à la montée en gamme des structures existantes à New York et dans le Vermont (nord-est)).

En Europe aussi, face aux milliards de dollars investis par les Etats-Unis, plusieurs projets d'usines de puces électroniques sont à l'étude, pour diminuer la dépendance aux composants électroniques asiatiques.

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