Semi-conducteurs : face aux tensions entre la Chine et Taïwan, TSMC annonce une nouvelle usine au Japon

Le géant taïwanais qui produit 90% de ses puces sur l'île a annoncé vouloir construire une deuxième usine au Japon pour une ouverture pour 2027. Le fabricant, qui produit les trois-quarts des semi-conducteurs de pointe, souhaite diversifier sa production géographique et investit à tout-va... alors même que le secteur commence à caler.
TSMC seul injectera 5,26 milliards de dollars dans la co-entreprise JASM (Japan Advanced Semiconductor Manufacturing).
TSMC seul injectera 5,26 milliards de dollars dans la co-entreprise JASM (Japan Advanced Semiconductor Manufacturing). (Crédits : Tyrone Siu)

Voilà de quoi réduire le risque d'une mainmise de Pékin sur la production de semi-conducteurs. Le géant taïwanais Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), plus grand fabricant de micropuces sous contrat au monde, a annoncé ce mardi construire une deuxième usine au Japon. Cette annonce a été faite ce mardi avec ses partenaires nippons, juste avant l'inauguration de sa première implantation le 24 février sur l'île japonaise de Kyushu et augure une hausse de la production de puces, ces cerveaux de nos appareils électroniques utilisés dans tous les domaines, des smartphones aux missiles.

Cette nouvelle unité « est programmée pour ouvrir fin 2027 », dans la préfecture de Kumamoto comme la première, ont précisé dans communiqué commun TMSC et ses associés japonais Sony Semiconductor Solutions Corporation, l'équipementier Denso et Toyota.

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Deux usines pour 20 milliards de dollars

Au total avec la première usine, « l'investissement dépassera 20 milliards de dollars avec un fort soutien du gouvernement japonais », selon le communiqué.

Dans le détail, TSMC seul injectera 5,26 milliards de dollars dans la co-entreprise JASM (Japan Advanced Semiconductor Manufacturing) qui réunit les partenaires de ses projets au Japon et dans laquelle il est actionnaire majoritaire. Son conseil d'administration a approuvé une injection de capital, selon un communiqué séparé publié ce mardi.

De son côté, le gouvernement japonais avait indiqué l'année dernière qu'il prévoyait de dépenser 13 milliards de dollars pour stimuler la production nationale de semi-conducteurs d'importance stratégique et de technologies d'intelligence artificielle (IA). Cette enveloppe devrait donc soutenir les deux constructions, comme l'avait affirmé un responsable du ministère japonais du Commerce en novembre.

TSMC en quête de diversification géographique

Le géant taïwanais produit pour l'instant 90% de ses puces à Taïwan. Mais face au risque de voir l'île être envahie par l'armée chinoise, ce qui mettrait les usines dans les mains de Pékin, TSMC souhaite diversifier sa production. La Chine et les Etats-Unis se livrent à une féroce bataille pour la suprématie technologique mondiale, et au nom de la sécurité nationale. Les semi-conducteurs sont aussi devenus un important point de friction dans les relations difficiles entre la Chine et le Japon, qui est un allié très proche de Washington.

« Dans l'environnement actuel de mondialisation fracturé, notre stratégie consiste à étendre notre empreinte manufacturière mondiale afin d'accroître la confiance de nos clients, d'élargir notre potentiel de croissance future et d'atteindre davantage de talents internationaux », avait souligné Mark Liu, le président du groupe, le 18 janvier lors de l'annonce de la première usine au Japon.

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Conscients de la nécessité de disposer, en tout temps, de puces de pointe fabriquées au deux-tiers par TSMC à Taïwan, les Etats-Unis et l'Europe ont investi massivement dans ce marché de 534 milliards de dollars. Ainsi, en septembre, l'Union européenne a mis 43 milliards d'euros sur la table dans le cadre du « Chips Act » qui vise à doubler la production de puces sur le Vieux continent et atteindre 20% des parts de marché de l'industrie en 2030. Et cette pression des pouvoirs publics porte déjà ses premiers fruits. Cet été, TSMC a annoncé la construction à venir d'une première usine de production en Allemagne. Une annonce suivie par de nombreuses autres qui devrait doper la production de puces dans les prochaines années sur le Vieux Continent.

TSMC face au coup de frein du secteur

La société taïwanaise TSMC a annoncé en octobre que son bénéfice avait chuté d'un quart au troisième trimestre. Le géant des micropuces a indiqué que son bénéfice net avait diminué de 24,9% sur un an au cours de la période juillet-septembre à 211 milliards de dollars taïwanais (6,5 milliards de dollars), tandis que son chiffre d'affaires a chuté dans le même temps de 11% à 546,7 milliards de dollars taïwanais.

« La demande en IA [intelligence artificielle, ndlr] continue de croître de façon de plus en plus forte. Du point de vue de TSMC, nous avons une capacité limitée pour soutenir la demande », a déclaré le directeur général CC Wei lors d'une conférence téléphonique sur les résultats. « Nous travaillons dur pour accroître notre capacité à répondre à cette demande. »

À plus long terme, la série d'annonces de construction d'usines devrait fortement augmenter les capacités de production mondiale ces prochaines années. Ainsi, la production totale devrait augmenter de 9% par an dans le monde quand la demande ne devrait croître que de 7-8% selon Kepler Cheuvreux. Une dynamique qui devrait rendre les semi-conducteurs moins rares et nuire aux revenus et aux marges des fabricants.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 07/02/2024 à 15:13
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Bonjour, Je ne comprend pas ces entreprises qui investissent au Japon et en Allemagne alors qu'ils sont en train de plonger dans une dénatalité folle qui va couler ces boîtes dans les 2 décennies, et faire appel à l'immigration est de la poudre aux ...

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