Semi-conducteurs : STMicroelectronics finit dans le vert, mais entrevoit déjà une baisse des ventes

STMicroelectronics a enregistré un bénéfice net de 4,2 milliards de dollars en 2023, en progression de 6,3%. L'année du fabricant de composants électroniques a été tirée en grande partie par la forte demande de puces dans le secteur automobile, et ce dans un contexte marqué par un marché des semi-conducteurs au cœur d'un bras de fer à l'échelle mondiale. Résultat, il anticipe déjà à des baisses de vente au premier trimestre et sur l'ensemble de 2024.
STMicroelectronics prévoit une chute de son chiffre d’affaires de 15% au premier trimestre, à 3,6 milliards de dollars.
STMicroelectronics prévoit une chute de son chiffre d’affaires de 15% au premier trimestre, à 3,6 milliards de dollars. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

(Article publié jeudi 25 janvier à 11h43, mis à jour à 13h36)Après l'équipementier européen ASML la veille, c'est au tour du fabricant franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics de présenter ses résultats de l'année 2023. Selon un communiqué publié ce jeudi, son bénéfice net a progressé de 6,3% sur un an, à 4,2 milliards de dollars. Son chiffre d'affaires a lui aussi augmenté, de 7,2% pour atteindre les 17,3 milliards de dollars.

La hausse de cette année 2023 a été portée notamment par la forte demande de puces dans le secteur automobile. Et pour cause, les composants électroniques y sont aujourd'hui indispensables. Au quatrième trimestre 2023, les revenus de STMicroelectronics ont ainsi fortement augmenté dans les produits automobiles (+21,5%), profitant de l'électrification du parc automobile et de l'ajout de fonctions multimédias dans les véhicules.

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A contrario, les marchés des puces pour l'industrie et les équipements électroniques grand public (accessoires de jeux vidéo, casques 3D, chargeurs sans fil...) ont décliné à la fin de l'année 2023. Ainsi, les ventes de produits analogiques et capteurs ont chuté de -25,8%, une tendance suivie par les circuits numériques (-11,5%).

« Au quatrième trimestre, les prises de commandes de nos clients ont diminué par rapport au troisième trimestre. Nous avons continué de voir une demande finale stable dans l'automobile, une absence d'augmentation significative dans l'électronique personnelle et une nouvelle détérioration dans l'industriel », a résumé Jean-Marc Chéry, PDG de STMicroelectronics.

Si bien que le dernier trimestre s'est clos en baisse de 3,2% après une hausse de 2,5% le trimestre précédent et d'augmentations à deux chiffres sur les deux premiers de l'année. Les difficultés de la branche des produits analogiques et des capteurs se sont accentuées au fil de l'année, tout comme pour celle des circuits numériques, ce que les produits automobiles ont eu de plus en plus de mal à compenser.

L'année 2024 déjà attendue en baisse

Compte tenu de cette conjoncture, STMicroelectronics s'affiche donc prudente pour l'année 2024. Voire un peu pessimiste. L'entreprise anticipe d'ores et déjà une chute conséquente de son chiffre d'affaires de 15% au premier trimestre, à 3,6 milliards de dollars. Et pour l'ensemble de l'année, la direction indique dans son communiqué vouloir piloter la société sur la base d'un chiffre d'affaires attendu en baisse et compris « entre 15,9 milliards de dollars et 16,9 milliards de dollars », a indiqué Jean-Marc Chéry.

« C'est un cycle de retournement » du marché sur la partie industrielle, « où clairement il y a des niveaux de stocks de composants qui sont trop importants (et) un phénomène d'ajustement d'inventaires très fort », a commenté M. Chéry sur le site d'informations financières Boursorama pour expliquer ce ralentissement de la demande.

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Sans surprise, ces perspectives de croissance ont déçu les investisseurs. Elles sont même « pires que ce qu'on craignait », pour les analystes d'Oddo BHF. Si bien que l'action perdait 5,1% ce jeudi matin à l'ouverture de la Bourse, à 40,40 euros. Elle est depuis remontée à 41,12 euros vers 13h30, soit en baisse de 3,5% par rapport à la clôture de mercredi.

Par ailleurs, le groupe a annoncé, ce jeudi, vouloir investir « environ 2,5 milliards de dollars » nets cette année, a-t-il ajouté, cité dans le communiqué.

Les semi-conducteurs au cœur d'un bras de fer

Le marché des puces se retrouve désormais au cœur de tensions commerciales, particulièrement fortes entre les États-Unis et la Chine. Les premiers ont annoncé en octobre dernier la mise en place de nouvelles restrictions sur les exportations de puces d'intelligence artificielle (IA) de pointe vers la Chine. Rejoints début janvier par les Pays-Bas et le Japon. L'objectif : empêcher Pékin d'acquérir les puces les plus avancées, susceptibles d'être utilisées dans des armes et les hautes technologies. Cette dernière a d'ailleurs qualifié ces restrictions de « terrorisme technologique ».

Ce contexte de tensions fait craindre que la Chine n'introduise ses propres contrôles à l'exportation de gallium et de germanium, deux métaux rares essentiels à la fabrication de semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur. Pékin a ainsi annoncé le mois dernier qu'elle arrêterait l'exportation d'une série de technologies de traitement des métaux des terres rares. De ce fait, les États-Unis « subiraient inévitablement les conséquences de leurs propres actions », a averti le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

(Avec agences)

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