Rio 2016 : les JO riment-ils avec corruption ?

Les Jeux olympiques de Rio s'ouvrent ce soir sur fond de crise sociale, économique et politique au Brésil. Alors que tous les feux seront braqués sur la ville de Rio de Janeiro du 5 au 21 août, les premiers soupçons de corruption quant à la construction des infrastructures sont apparus. Retour sur les principales affaires de corruption liées aux JO ces quinze dernières années.
Le Carioca Arena est l'une des infrastructures des JO construite par le consortium brésilien déjà inculpé dans l'affaire de corruption Petrobras

"Nous avons eu dès le départ la grande préoccupation de contrôler le coût des Jeux", annonçait récemment Eduardo Paes, actuel maire de Rio, qui n'en finit plus de rappeler le caractère responsable et transparent du financement des JO. Charge à lui de se différencier des sulfureuses éditions précédentes, malgré les rumeurs persistantes de corruption.

Attribution rime avec malversation

Les Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City (2002) ont été les premiers à être embourbés dans une large affaire de corruption. Et une fois n'est pas coutume, le scandale éclate plusieurs années avant la tenue de l'événement sportif planétaire. Quatre ans exactement. En 1998, des membres du Comité International olympique (CIO) sont accusés d'avoir reçu des pots de vins de la part du comité de candidature pour les jeux de Salt Lake City, dans le but évident de les convaincre de donner leurs voix à la ville de l'Utah. Jean-Claude Ganga, membre congolais du CIO, s'est vu remettre 50.000 dollars en liquide afin de "développer le sport chez les jeunes en République du Congo". Une initiative somme toute louable à un détail près : la jeunesse congolaise n'a jamais vu la couleur de ces billets.

Des millions de dollars auraient été ainsi dépensés pour offrir des avantages en nature aux membres du CIO. Par la suite, quatre enquêtes indépendantes sont lancées et aboutissent à l'exclusion de dix membres tandis qu'elles en sanctionnent dix autres. Ce scandale forcera le CIO a adopter des règles plus strictes pour les futures attributions sans pour autant éclaircir véritablement le flou autour de la légalité des cadeaux reçus par les membres du comité.

Tokyo n'échappe pas à non plus à ce qui est presque devenu une règle. Une enquête du Parquet National Financier (PNF) a été ouverte en décembre dernier contre le processus de désignation de la ville nippone qui accueillera les JO en 2020. Les motifs évoqués sont corruption, blanchiment aggravé et participation à une association de malfaiteurs. D'après des révélations du quotidien britannique The Guardian un versement de 1,3 millions d'euros aurait été effectué en 2013 vers la société Black Tidings en provenance d'un compte ouvert dans une banque japonaise. Cette société appartient à Papa Massata Diack, lui même fils de Lamine Diack qui a été membre du CIO (1999-2015) au titre de président de l'Association Internationale des Fédérations d'Athlétisme (IAAF). Or ce dernier, qui avait d'abord soutenu la candidature d'Istanbul pour les jeux de 2020, aurait changé d'avis en faveur de Tokyo suite à la signature d'un contrat entre l'IAAF et un sponsor japonais. Deux affaires qui interpellent aujourd'hui la justice et font peser la suspicion sur les Jeux de Tokyo.

Des travaux aux bénéficiaires déjà bien riches

Chaque nouvelle édition rouvre la question des coûts en infrastructures qui ne cessent d'augmenter. A ce jeu là la Russie détient le record toute compétition confondue avec 37 milliards d'euros dépensés pour les JO d'hiver de Sotchi. Seulement, il semblerait que les coûts de construction des installations olympiques aient été très largement supérieurs à la norme. C'est ce qu'a constaté l'opposant russe Alexeï Navalny qui a travers un site internet dédié a regroupé tout un ensemble de données sur les dépassements de coûts et autres présumés conflits d'intérêt. Il en a tiré la conclusion qu'un tiers du budget alloué aux infrastructures aurait profité aux amis du régime Poutine. L'opposant indiquait ainsi à l'Associated Press que la Russie aurait payé "deux fois plus que nécessaire pour la construction d'au moins 10 des batiments olympiques". Une surfacturation qui aurait notamment profité au conglomérat d'Etat Olimpstrov et à la société des frères Rosenberg, tous réputés proches de Vladimir Poutine.

Rio de Janeiro, qui ouvrira ce soir la 31ème édition des Jeux olympiques, n'échappe pas non plus à la suspicion. Dans un communiqué, Leonardo Gryner, vice-président du comité local d'organisation Rio 2016, a annoncé que 60% du budget des Jeux (estimé à 10,7 milliards d'euros) avait été financé par des fonds privés dans le cadre d'un Partenariat Public-Privé. Parmi les entreprises auxquelles ont été confiées les travaux des installations olympiques, on retrouve le numéro un du BTP brésilien Odebrecht, dont le Pdg vient d'écoper de 19 ans de prison dans le cadre de l'affaire de corruption Petrobras qui a secoué le Brésil l'année dernière. Les groupes Andrade Guterriez et Carvalho Hosken, généreux donateurs de la campagne électorale d'Eduardo Paes, actuel maire de Rio, ont également eu droit à leurs parts de gâteau. Il semble donc qu'un cartel d'entreprises se soit partagé la grande majorité des projets de construction olympiques. La justice brésilienne aurait ouvert une commission d'enquête parlementaire sur le financement des jeux, mais celle-ci tarde à aboutir...

Lire aussi : Une analyse géopolitico-économique des Jeux de Rio

Commentaires 6
à écrit le 08/08/2016 à 10:15
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Du pain et des jeux, "Show must go on !" On est dans la manipulation de masse c'est un fait qui ne profite bien entendu en réalité qu'à quelques uns, toujours les mêmes. Merci pour cet article

le 21/11/2016 à 17:27
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Slt bg, Je voulè vou 2mendé pk la vi ?????????

à écrit le 06/08/2016 à 15:04
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Et au milieu de tout ce fatras les sportifs sont souvent dopés .Où sont passées les valeurs de Pierre de Coubertin?

à écrit le 06/08/2016 à 11:30
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Partout où il y a de l'argent facile à obtenir sans efforts la corruption règne en maitre, hélas. Le fond de la nature humaine n'a pas changé depuis des millénaires. Et aujourd'hui tout le monde veut sa part du gâteau ! Les jeux Olympiques sont to...

le 08/08/2016 à 10:38
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Il est vrai que la frontière avec la mafia est de plus en plus floue, même les modes d'action ne peuvent plus les distinguer puisque la mafia en quête de respectabilité a fait évoluer les siens.

à écrit le 05/08/2016 à 17:48
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Tous les évènements sportifs riment avec corruption, pots de vin, surfacturation, détournement de fonds publics, tambouille fiscale, gaspillage, dopage, triche. Ceci est les vraies valeurs du sport professionnel.

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