Royaume-Uni : Jeremy Hunt reprend les finances (et le gouvernement) en main

Appelé à la rescousse par Liz Truss sous la pression des conservateurs, le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt a immédiatement annulé le plan anti-inflation et anti-récession de sa Première ministre, dévoilé il y a moins d'un mois. Bien qu'en partie abandonné, ce "mini-budget" calamiteux fragilise les caisses publiques et impose des restrictions financières. Jeremy Hunt, qui a reçu ce soir le soutien explicite du FMI, devra néanmoins assumer ce retour à la rigueur, peu compatible avec la lutte contre l'inflation.
Le nouveau ministre britannique des Finances Jeremy Hunt.
Le nouveau ministre britannique des Finances Jeremy Hunt. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mardi 18.10.2022 à 18:58, mis à jour avec FMI à 19:31]

Jeremy Hunt n'a pas de temps à perdre. Lundi, en une allocution de cinq minutes, le Chancelier de l'Échiquier en poste depuis trois jours a balayé d'une main les mesures économiques promises par la Première ministre Liz Truss il y a moins d'un mois, lui adressant un sévère camouflet.

Sont ainsi abandonnées les baisses d'impôts sur les sociétés et les ménages, conçues par son prédécesseur Kwasi Kwarteng pour relancer l'économie. Le plafonnement des factures énergétiques des particuliers, initialement prévu pour deux ans, est recalibré à seulement six mois et ne sera ciblé que sur les plus modestes à l'avenir.

Nouvel homme fort du gouvernement

Cette arrivée tonitruante aux affaires intronise Jeremy Hunt comme le nouvel homme fort du gouvernement britannique alors que la Première ministre est en sursis. Fragilisée par la tempête financière qu'a déclenchée son "mini-budget", visée par une fronde interne des barons conservateurs, Liz Truss a été contrainte d'évincer son ancien ministre au Trésor Kwasi Kwarteng pour Jeremy Hunt.

« Par ses choix économiques contradictoires, c'est-à-dire vouloir lutter contre l'inflation et en même temps relancer la croissance, Liz Truss a montré son incompétence. Les conservateurs ont fait une erreur en la choisissant cet été pour des raisons essentiellement politiciennes quand Rishi Sunak semblait plus crédible. Avec l'entrée de Jeremy Hunt au gouvernement, ils tentent de rattraper leur erreur. Ce n'est pas quelqu'un de très charismatique, mais il est considéré modéré et compétent »dit le président de l'Observatoire du Brexit, Aurélien Antoine, qui note la riche expérience de Jeremy Hunt, partisan du maintien dans l'UE avant de se rallier au Brexit comme son parti. L'ancien entrepreneur passé par Oxford a eu la charge des JO de 2012 au gouvernement, des Affaires sociales de 2012 à 2018 et les Affaires étrangères de 2018 à 2019.

Hunt au front, Truss en retrait

Hier à Westminster, Jeremy Hunt est monté seul à la tribune pour défendre son programme économique quand Liz Truss est restée muette sur son banc, l'air contrit. Une scène aux allures de passation de pouvoir. « Je pense que Jeremy Hunt est Premier ministre de facto », a osé le parlementaire Roger Gale, un des vétérans des Tories en écho à certains appels à la démission de Theresa May dans le parti conservateur.

Plus que la personnalité qui dirige le gouvernement, la question porte surtout sur le cap économique du royaume. Les revirements se succèdent ces dernières semaines entre l'implosion du gouvernement de Boris Johnson en juillet, les promesses de Liz Truss pendant le scrutin des conservateurs, très différentes de son premier plan anti-inflation... lui-même à l'opposé des annonces de mardi. En trois mois, la livre est tombée à son plus-bas vis-à-vis du dollar et les rendements de la dette britannique ont doublé, de quoi faire flamber les taux d'emprunts des particuliers. Désormais, il faut parer au plus pressé.

Réparer les dégâts du "mini-budget" de Kwarteng

« Jeremy Hunt doit d'abord jouer le pompier de service et essayer de rétablir la situation économique telle qu'elle était avant l'annonce du "mini-budget" du 23 septembre », considère Aurélien Antoine de l'Observatoire du Brexit. Première (petite) victoire : les taux de la dette britannique à 30 ans se sont détendus de 4,8% à 4,3% à la suite du discours de Jeremy Hunt, lundi. Aujourd'hui, sa priorité est budgétaire. La publication de la trajectoire des finances publiques est aussi avancée au 31 octobre, quand Liz Truss et Kwasi Kwarteng l'avaient repoussée à fin novembre.

Grâce à l'abandon des baisses d'impôts, Jeremy Hunt revendique 32 milliards de rentrées fiscales supplémentaires par rapport aux prévisions de son prédécesseur.

Le FMI salue le retour de la "discipline budgétaire"

Problème, le "mini-budget" devrait coûter autour de 70 milliards de livres, selon les médias britanniques. A l'antenne de la BBC samedi, le Chancelier de l'Échiquier a écarté un retour de l'austérité comparable à 2010. Il a toutefois admis avec des accents churchilliens que « des décisions dures et difficiles » étaient à venir.

Ce mardi soir, le FMI a salué la "discipline budgétaire" du gouvernement britannique après les récentes annonces du nouveau ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt.

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