Le Royaume-Uni : recul du PIB en août qui ravive le spectre de la récession

Alors que le pays pouvait se féliciter de voir les risques d'une récession s'éloigner dans l'immédiat après une hausse de son produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre à 0,2% ainsi qu'en juillet (+0,1%), il est reparti à la baisse en août, reculant de 0,3%. D'autant que le PIB pourrait également reculer au troisième trimestre du fait, notamment, du jour férié supplémentaire accordé pour les funérailles de la défunte reine Elizabeth II.
Le produit intérieur brut (PIB) britannique est reparti à la baisse au mois d'août.

Le Royaume-Uni est-il en récession ? Difficile encore de trancher cette question. Seule certitude, ce scénario semble se rapprocher un peu plus tous les mois. En témoignent les chiffres du mois d'août du produit intérieur brut (PIB) britannique. S'il avait progressé de 0,1% en juillet (contre 0,2% selon une première estimation), il a reculé de 0,3% en août, a annoncé ce mercredi l'Office national des statistiques (ONS).

Ce recul de l'activité économique du pays concerne à la fois la production et les services et s'explique d'une part par « la production de pétrole et de gaz (qui) a chuté en raison d'opérations de maintenance estivales de routine plus importantes que d'habitude en mer du Nord », a détaillé Grant Fitzner, chef économiste de l'ONS, sur Twitter. D'autre part, alors que les économistes s'attendaient à une stagnation de l'activité économique, elle a aussi ralenti dans une grande partie de l'industrie manufacturière, dans la santé, les événements sportifs, mais aussi pour de nombreuses entreprises de services telles que les coiffeurs ou les hôtels.

Le risque toujours présent en septembre

« La pression sur les finances des ménages pèse encore sur la croissance », alors que l'inflation frôle les 10%, et que l'économie britannique reste « au bord de la récession », assure Yael Selfin, économiste chez KPMG. Et ce, malgré la révision à la hausse du PIB au deuxième trimestre à 0,2% alors qu'une première estimation le donnait en baisse de 0,1%, ce qui avait permis d'écarter les craintes immédiates de récession en septembre. Deux trimestres consécutifs de contraction économique constituent en effet l'une des définitions techniques classiques d'une récession.

D'autant qu'une « forte baisse du PIB » est attendue en septembre « en raison, en partie, du jour férié supplémentaire » accordé pour les funérailles de la défunte reine Elizabeth II, selon Martin Beck, économiste de EY Item Club. Ceci se traduira « probablement » par « un recul important du PIB » sur l'ensemble du troisième trimestre, selon lui. Le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport d'automne sur l'économie mardi, prévoit, lui aussi, un ralentissement marqué de l'activité économique britannique avec une croissance projetée à 3,6% en 2022 mais à 0,3% en 2023.

Panique après l'annonce du « plan de croissance » du gouvernement

« Les pays du monde entier sont confrontés à des défis en ce moment, notamment en raison des prix élevés de l'énergie » dans la foulée de la guerre en Ukraine, a réagi le Chancelier de l'Echiquier Kwasi Kwarteng dans un communiqué. Le ministre des Finances a notamment mis en avant le coûteux plan du gouvernement pour « protéger les familles et les entreprises contre la flambée des factures d'énergie cet hiver ». Le gouvernement de Liz Truss a présenté fin septembre un « plan de croissance » composé d'un colossal soutien aux factures électriques combiné à de vastes baisses d'impôts, sans que ces actions soient pleinement chiffrées ou financées.

Ce qui n'a pas manqué de semer la panique sur les marchés financiers. Si bien que, pour rassurer les investisseurs très inquiets du risque que représente l'envolée du prix de la dette pour l'économie britannique, avec un taux à dix ans qui oscille désormais autour de 4,5%, la Banque d'Angleterre est intervenue sur les marchés, fin septembre. Mais cette opération a eu pour effet immédiat de faire plonger la livre sterling face au dollar et dans une moindre mesure face à l'euro.

Le FMI a d'ailleurs mis en garde le Royaume-Uni sur les conséquences de ce plan. Selon l'institution, même s'il permet au gouvernement de doper légèrement et à court terme le PIB, il compliquera en même temps la lutte contre l'inflation vu leur ampleur et le financement prévu par emprunt, a prévenu le FMI mardi. En attendant, la Banque d'Angleterre ne parvenait pas mercredi à restaurer la confiance des investisseurs, malgré deux interventions sur le marché obligataire depuis le début de la semaine, et les taux d'emprunt à 30 ans de l'Etat s'approchaient de sommets depuis 1998.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/10/2022 à 5:16
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