Royaume-Uni : l'inflation au plus bas depuis près de trois ans, proche de la cible des 2%

L'inflation britannique a marqué un fort ralentissement en avril, tombant à 2,3% sur un an. Soit son niveau le plus bas depuis juillet 2021. S'affichant néanmoins au-dessus des prévisions, cela ne devrait pas être suffisant pour convaincre la Banque d'Angleterre de commencer à baisser ses taux.
Le recul de l'inflation en avril au Royaume-Uni est principalement dû à une chute des tarifs réglementés de l'électricité suivi par les denrées alimentaires.
Le recul de l'inflation en avril au Royaume-Uni est principalement dû à une chute des tarifs réglementés de l'électricité suivi par les denrées alimentaires. (Crédits : Isabel Infantes)

La hausse générale des prix a fortement reculé outre-Manche en avril. L'inflation s'est en effet élevée à 2,3% sur un an, contre 3,2% le mois précédent, selon les données mensuelles publiées par l'Office national de la statistique (ONS) ce mercredi 22 mai. C'est son plus bas niveau atteint depuis juillet 2021, signe que la situation s'améliore au Royaume-Uni. Pour autant, elle s'affiche au-dessus du niveau attendu, les économistes interrogés par Reuters prévoyant en moyenne un ralentissement encore plus marqué, à 2,1%.

L'ONS précise que ce coup de frein est principalement dû à une chute des tarifs réglementés de l'électricité dans le pays, suivi par les denrées alimentaires. Il a néanmoins été partiellement éclipsé par « un léger rebond de ceux du carburant ».

Du mieux...

L'inflation est maintenant « sous les taux de la zone euro et des États-Unis », relève la maison de recherche Capital Economics. La hausse générale des prix a en effet atteint 2,4% en avril dans l'ensemble des pays partageant la monnaie unique et 3,4% outre-Atlantique. Ce qui contraste avec la période post-Covid, où l'inflation britannique est longtemps restée la plus élevée du G7, montant jusqu'à 11% fin 2022, causant une grave crise du pouvoir d'achat.

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Le Trésor britannique s'est félicité ce mercredi de cette situation, en écrivant sur le réseau social X (ex-Twitter) le nouveau chiffre accompagné d'un commentaire : « Continuons d'appliquer notre plan » d'action contre l'inflation. Le ministre des Finances conservateur, Jeremy Hunt, a lui évoqué « un jour important pour l'économie », graphique à l'appui.

Reprenant la même illustration, le Premier ministre Rishi Sunak a renchéri, toujours sur X : « L'inflation est de retour au niveau où elle devrait être ».

Bien qu'en amélioration, l'inflation reste l'une des épines dans le pied du gouvernement conservateur britannique, alors que se profilent des élections législatives cet automne. Les conservateurs sont pour l'instant largement distancés dans les sondages par l'opposition travailliste.

... mais pas de quoi faire bouger la Banque d'Angleterre

Le chiffre d'avril se rapproche en tout cas de la cible de la Banque d'Angleterre (BoE), à savoir 2%. Mais pour Capital Economics, le fait qu'elle soit au-dessus du niveau attendu rend « une baisse de taux d'intérêt en juin peu probable et soulève des doutes pour août également ».

L'institution monétaire britannique, qui a relevé son taux directeur à 14 reprises entre décembre 2021 et septembre pour lutter contre l'inflation, l'a maintenu à 5,25% lors de sa dernière réunion début mai. Elle se dit régulièrement optimiste sur un reflux de l'inflation qui devrait lui permettre de baisser ses taux dans les prochains mois, et ainsi alléger une mesure qui pèse sur les finances des ménages et des entreprises, et donc sur l'économie. Elle répète toutefois qu'elle veut attendre pour le faire d'avoir « davantage de preuves » que l'inflation est de retour autour de son objectif de façon durable.

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Signifiant que le chiffre d'avril plus élevé qu'attendu repousse les attentes de baisse de taux par le marché, la livre affichait une hausse de 0,37% à 1,2757 dollar ce mercredi vers 07h00 GMT (9 heures à Paris).

L'économie britannique rebondit « plus vite que prévu »

C'est aussi du côté de la croissance que l'économie britannique se porte mieux. Elle s'est établie à 0,6% lors du premier trimestre selon l'ONS, alors que les économistes tablaient sur une progression de 0,4%. Surtout, le pays est ainsi sorti de la récession dans laquelle il était tombé fin 2023, son produit intérieur brut (PIB) ayant baissé de 0,3% au quatrième trimestre 2023 et de 0,1% au troisième - pour rappel, deux trimestres de contraction économique d'affilée sont considérés par les économistes comme la définition d'une récession dite « technique ».

Le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs amélioré ce mardi ses prévisions pour l'économie britannique, qui rebondit « plus vite que prévu », selon lui. « Avec une reprise de la croissance plus rapide que prévu, l'économie britannique se dirige vers un atterrissage en douceur, après une légère récession technique en 2023 », a indiqué l'institution internationale dans un rapport. SI bien qu'elle présage désormais une hausse du PIB britannique de 0,7% pour l'ensemble de l'année 2024, contre 0,5% dans ses dernières projections d'avril. Elle a toutefois alerté sur des « choix difficiles » à l'horizon pour stabiliser la dette publique.

Une prudence partagée par Yael Selfin, économiste chez KPMG. « Nous nous attendons à la poursuite de la croissance pour le reste de cette année, soutenue par un contexte économique plus favorable », notamment la baisse de l'inflation et la hausse des salaires, a-t-elle commenté au début du mois. Mais l'amélioration de la croissance sera « probablement limitée par la faiblesse persistante » constatée en matière de productivité et par les difficultés à « augmenter le taux d'emploi » dans le pays, a-t-elle ajouté.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 22/05/2024 à 17:07
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L'inflation Britannique plus basse que celle de la zone Euro, c'est plutôt une exception. C'est improbable que cela dure.. De manière générale ,les inflations des 2 grandes zones (USA et Europe) sont encore au même niveau qu'il y a un an, et sont si...

à écrit le 22/05/2024 à 15:31
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Le Brexit en est le seul responsable! J'ai bon?

à écrit le 22/05/2024 à 11:19
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Ben chez nous, le gouverneur de la BdF ne croit toujours pas à la théorie du "dernier kilomètre" - se raccrochant à son missel comme les naufragés de la Méduse à leur radeau - même si les évidences sont sous ses yeux! Ben ouais, y a encore du taf à f...

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