Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne... Un petit vent de reprise économique souffle sur l'Europe

Le Royaume-Uni est sorti vendredi de la récession dans laquelle il était tombé fin 2023 et a vu son économie repartir plus vite que prévu au premier trimestre. Lors des trois premiers mois de 2024, la croissance a également été plus élevée qu'attendu en Allemagne, en France, en Espagne et au Portugal.
La croissance économique a rebondi plus que prévu au premier trimestre dans la zone euro. (photo d'illustration)
La croissance économique a rebondi plus que prévu au premier trimestre dans la zone euro. (photo d'illustration) (Crédits : YVES HERMAN)

Un vent printanier souffle sur l'économie européenne avec la publication de plusieurs chiffres de croissance encourageants, qui ont fait bondir les indices boursiers européens. Ce vendredi, le Royaume-Uni est sorti de la récession : son produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,6% lors des trois premiers mois de l'année, alors que les économistes tablaient sur une progression de 0,4% au premier trimestre de 2024. Cette performance intervient alors que la croissance a également été meilleure que prévu également en Allemagne sur cette période, avec une progression de 0,2% du PIB au premier trimestre 2024 après un recul en fin d'année dernière et sur l'ensemble de l'année 2023, selon des chiffres officiels. Le taux de croissance de la première économie européenne est un peu meilleur que les prévisions de Factset, qui attendait une progression de 0,1%. Le PIB avait reculé de 0,5% au quatrième trimestre par rapport au précédent, selon un chiffre révisé à la baisse, contre un taux de - 0,3% annoncé précédemment.

Lire aussiLa reprise de l'économie européenne et la perspective de baisse des taux poussent le CAC 40 à un niveau record

La France déjoue les prévisions de l'Insee

Même chose en France, puisque le PIB a progressé de 0,2% au premier trimestre, soutenu par la consommation des ménages et les investissements des entreprises, selon l'Insee, qui avait précédemment annoncé une prévision d'une croissance nulle entre janvier et mars. Plus optimiste, la Banque de France tablait sur une progression de 0,2%.

Au dernier trimestre 2023, l'économie française avait enregistré une croissance de 0,1%. Chaque dixième de point de pourcentage va compter pour atteindre la cible de 1% de hausse annuelle du PIB fixée par le gouvernement, une prévision supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture.

L'Espagne sur les chapeaux de roues

L'économie espagnole a quant à elle démarré l'année 2024 sur les chapeaux de roues, avec une croissance de 0,7% au premier trimestre, portée notamment par la hausse des exportations, selon une estimation de l'Institut national des statistiques (INE). Ce taux est identique à celui du quatrième trimestre 2023, revu à la hausse de 0,1 point.

Lire aussiL'immigration a été un moteur de la croissance des pays développés en 2023, soutient l'OCDE

Il est par ailleurs nettement supérieur aux prévisions de la Banque d'Espagne, qui tablait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,4%. La croissance du premier trimestre place l'Espagne dans une position optimale pour atteindre l'objectif de 2% de croissance fixé par le gouvernement pour 2024.

Bonne tenue de tous les secteurs en Italie

L'Italie a vu son PIB augmenter de 0,3% au premier trimestre, grâce à la bonne tenue de tous les secteurs d'activité, selon l'Institut national des statistiques (Istat). Le gouvernement de Giorgia Meloni avait abaissé début avril ses prévisions de croissance pour 2024, tablant sur une hausse du PIB de 1%, suivie de 1,2% en 2025.

Les objectifs de croissance de Rome pour 2024, jugés ambitieux par les analystes, sont nettement supérieurs aux prévisions de la Banque d'Italie, qui table sur seulement 0,6%. La Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient 0,7%.

Le PIB de l'Italie avait augmenté de 0,1% au quatrième trimestre, selon des chiffres révisés à la baisse par l'Istat qui avait auparavant fait état d'une croissance de 0,2%. Il avait augmenté de 0,9% en 2023, dépassant les objectifs du gouvernement, mais le déficit public a dérapé davantage que prévu, atteignant 7,4% du PIB.

Des prévisions en hausse au Portugal

Au Portugal, le PIB a progressé de 0,7% par rapport aux trois derniers mois de 2023, et de 1,4% au premier trimestre sur un an, selon l'Institut national des statistiques (Ine). Ce taux est en ligne avec les estimations de la majorité des analystes cités dans les médias portugais qui tablaient sur une hausse entre 1 et 2,1%.

En 2023, le Portugal avait connu une croissance économique de 2,3%, parmi les plus fortes de l'Union européenne, portée notamment par les exportations. Le nouveau gouvernement portugais de droite modérée, issu des élections législatives anticipées de mars dernier, table sur une croissance de 1,5% sur l'ensemble de l'année, selon les dernières estimations publiées à la mi-avril dans son programme de stabilité.

Lire aussiBonne nouvelle pour la zone euro : l'inflation sous-jacente ralentit tandis que la croissance rebondit

De son côté, la Banque du Portugal, plus optimiste, a revu en mars des ses prévisions en hausse, à 2% contre une précédente estimation de 1,2%. Elle prévoit ensuite des hausses de 2,3% pour l'année prochaine et de 2,2% en 2026.

Rebond plus important que prévu dans la zone euro

Enfin, comme le Royaume-Uni, l'économie irlandaise est sortie de la récession au premier trimestre avec une hausse du PIB de 1,1% comparé au dernier trimestre de 2023. Sur un an, la hausse du PIB est estimée à 0,8%, précise l'Office central des statistiques (CSO). Le produit intérieur brut (PIB) était en baisse sur chaque trimestre de l'an passé, selon le CSO. Lors des trois derniers mois de 2023, le PIB irlandais avait chuté de 3,4% comparé au troisième trimestre.

Finalement, dans l'ensemble de la zone euro, la croissance économique a rebondi plus que prévu au premier trimestre avec un PIB en hausse de 0,3% par rapport au trimestre précédent, selon Eurostat. Les analystes interrogés par Bloomberg et Factset s'attendaient à une croissance de 0,1% sur les trois premiers mois de l'année. Selon les chiffres de l'institut européen des statistiques, le PIB avait reculé de 0,1% lors des deux trimestres précédents, soit une récession technique au deuxième semestre 2023.

Une reprise économique sur laquelle il faut se montrer prudent

Pierre Jaillet, économiste et chercheur associé à l'Institut Jacques Delors, se montre toutefois « très prudent » par rapport à cette reprise de la croissance dans les pays européens. « Je ne crois pas que ça change les perspectives de croissances structurelles. Il n'y a rien eu de très nouveau qui pourrait expliquer que la croissance reparte sur des chiffres significativement supérieurs », déclare-t-il à La Tribune.

L'économiste salue tout de même « quelques éléments positifs : une reprise du commerce mondial, légère mais qui bénéficie à un certain nombre de pays ; la désinflation, qui a des effets positifs sur le pouvoir d'achat des ménages ; et une reprise de l'investissement liée au fait que les taux directeurs n'ont pas encore été réduits ».

Mais Pierre Jaillet observe une « très légère reprise par rapport à des anticipations qui elles-mêmes n'étaient pas extrêmement brillantes ». « Il faut être assez modeste et humble sur les chiffres au trimestre le trimestre et surtout ne pas s'emballer sur une petite reprise supérieure par rapport aux prévisions », insiste le chercheur.

Déception outre-Atlantique

Dans le même temps, la croissance du PIB des Etats-Unis a déçu au premier trimestre 2024, ralentissant plus qu'attendu et atteignant même son plus bas niveau depuis près de deux ans, après une année 2023 qui avait surpassé toutes les espérances.

La croissance américaine a ralenti à 1,6% en rythme annualisé sur les trois mois de janvier à mars, contre 3,4% au quatrième trimestre 2023. Ces données sont ajustées de l'inflation, c'est-à-dire que le calcul exclut les effets de la hausse des prix. Une croissance de 2,2% était attendue, selon le consensus de Market Watch.

Les Etats-Unis publient leur croissance en rythme annualisé, qui compare le PIB à celui du trimestre précédent puis projette l'évolution sur l'année entière à ce rythme. Mais en la comparant simplement au trimestre précédent, comme le font d'autres économies avancées, la croissance est de 0,4%.

Le chiffre de 1,6% aurait pu être une bonne nouvelle aux yeux des investisseurs, qui pensent que si l'économie donne des signes de faiblesse, la Fed sera plus encline à baisser ses taux d'intérêt directeurs. Mais dans le même temps, l'inflation sous-jacente, qui exclut les variations de l'énergie et de l'alimentation, a été plus forte qu'attendu.

 (Avec AFP)

Commentaires 27
à écrit le 11/05/2024 à 11:47
Signaler
" bonne tenue de l' Italie " . Pour moi, rien d' étonnant ! Là bas le Nord et le Centre travaillent ! Mais ils savent aussi et surtout réagir ; la rapidité d' adaptation italienne surprend toujours le Français " procrastinateur " , frileux et pla...

le 11/05/2024 à 22:20
Signaler
Merci pour les clichés... Pourtant si vous regarder dans le détail la croissance a été plus forte dans le sud de l'Italie, +1,9 % en rythme annualisé

à écrit le 11/05/2024 à 10:18
Signaler
"L'Espagne sur les chapeaux de roues,Des prévisions en hausse au Portugal" On peut rappeler que l’Espagne et le Portugal ont obtenu de la Commission européenne le droit de réguler le secteur à travers une dérogation limitée dans le temps. Concrète...

le 11/05/2024 à 10:45
Signaler
On peut ajouter que l Espagne revoir chaque année 29 milliards d aides et le Portugal 18 quand j’ai drance 9…de la commissions européenne. Ex du ferroviaire : Espagne 37 milliard en 20 ans France 4,3 milliards .. donc autant de ponction ou dettes en...

le 11/05/2024 à 10:49
Signaler
On peut ajouter que l Espagne recoit chaque année 29 milliards d aides et le Portugal 18 quand la France c’ est 9…soit nos politiques sont trop c.. pour réclamer et monter les dossiers d aides. Soit ils sont trop fiers de demander de l aide …a la co...

le 11/05/2024 à 10:49
Signaler
On peut ajouter que l Espagne recoit chaque année 29 milliards d aides et le Portugal 18 quand la France c’ est 9…soit nos politiques sont trop c.. pour réclamer et monter les dossiers d aides. Soit ils sont trop fiers de demander de l aide …a la co...

le 11/05/2024 à 12:15
Signaler
Je préfère l'expression de rétro-financement de l'UE à la France. Notre pays verse pour 2024 quelque 22 milliards à la firme et reçoit de celle-ci 12 milliards somme qui est tracée et filtrée, faut pas faire n'importe quoi avec l'UE.. Que disait Mada...

le 11/05/2024 à 22:23
Signaler
@Albert @La Chose Vous "oubliez" d'inclure l'argent versé par l'UE à la France dans le cadre de la PAC. 9 milliards en 2020. Refaites vos calculs, merci, aurevoir

à écrit le 11/05/2024 à 9:59
Signaler
vent de reprise???? faut pas exagérer...la France est habituée au bas du classement depuis des décennies, hélas. La GB, qui pourtant était vouée aux pires catastrophes, s'en sort mieux que nous comme cela est devenue l'habitude....la France est de...

le 11/05/2024 à 19:23
Signaler
Nous avons une productivité décroissante, un nombre d'heures de travail par habitant moindre qu'ailleurs et nous produisons une richesse par habitant plus faible que les autres. Nous accumulons des dettes depuis 50 ans quel que soit le président ou ...

le 11/05/2024 à 22:26
Signaler
@breizhou La GB était en récession l'année dernière contrairement à la France, et cette année les croissances des 2 pays seront semblables. Il est donc faux de dire qu'elle s'en sort mieux que nous. Il est également absurde de dire que nous sommes u...

à écrit le 11/05/2024 à 9:44
Signaler
En changeant les paramètres, il est toujours possible d'annoncer "une nouvelle", mais les priorités des uns ne sont pas celles des autres ! ;-)

le 11/05/2024 à 11:57
Signaler
En Economie les priorités de la France ce sont : les CONTRAINTES ADMINISTRATIVES, les " PLANS " , les REDISTRIBUTIONS , la RENTRÉE des IMPÔTS et des TAXES et pour ce qui fait le dynamisme d' une Economie cela pourra toujours attendre !

à écrit le 11/05/2024 à 9:23
Signaler
Ou bien ils refondent l'organisation de cette UE sur d'autres bases ou bien elle va disparaitre et c'est en cours sous nos yeux. Je suis un européen convaincu mais cette UE doit coller avec l'organisation des états au lieu de les mettre en compétiti...

le 11/05/2024 à 10:53
Signaler
Je partage ce point de vue franco - français mais Ce n’ Est pas l opinion des populations des pays libéraux : les pays scandinaves , pays bas, l Allemagne , l’ Autriche , Irlande , le Luxembourg et certains pays d Europe de l est … cette opinion est...

le 11/05/2024 à 15:35
Signaler
Refonder l'UE nécessite la modification des traités. La modification des traités nécessite l'UNANIMITÉ des 27 gouvernements et ensuite obtenir l'accord des 27 parlements voire des peuples consultés par référendum! En fait une mission impossible à réa...

le 11/05/2024 à 19:34
Signaler
@ JeanPaul B : Vous avez tout à fait raison. Mais la constitution de 2005 rejeté par les Français dont probablement les 99% n'en ont pas lu une ligne , prévoyait le remplacement du vote à l'unanimité par un vote à la majorité qualifiée, ce qui permet...

à écrit le 11/05/2024 à 9:09
Signaler
Il suffit de le dire pour y croire, c'est clair qu'il faut s'inventer une narrative pour les JO, une reprise par de la dette comme toujours ! Mais on a le Mozart de la finance ouff 😅

le 11/05/2024 à 10:59
Signaler
Les Jo vont coûter 10 milliards lelaire recherche 10 milliards d ici fin de l année . Ils ont qu à triple le prix des billets, hôtels, restaurants, restauration rapide etc…

à écrit le 11/05/2024 à 8:36
Signaler
Comme quoi finalement le brexit c'était pas si grave, c'est vite oublié. Et pourtant qu'elle nous en aura fait des caisses notre classe médiatico-politico-financière ! Et ça chialait et ça criait et ça paniquait pffff... Ils pourraient nosu épargner ...

le 11/05/2024 à 11:04
Signaler
Faut regarder les conséquences du Brexit au sens large et non pas pour quelques intérêts privés qui y ont intérêts : renchérissement des produits imports et exports , plus de personnel dans les hôpitaux , transports et restaurants , avant / après : ...

le 11/05/2024 à 15:24
Signaler
C'est quoi cette liste !? LOL ! Fais un minimum d'efforts au moins ! ^^

le 11/05/2024 à 19:36
Signaler
Vous devriez lire quelques journaux Anglais où Michaël Ferrage , lui même admet que le Brexit est un échec.

à écrit le 11/05/2024 à 0:36
Signaler
En parallèle, on a une corrélation avec la croissance de 5,3% en Chine et l'augmentation de leurs consommations. Comme quoi quand on arrête de suivre les ricains...

le 11/05/2024 à 22:31
Signaler
Également +7,8 % au Panama, comme quoi quand... ah bah nan en fait ça n'a rien à voir

à écrit le 10/05/2024 à 16:57
Signaler
réveillez vous ! on parle de 0,2 0,5 de 1% de croissance. c'est la marge d'erreur . on est dans le meilleur des cas sur une stagnation. arrêtez de jouer avec les mots et les détails . quand on serra au dessus de 4% vous pourrez parler de croissance...

le 11/05/2024 à 22:37
Signaler
1. C'est la croissance trimestrielle, en rythme annuel c'est ±1,5%. La marge d'erreur est à 0,1 % en France. Je suis d'accord ça n'est pas les 30 glorieuses, mais il faut se mettre dans la tête que 5 % de croissance annuelle ad vitam c'est illusoire....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.