Royaume-Uni : scrutées par les agences de notation, les finances publiques meilleures que prévu

L'Office national des statistiques britanniques a dévoilé ce vendredi des données encourageantes sur la dette du Royaume-Uni, alors que deux agences de notation doivent se pencher sur ses finances publiques. Le gouvernement britannique doit présenter son budget le mois prochain.
Au Royaume-Uni, le parti conservateur au pouvoir a subi ce vendredi une sévère défaite lors de deux élections partielles face au parti travailliste.
Au Royaume-Uni, le parti conservateur au pouvoir a subi ce vendredi une sévère défaite lors de deux élections partielles face au parti travailliste. (Crédits : POOL)

[Article publié le vendredi 20 octobre à 10h53 et mis à jour à 15h45] Bonne nouvelle pour le parti conservateur au pouvoir, à quelques semaines de la présentation du budget d'automne. Les finances publiques du Royaume-Uni se sont affichées sous un meilleur jour que prévu en septembre, selon des données publiées ce vendredi 20 octobre, par l'Office national des statistiques (ONS) du pays.

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Dans le détail, les intérêts sur la dette du gouvernement central s'élevaient à 700 millions de livres en septembre, « soit 7,2 milliards de livres de moins » qu'un an plus tôt, a annoncé l'ONS dans son rapport mensuel. C'est aussi le troisième niveau le plus bas « jamais enregistré depuis le début des relevés mensuels en 1997 ».

Il s'explique « en grande partie à cause des récents mouvements de l'inflation mensuelle » (certains bons du gouvernement sont indexés sur un indice des prix de détail), indique l'institut statistique. L'inflation, qui a globalement baissé ces derniers mois, a toutefois interrompu son recul en septembre au Royaume-Uni, à 6,7% sur un an. De facto, elle reste la plus élevée des pays riches du G7.

Une dette scrutée par les agences de notation

L'emprunt du secteur public a atteint le mois dernier 14,3 milliards de livres, 1,6 milliard de livres de moins qu'un an plus tôt, selon l'ONS. Pour les six premiers mois de l'exercice fiscal britannique, qui commence en avril, le Royaume-Uni a emprunté 81,7 milliards, nettement moins que les 101,5 milliards qui avaient été projetés par l'organisme public de prévision budgétaire OBR.

Il s'agit d'une bonne nouvelle pour Londres. Et pour cause, la dette du Royaume-Uni sera scrutée de près ce vendredi par les agences de notation Moody's et Standard & Poor's (S&P). Ces chiffres sont aussi bienvenus pour le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt, qui doit présenter le budget d'automne le mois prochain au Parlement.

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S'il a exclu des baisses d'impôts dans l'immédiat, résistant à la pression de ses propres rangs, le chancelier de l'Échiquier pourrait « disposer d'une certaine marge de manœuvre pour réduire les impôts et/ou augmenter les dépenses » dans la présentation budgétaire suivante, prévue en mars, avance Ashley Webb, de Capital Economics.

Une bonne nouvelle à nuancer

Mais attention, si les finances publiques sont meilleures que les prévisions, cette bonne nouvelle « de court terme devrait être complètement inversée à moyen terme à cause d'une croissance plus faible, d'une inflation plus persistante » et d'un contexte de taux d'intérêts élevés, prévient Michal Stelmach économiste de KPMG.

Autre signe des pressions sur une économie britannique qui n'a pas écarté le risque d'une récession, selon les économistes, les ventes au détail en volume ont reculé de 0,9% le mois dernier, alors que « les pressions du coût de la vie » pèsent sur le budget des consommateurs, selon d'autres données publiées vendredi par l'ONS.

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Le parti conservateur au pouvoir au Royaume-Uni a subi ce vendredi une sévère défaite lors de deux élections partielles face au parti travailliste. Un résultat de mauvais augure pour le Premier ministre, Rishi Sunak, en vue des élections attendues l'année prochaine. Pour le chef du parti travailliste Keir Starmer, qui espère entrer à Downing Street, ce résultat « redessine la carte politique ». « Gagner dans ces deux bastions travaillistes montre que les gens veulent largement le changement et qu'ils sont prêts à accorder leur confiance à notre parti travailliste, qui a changé, pour y parvenir », a-t-il réagi.

Dans ces deux circonscriptions comme dans tout le pays, les électeurs « veulent un gouvernement travailliste déterminé à tenir ses promesses (...) avec un véritable projet pour reconstruire notre pays », a-t-il poursuivi, promettant que le Labour « rendrait » au Royaume-Uni « son avenir ». Dans les sondages, le parti travailliste à l'heure actuelle dispose d'une large avance en vue des élections attendues dans tout le Royaume-Uni l'année prochaine.

Les taux d'emprunt à 30 ans de l'Etat britannique à un sommet

Les rendements des emprunts de l'Etat britannique à 30 ans ont atteint ce vendredi un sommet en 25 ans, le marché estimant que la Banque d'Angleterre devra maintenir ses taux élevés pendant plus longtemps, voire les relever encore. Les taux d'emprunts des bons du Trésor britanniques (« gilts ») à 30 ans se sont hissés mercredi jusqu'à 5,160% peu avant 13h30 GMT, un niveau plus vu depuis 1998, dépassant les sommets atteints lors de la crise des marchés déclenchée en septembre 2022 par l'ex-Première ministre britannique Liz Truss.

Comme ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, les rendements des obligations d'Etat à long terme s'envolent actuellement, poussés par des « inquiétudes liées au fait que les taux d'intérêt (des banques centrales) devront être maintenus à leur niveau élevé pendant beaucoup plus longtemps », voire monteront encore, explique à l'AFP Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Des déclarations vendredi du gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Andrew Bailey, affirmant que la croissance des salaires est encore beaucoup trop élevée, ont « renforcé les attentes selon lesquelles une politique monétaire restrictive s'inscrirait sur le long terme », selon elle.

La BoE, qui a fortement relevé son taux directeur ces derniers mois face aux hausses de prix, a fait une pause le mois dernier. Mais l'institution suit de près l'inflation, qui a interrompu sa baisse en septembre au Royaume-Uni, stagnant à 6,7% sur un an, la plus élevée des pays riches du G7.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 20/10/2023 à 11:26
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Vous auriez du attendre la note MOODY'S de la France avant de faire la comparaison avec le R.U. Le Royaume Uni s'en sortira toujours mieux que la France surper endetté, dans l'euro faiblard alors que le Sterling s'échange encore maintenant à 1,15 fa...

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