
[Article publié le lundi 2 octobre à 10h43, mis à jour à 14h33] Le gouvernement britannique fait un geste politique. Le ministre des Finances Jeremy Hunt doit annoncer, ce lundi 2 octobre, que le salaire minimum sera relevé à compter d'avril 2024. Il doit ainsi atteindre au moins 11 livres sterling de l'heure (12,67 euros), contre 10,42 livres sterling à l'heure actuelle.
« Le travail doit payer et nous nous assurons que ce soit le cas (...). C'est la façon dont le parti Conservateur améliore la vie des travailleurs », doit faire valoir le ministre, selon des extraits de son discours communiqués dimanche par le parti.
Selon le gouvernement, deux millions de personnes seront concernées par cette revalorisation.
Pas de baisse d'impôts à venir
Jeremy Hunt reste par contre inflexible sur la question de baisses des impôts. Ce, alors même que certains dans ses propres rangs, notamment l'ancienne Première ministre Liz Truss, sont favorables à des promesses sur ce sujet avant les prochaines élections législatives attendues d'ici janvier 2025. Les taxes représenteront 37% du revenu national d'ici à cette échéance, un niveau inédit depuis l'après-guerre, selon le cercle de réflexion Institute for fiscal studies.
« Si nous faisions de fortes réductions de taxes maintenant, cela mettrait plus d'argent dans les poches des gens » et alimenterait l'inflation, a fait valoir le ministre ce lundi matin sur Sky News.
Selon lui, la réduction de l'inflation sera plus efficace pour au final augmenter le pouvoir d'achat des Britanniques. Pour rappel, bien qu'en baisse, la hausse générale des prix outre-Manche reste toujours la plus élevée du G7, à 6,7% sur un an en août.
Un geste du gouvernement avant les élections
Cette annonce d'augmenter le salaire minimum est en tout cas loin d'être anodine. Elle intervient en effet alors que les sondages concernant les prochaines élections législatives montrent que le parti conservateur est à la traîne. Pour tenter de regagner les faveurs de l'opinion publique, les conservateurs ont multiplié les annonces à l'occasion du congrès annuel du parti qui a débuté dimanche à Manchester.
« Nous avons promis (...) d'augmenter le salaire minimum (national living wage) aux deux tiers du salaire médian pour mettre fin aux bas salaires dans le pays », rappelle Jeremy Hunt dans son discours.
Néanmoins, le gouvernement fait savoir qu'il veut donner d'une main, et reprendre de l'autre. Jeremy Hunt doit, en effet, aussi annoncer une réforme du système d'aides sociales. Objectif, inciter les personnes sans emploi à revenir sur le marché du travail.
« Au moment où les entreprises ont des difficultés à trouver de la main-d'œuvre, environ 100.000 personnes quittent le marché du travail chaque année, vivant des aides sociales », doit-il expliquer, annonçant une révision du régime de sanctions.
« Ceux qui ne cherchent même pas un emploi ne méritent pas les mêmes aides sociales que ceux qui essayent vraiment d'agir correctement », doit-il insister.
Un nouvelle tentative de réponse aux grèves
À travers ce double discours, le gouvernement veut tenter de faire repartir l'économie en proie à des grèves et des débrayages importants depuis plus d'un an. Prenant pour argument une inflation galopante, toujours à 6,7% sur un an en août, nombre de travailleurs de différents secteurs comme la santé, les transports ou encore l'enseignement multiplient les journées de grèves.
« Ces grèves s'inscrivent dans une campagne qui a commencé il y a plus d'un an », a souligné Mick Lynch, le secrétaire général du syndicat RMT, sur Sky News en juillet, ajoutant que « nous sommes vraiment en difficulté. Il faut que les gens aient des salaires décents ».
Selon l'Office national des statistiques (ONS), l'économie britannique a même pâti de grèves dans la santé et l'enseignement. Elles ont contribué à la contraction de 0,5% de son produit intérieur brut (PIB) en juillet. De son côté, l'organisation patronale CBI note que « la perte de dynamique économique au troisième trimestre qui est à présent décrite par les entreprises pourrait maintenir l'économie au ralenti ».
(Avec AFP)
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