Sri Lanka : le nouveau président veut mener des « réformes douloureuses »

Le nouveau président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe a formellement invité les députés des différents partis à rejoindre un gouvernement d'union afin de relancer l'économie en faillite en entreprenant des réformes de fond. Un discours qui aura l'oreille de la Banque mondiale qui a déclaré vendredi qu'elle n'offrirait pas de nouveau financement au Sri Lanka, à moins que le pays ne procède à de « profondes réformes structurelles.»
Ranil Wickremesinghe
Ranil Wickremesinghe (Crédits : ADNAN ABIDI)

Sortir le Sri Lanka du chaos. Telle est la mission du nouveau président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe, jusqu'ici Premier ministre. Et pour relancer ce pays en faillite, le nouveau président en appelle à un gouvernement d'union nationale pour mettre en place des réformes de fond. C'est ce qu'il a fait ce dimanche en écrivant aux députés des différents partis pour leur demander de rejoindre un gouvernement d'union. Samedi, devant les moines influents du Temple de la Dent à Kandy, l'un des sanctuaires les plus sacrés du bouddhisme, Ranil Wickremesinghe a dit « souhaiter commencer un nouveau voyage ».

« Je voudrais former un gouvernement qui rassemblerait tous les partis » du Parlement, une nécessité pour faire passer des « réformes douloureuses », selon lui. Le président a rappelé que l'économie allait continuer à chuter cette année avec une contraction de 7,0%, mais qu'il s'attendait à une reprise l'année prochaine. L'inflation, qui atteint actuellement 60,8 %, pourrait encore augmenter, a averti le président.

La partie est extrêmement compliquée alors que ce pays de 22 millions d'habitants, faute de devises étrangères nécessaires pour financer les importations, est confronté à une crise historique, subissant depuis des mois des pénuries de nourriture, de carburant, de matières premières et de médicaments.

La Banque mondiale attend des réformes avant de prêter

Le discours du président vise à adoucir la position des éventuels prêteurs. Vendredi, la Banque mondiale a déclaré qu'elle n'offrirait pas de nouveau financement au Sri Lanka, à moins que le pays ne procède à de « profondes réformes structurelles ». Si la Banque mondiale s'est dite préoccupée par l'impact de la crise sur la population sri-lankaise, elle n'est pas prête à accorder des fonds tant que le gouvernement n'aura pas mis en place des réformes adéquates.

« Tant qu'un cadre de politique macroéconomique adéquat ne sera pas instauré, la Banque mondiale ne prévoit pas d'offrir de nouveaux financements au Sri Lanka », a déclaré l'institution internationale, dans un communiqué.  « Cela nécessite des réformes structurelles profondes qui se concentrent sur la stabilisation économique, et aussi sur la résolution des causes structurelles profondes qui ont généré cette crise », a ajouté la Banque mondiale. Le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et, début juillet, d'immenses manifestations de Sri-Lankais excédés ont abouti au départ du président Gotabaya Rajapaksa, réfugié à Singapour où il a démissionné.

L'indice des prix à la consommation de Colombo (CCPI) en juillet était presque huit fois plus élevé que celui de 7,6% en octobre.  Selon le département du recensement et des statistiques, l'inflation des denrées alimentaires en juillet a atteint le chiffre ahurissant de 90,9%. Des économistes indépendants estiment que les prix à la consommation augmentent en réalité bien plus vite que ce qu'affichent les statistiques officielles. La roupie du Sri Lanka a perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar américain cette année. La Banque mondiale a déjà réassigné 160 millions de dollars de prêts existants - initialement destinés au développement du Sri Lanka - au financement de médicaments, de gaz de cuisine, de repas scolaires, entre autres, dont le pays a un besoin urgent.

Discussions avec le FMI

Le Sri Lanka est actuellement en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d'un éventuel renflouement,  mais les responsables estiment que le processus pourrait prendre des mois. Selon le Programme alimentaire mondial, près d'un quart des 22 millions d'habitants de l'île, a besoin d'une aide alimentaire, et plus de cinq familles sur six ne mangent pas à leur faim ou achètent des aliments de moindre qualité. Le mois dernier, les Nations unies ont lancé un appel à l'aide internationale afin de réunir 47,2 millions de dollars et d'apporter une aide devenue vitale, à ce stade.

Lire aussiLe FMI fait son grand retour sous la pression de la Chine

Commentaires 5
à écrit le 01/08/2022 à 9:09
Signaler
Les réformes ne sont pas des adaptations a la réalité, mais, simplement, faire coïncider la "vision" future d'une minorité avec un dogme!

à écrit le 01/08/2022 à 9:08
Signaler
Les réformes ne sont pas des adaptations, mais, simplement, faire coïncider la "vision" future d'une minorité avec un dogme!

à écrit le 31/07/2022 à 23:26
Signaler
Axphysie par les prêts chinois pour des constructions peu utiles …. Nous voilà prévenus…

le 01/08/2022 à 12:46
Signaler
Brehat/vabel.. les prêts chinois représentent 10% de la dette totale du Sry Lanka.. à qui appartient les 90 % restant ?

à écrit le 31/07/2022 à 22:26
Signaler
Bonjour, ils vas falloir réduire le train de vie de beaucoup, et dans un pays pauvre cela vas faire très très mal.... bien sûr ils ne faut pas le dire... Mais ils.n'y a pas de miracle, ils vas falloir payer le dette ....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.