Nouveau président au Sri Lanka pour tenter de mettre fin au chaos

Depuis plus d'une semaine maintenant le chaos règne sur la vie politique Sri Lankaise suite à la démission du Président Gotabaya Rajapaska le 14 juillet. Il trouve ce mercredi un successeur en la personne de Ranil Wickremesinghe, son ancien premier ministre qui jusque-là assurait l'intérim et a été élu par une écrasante majorité du Parlement. Ranil Wickremesinghe hérite d'un pays ravagé qui connaît une crise économique, politique et sociale sans précédent.
Ranil Wickremesinghe a récemment estimé que le PIB pourrait fondre jusqu'à 7% en 2022 et que le pays devrait face à des difficultés en 2023.
Ranil Wickremesinghe a récemment estimé que le PIB pourrait fondre jusqu'à 7% en 2022 et que le pays devrait "face à des difficultés en 2023. (Crédits : ADNAN ABIDI)

Nouveau président pour le Sri Lanka. Après la fuite rocambolesque pour Singapour de son prédécesseur, Gotabaya Rajapaska, poussé à la démission le 14 juillet par des centaines de manifestants excédés par l'impact de la crise économique, son Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, a été élu officiellement ce mercredi Président jusqu'en novembre 2024.

Un pays qui fonce vers la récession

Il hérite d'un pays de 22 millions d'habitants aux abois, frappé par une inflation incontrôlable, une crise alimentaire sans précédent, des coupures d'électricité à répétition et incapable de rembourser sa dette. Un pays qui bascule vers la récession.. Après une croissance de 3,7% en 2021 et une contraction du Produit intérieur brut (PIB) de 3,6% en 2020, Ranil Wickremesinghe a récemment estimé que le PIB pourrait fondre jusqu'à 7% en 2022 et que le pays devrait "face à des difficultés en 2023.

C'est une nouvelle page sombre pour le pays, qui, déjà depuis les années 1980 et l'éclatement de la guerre civile a enchaîné les crises politiques et économiques. La tâche du nouveau président est colossale, à commencer par enrayer l'écroulement de l'économie. Une crise qui a commencé il y a plusieurs années. En particulier, les attentats djihadistes de 2019 contre des hôtels et des églises ainsi que la crise du Covid 19 ont fortement impacté le tourisme, un secteur clef pour le Sri Lanka. La médiatisation des émeutes et de la situation dramatique du pays risquent de plomber encore longtemps l'attractivité touristique du pays. Combinée aux réductions d'impôts décidées par l'ancien Président, la chute du tourisme a asséché les devises nécessaires pour financer les importations de biens essentiels.

Inflation galopante

L'inflation galopante est l'une des priorité du nouveau président, avec notamment un taux de 45,3 % en mai et de 54,6% pour le seul mois de juin dernier par rapport à juin 2021. La banque centrale a augmenté ses taux d'intérêt d'un point de pourcentage, à 15,5% et a prévenu que l'inflation pourrait atteindre 80% d'ici à la fin de l'année. Pour l'heure, la population ne parvient pas à avoir accès à des denrées de première nécessité : les pénuries concernent presque tous les secteurs. Les médicaments manquent dans les hôpitaux malgré des appels aux dons. Le manque de carburants entraîne des files d'attente colossales pour quelques litres d'essence et les coupures d'électricité sont régulières. Les denrées alimentaires se font de plus en plus rares et chères, si bien que selon les Nations unies environ 80% de la population saute des repas.

Les importations sont rendues difficiles par les pénuries de devises et la production agricole nationale a été très touchée par l'interdiction des importations de pesticides et d'engrais en 2021, avec par exemple une baisse de 33 % au premier trimestre de la récolte de riz.  En juin déjà, devant la grogne sociale, le gouvernement a demandé l'aide de l'ONU, qui a promis un plan d'urgence. Selon le représentant de l'Unicef au Sri Lanka, Christian Skoog, "17% des enfants de moins de cinq ans du pays souffraient déjà de malnutrition et de retard de croissance avant la crise".

Deuxième défi pour le nouveau Président : la dette extérieure. Là encore par manque de devises, le pays est en défaut de paiement de sa dette extérieure de 51 milliards de dollars depuis avril dernier. Des discussions avaient été entamées avec le FMI pour un éventuel plan de sauvetage, elles ont été interrompues suite à la démission du Président, le FMI faisant de la fin de la crise politique un préalable à la reprise des négociations.

Dernier défi : rétablir la confiance de la population. La population reproche à l'ancien président une série de décisions politiques jugée peu stratégiques, et notamment d'avoir tardé, contre l'avis des économistes, à demander l'aide du FMI, et préférer poursuivre le remboursement des créditeurs au détriment des Sri Lankais. C'est entre autres ce qui a entraîné les manifestations du début du mois. C'est donc une série de défis colossaux qui attendent le président nouvellement élu. Pour l'heure, il doit choisir un nouveau Premier Ministre pour former son nouveau gouvernement avant de s'attaquer aux différents défis qui l'attendent.

Commentaire 1
à écrit le 20/07/2022 à 20:22
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Seule une politique malthusienne peut sauver ce pays

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