Taux : l'hypothèse de voir la Fed frapper à nouveau pour juguler l'inflation fait trembler Wall Street

La Bourse de New York a interrompu sa série de séances positives jeudi, les indices concluant dans le rouge après des propos du patron de la Fed, Jerome Powell, indiquant que la banque centrale américaine « n'hésiterait » pas à relever encore ses taux si nécessaire.
Jerome Powell, président de la Fec
Jerome Powell, président de la Fec (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

[Article publié le jeudi 09 novembre 2023 à 23h02 et mis à jour à le vendredi 10 novembre à 08h46]

Deux continents, deux discours. Quand François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, jugeait, jeudi, que les taux d'intérêt de la BCE n'allaient plus progresser « sauf choc » et « sauf surprise », Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine tenait quelques heures plus tard un discours beaucoup moins optimiste. Après avoir maintenu lors des deux dernières réunions monétaires les taux américains dans leur fourchette de 5,25% à 5,50% -au plus haut depuis plus de 20 ans-, la Fed n'exclut pas de les remonter.

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Croissance dynamique

« Nous n'hésiterons pas » à les relever encore « si nécessaire » face à la forte inflation, a-t-il averti. En septembre, celle-ci s'élevait à 3,4% sur un an, selon l'indice PCE, loin des 2% espérés. Les hausses de taux de la Fed visent à faire ralentir l'activité économique, afin de desserrer la pression sur les prix. Or, la croissance du PIB a pourtant plus que doublé au 3e trimestre, à 4,9% en rythme annualisé. Néanmoins, « nous la voyons ralentir dans les prochains trimestres », a souligné Jerome Powell. Mais une croissance qui resterait trop vigoureuse pourrait compromettre les progrès futurs, « ce qui pourrait justifier une réponse de la politique monétaire », c'est-à-dire une hausse des taux, a encore indiqué le patron de la Fed.

Wall Street finit dans le rouge, Paris attendue en baisse à l'ouverture

Ses propos ont fait plonger la Bourse de New York. Après huit jours de progression, l'indice élargi S&P 500, le plus représentatif du marché boursier américain, a perdu 0,81%. Le Dow Jones a glissé de 0,65% et le Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 0,94%, selon des résultats provisoires. Sur le marché obligataire, les rendements sur les bons du Trésor américains à dix ans ont sursauté, accélérant leur hausse à 4,62% contre 4,49% la veille. Ils avaient grimpé à 5% il y a deux semaines, un plus haut en 16 ans. L'emprunt allemand à même échéance était à 2,65% contre 2,61% la veille.

Y aura-t-il pour autant une hausse ? Pour quelque 85% des investisseurs parient que la banque centrale ne relèvera pas ses taux en décembre, selon les calculs sur les produits à terme réalisés par CME Group. Ils étaient 90% avant l'intervention de Jerome Powell.

La Bourse de Paris est attendue, quant à elle, en baisse à l'ouverture ce vendredi 10 novembre, refroidie également par les propos du président de la Banque centrale américaine (Fed). Le contrat à terme de l'indice vedette CAC 40 reculait de 0,70% une quarantaine de minutes avant l'ouverture de la séance. Jeudi il avait terminé en hausse de 1,13% à 7.113,66 points, son plus haut niveau en clôture depuis près d'un mois.

Le dollar reprend de la vigueur

En attendant, immédiatement après les déclarations de ce dernier, le dollar a repris de la vigueur. Vers 19H20 GMT, le billet vert a soudainement progressé de 0,35% face à l'euro à 1,0671 dollar pour un euro. L'euro pâtissait également des commentaires du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Face à la livre, la monnaie américaine grimpait de 0,48% à 1,2226 dollar.

Ces derniers jours, plusieurs responsables de la Fed avaient laissé la porte ouverte à une nouvelle hausse des taux directeurs si l'inflation persistait. Sans même parler de hausse, les taux risquent de rester élevés plus longtemps que prévu, selon Patrick Harker, président de la Fed de Philadelphie.

« Une baisse du taux directeur n'est pas susceptible de se produire à court terme. J'adhère à la position selon laquelle les taux vont devoir rester élevés plus longtemps  », a-t-il dit, en faisant état des « décalages » entre les décisions de politique monétaire et leurs effets sur l'économie réelle, précisant que « maintenir le taux stable donnera le temps de rattraper leur retard »

 « Nous connaissons une désinflation lente mais régulière. Les taux d'intérêt restent en territoire restrictif (et freinent l'activité économique, NDLR) et, aussi longtemps qu'ils le seront, ils continueront de ralentir l'inflation », a-t-il ajouté.

Et Patrick Harker s'est montré optimiste quant à la trajectoire des prochains mois, avec « la maîtrise de l'inflation » et « la protection de nos fondements économiques ».  Il anticipe une inflation inférieure à 3,0% sur un an en 2024, avant un retour à l'objectif de 2,0%.

Et s'il table sur « un ralentissement de la croissance du PIB au cours des prochains trimestres », il n'anticipe cependant pas de « récession ».

Patrick Harker a néanmoins mis en garde contre les dangers qui guettent l'économie américaine. Une paralysie de l'administration fédérale, si les élus du Congrès ne parviennent pas à s'entendre sur le budget d'ici le 17 novembre, pourrait « réduire d'un point de pourcentage le PIB du quatrième trimestre », selon lui.

Commentaires 3
à écrit le 10/11/2023 à 9:36
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Toutes ces hausses ce sont autant de futures baisses qui feront flamber la bourse : Il faut attendre çà viendra !!

à écrit le 10/11/2023 à 7:44
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Les mecs qui font quand même des cauchemars en possédant et détruisant le monde en ronflant. L'empire des faibles.

à écrit le 09/11/2023 à 23:16
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😉Si la Fed continue son resserrement monétaire - ce qui est fort probable - la BCE sera contrainte de suivre le mouvement. Ce que manifestement le Haut fonctionnaire français ne veut pas saisir🤔

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