États-Unis  : pour un responsable de la Fed, les taux vont rester élevés plus longtemps que prévu

Pas de baisse des taux en vue à la banque centrale américaine (Fed), a averti mercredi l'un de ses responsables en précisant que les taux devront probablement rester élevés plus longtemps que prévu.
De nombreux responsables de la Fed plaident a minima pour ne pas réduire des taux directeurs élevés.
De nombreux responsables de la Fed plaident a minima pour ne pas réduire des taux directeurs élevés. (Crédits : Jonathan Ernst)

Aux Etats-Unis, la tendance n'est pas à l'inversion de la courbe des taux. « Une baisse du taux directeur n'est pas susceptible de se produire à court terme. J'adhère à la position selon laquelle les taux vont devoir rester élevés plus longtemps », a indiqué Patrick Harker, président de la Fed de Philadelphie, lors d'un discours au Northwestern University Transportation Center, à Evanston, dans l'Illinois.

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Des « décalages » entre les décisions de politique monétaire et leurs effets sur l'économie réelle

Le 1er novembre, la Fed a maintenu ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50% dans laquelle ils se trouvent depuis juillet, leur plus haut niveau depuis 22 ans. Patrick Harker a fait état des « décalages » entre les décisions de politique monétaire et leurs effets sur l'économie réelle, précisant que « maintenir le taux stable donnera le temps de rattraper leur retard ».

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Les décisions de la Fed dans les mois à venir pourront aller « dans un sens ou dans l'autre, en fonction de ce que nous disent les données », a souligné ce responsable, qui dispose en 2023 du droit de vote tournant au sein du comité de politique monétaire (FOMC), l'organe de décision.

« Nous connaissons une désinflation lente mais régulière. Les taux d'intérêt restent en territoire restrictif (et freinent l'activité économique, NDLR) et, aussi longtemps qu'ils le seront, ils continueront de ralentir l'inflation », a-t-il ajouté.

Une inflation inférieure à 3,0% sur un an en 2024

L'inflation s'est établie à 3,4% en rythme annualisé en septembre, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed. Et Patrick Harker s'est montré optimiste quant à la trajectoire des prochains mois, avec « la maîtrise de l'inflation » et « la protection de nos fondements économiques ».  Il anticipe une inflation inférieure à 3,0% sur un an en 2024, avant un retour à l'objectif de 2,0%. Et s'il table sur « un ralentissement de la croissance du PIB au cours des prochains trimestres », il n'anticipe cependant pas de « récession ».

Le responsable a néanmoins mis en garde contre les dangers qui guettent l'économie américaine. Une paralysie de l'administration fédérale, si les élus du Congrès ne parviennent pas à s'entendre sur le budget d'ici le 17 novembre, pourrait « réduire d'un point de pourcentage le PIB du quatrième trimestre », selon lui. « Et bien sûr, il existe des enjeux internationaux qui peuvent avoir un impact sur notre propre économie », a-t-il souligné. La gouverneure de la Fed Lisa Cook a ainsi rappelé mercredi lors de sa prise de parole à la Financial System Conference 2023 à Dublin qu'une aggravation des tensions géopolitiques mondiales, notamment celles impliquant la Russie, le Moyen-Orient et la Chine, pourraient avoir des retombées négatives sur les marchés mondiaux. L'escalade des tensions « pourrait conduire à une activité économique plus faible » et alimenter les pressions inflationnistes, a-t-elle dit.

D'autres responsables de la Fed évoquent une nouvelle hausse des taux, le dollar reprend des couleurs

Les déclarations de ce responsable font écho à ceux prononcés par d'autres intervenants de la Fed qui, a rappelé mercredi Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote, ont envoyé en début de semaine un message prudent au marché, indiquant que la bataille contre l'inflation n'est pas encore gagnée et que le resserrement pourrait se poursuivre. Lundi, le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, a estimé qu'il était trop tôt pour déclarer victoire contre l'inflation.

Une autre gouverneure de la Fed, Michelle Bowman, connue pour ses positions dites « faucon », en faveur d'une politique monétaire stricte, a également estimé mardi qu'une nouvelle hausse des taux pourrait être nécessaire pour juguler l'inflation, si celle-ci ne ralentit pas assez au cours des prochains mois. « Alors que l'inflation est encore loin de l'objectif de 2% de la Fed, la dernière chose que Jerome Powell (le président de la banque centrale américaine, ndlr) et ses pairs souhaitent est un effondrement du dollar », souligne Ricardo Evangelista, analyste d'ActivTrades.

Toutes ces prises de parole ont porté leurs fruits : le dollar reprenait mercredi du terrain face à l'euro et à la livre. La position perçue par le marché comme accommodante de la banque centrale américaine, qui a prolongé sa pause sur les hausses de taux la semaine dernière, et un rapport sur l'emploi américain décevant avaient pesé sur le billet vert. Le dollar américain continue ainsi de regagner le terrain perdu face aux autres grandes devises à la fin de la semaine dernière.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 09/11/2023 à 8:54
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En 1971 (au point de pivot du changement de paradigme mondial) face à un cénacle de diplomates européens s’inquiétant des fluctuations de la devise américaine, le secrétaire au Trésor de Richard Nixon, John Connally, leur avait ­rétorqué cette cultis...

à écrit le 09/11/2023 à 8:29
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Ce serait suicidaire de refaire baisser les taux d'intérêts même si nos mégas riches gagnent encore plus de milliers de milliards avec des taux bas que des taux hauts ce qui là incarne également une anomalie aberrante. Combien d'usines de détournemen...

le 09/11/2023 à 9:15
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@Dossier51. Pour ce qui a trait au marché américain, je vais vous répondre d'une manière détournée mais qui illustre bien le phénomène (sans précédent) que vous dénoncez à raison. En fait, l'année dernière, les 10% d’Américains les plus riches détena...

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