Tensions en mer Rouge : les Houthis garantissent « un passage sécurisé » aux bateaux russes et chinois

Les rebelles yéménites Houthis, dont les attaques plombent le trafic maritime en mer Rouge, garantissent « un passage sécurisée » aux navires chinois et russes sur cette voie stratégique, a déclaré vendredi un de leurs ténors au quotidien russe Izvestia.
Pour les autres pays, incluant la Chine et la Russie, leur transport maritime dans la région n'est pas menacé.
Pour les autres pays, incluant la Chine et la Russie, leur transport maritime dans la région n'est pas menacé. (Crédits : AMR ABDALLAH DALSH)

Le canal de Suez s'invite dans la guerre des blocs. Alors que les tensions s'intensifient en mer Rouge et menace le commerce maritime mondial, les Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, garantissent « un passage sécurisée » aux navires chinois et russes sur cette voie stratégique qui voit transiter 12% du trafic maritime mondial. C'est ce qu'a déclaré vendredi Mohammed al-Bukhaiti, un membre de la direction politique des Houthis, au quotidien russe Izvestia.

« Les navires israéliens, ou ceux ayant un lien même ténu avec Israël, n'auront pas la moindre chance de traverser la mer Rouge (...) notre but est d'augmenter le coût économique pour l'Etat hébreu afin de stopper le carnage à Gaza », a-t-il déclaré. Et les bateaux américains et britanniques sont particulièrement surveillés de très près après les bombardements de sites houthis au Yémen par l'armée américaine, parfois appuyée par l'aviation britannique.

« La folie et l'idiotie des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont joué contre eux : désormais aucun de leur navire ne pourra franchir une des principales voies commerciales au monde. Les pertes pour les pays agresseurs sont supérieures aux pertes pour le Yémen », a indiqué ce chef des Houthis.

« Pour les autres pays, incluant la Chine et la Russie, leur transport maritime dans la région n'est pas menacé. D'ailleurs, nous sommes même prêts à assurer le passage sécurisé de leurs navires en mer Rouge », a assuré Mohammed al-Bukhaiti.

Rien de surprenant si l'on songe que l'Iran, qui soutient les Houthis, est proche de Moscou et de Pékin. Depuis mi-novembre, les Houthis ont mené une trentaine d'attaques en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden, affirmant y cibler des navires se dirigeant vers Israël en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

En pouvant emprunter la mer Rouge et donc le canal de Suez, les navires russes et chinois évitent ainsi de passer par l'Afrique du Sud et gagnent ainsi entre 10 et 20 jours de trajet par rapport aux navires qui préfèrent éviter la mer Rouge pour des raisons de sécurité. Mais cette nouvelle route est beaucoup plus coûteuse et commence à perturber les chaînes d'approvisionnement.

Escalade

Ce vendredi, les rebelles yéménites ont revendiqué des frappes contre un navire marchand américain circulant dans le Golfe d'Aden,  qui n'a toutefois pas fait de dommage selon Washington.

« Les forces navales des forces armées yéménites (nom que se donne la branche armée des Houthis, ndlr) ont mené une opération ciblée contre un navire américain, le Chem Ranger, dans le Golfe d'Aden avec plusieurs missiles antinavires dont certains ont touché leur cible », ont-ils affirmé dans un communiqué.

Le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a confirmé l'attaque, mais avec « deux missiles », le navire marchand Chem Ranger sans toutefois l'atteindre comme le prétendent les rebelles.

L'équipage « a vu les missiles toucher l'eau près du navire » et « il n'a pas été fait état de blessés ou de dommages », a ajouté le Centcom. Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Chem Ranger est un pétrolier américain battant pavillon des îles Marshall qui se trouvait ces derniers jours au large des côtes du Yémen. De son côté, l'agence de sécurité maritime britannique (UKMTO) a fait état d'un incident à 115 milles nautiques au sud-est de la ville d'Aden avec une explosion à 30 mètres du navire et précisé qu'un drone avait volé à proximité.

Les Etats-Unis ont frappé jeudi pour la cinquième fois des sites des Houthis au Yémen.

Plus précisément, Washington a dit avoir frappé des missiles Houthis. « Nous pensons qu'ils étaient prêts à être lancés de manière imminente en mer Rouge », a expliqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby.

La porte-parole adjointe du ministère de la Défense, Sabrina Singh, a dit que ces bombardements, entamés en fin de semaine dernière et parfois menés avec le Royaume-Uni, ont pu « détruire une part importante des capacités » des Houthis.

Moscou appelle Washington à cesser leur  « agression » contre le Yémen

A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères a toutefois appelé les Etats-Unis à cesser leur « agression » contre le Yémen. « Plus les Américains et les Anglais bombardent, moins les Houthis voudront parlementer », a dit Sergueï Lavrov.

Les bombardements américains de jeudi étaient les seconds en moins de 24 heures sur des missiles des Houthis, groupe remis mercredi par Washington sur une de ses listes d' « organisations terroristes ».

La France veut éviter l'escalade

Le président américain Joe Biden a déclaré d'ailleurs cette semaine que ces frappes continueraient tant que les Houthis perturberont le commerce maritime international.

Face à ces attaques, les Etats-Unis ont mis sur pied une coalition pour patrouiller au large du Yémen et protéger le trafic maritime.  Tous les pays de cette coalition ne participent pas aux frappes mais le Danemark, berceau du N.2 du transport maritime mondial Maersk, a annoncé jeudi qu'il allait s'y joindre. La France a, elle, décidé de ne pas y participer « pour éviter toute escalade » dans la région, selon son président Emmanuel Macron.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 19/01/2024 à 17:16
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"bateaux russes et chinois " et comme tous les cargos naviguent sous pavillons de complaisance allez savoir qui est qui ?

le 19/01/2024 à 19:05
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@Idx. Rassurez-vous, les "qui est qui" sont parfaitement identifiables via les ports, les armateurs, les assurances de transport, et le fret maritime transitant d'un point A à destination d'un point B ou C. Le pavillon n'est qu'une hypocrisie pour le...

à écrit le 19/01/2024 à 9:51
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De toute façon, on n'a plus les moyens de participer à cette coalition : manque de missiles et de canons anti-aériens, de navires, d'avions de surveillance... Au fait, on ne voulait pas lancer une coalition internationale contre le Hamas, récemment ?...

à écrit le 19/01/2024 à 9:21
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Ah bon? On finirait presque par croire que c'est pilote par les russes pour mobiliser les armes de lotan la bas..boh il suffirait de dire que si les bateaux occidentaux ne peuvent pas passer, les autres non plus, et les chinois trouveraient une solut...

le 19/01/2024 à 10:41
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Vous avez choisi un bien étrange pseudo , pourquoi diraient ils ca ,ils ne sont pas atlantistes Mais vous avez raison sur un point ,les Russes sont responsables des fortes pluies et de la neige aussi

à écrit le 19/01/2024 à 9:08
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.....il faudra aussi demander des comptes à Israël et sa folie à Gaza.

à écrit le 19/01/2024 à 8:22
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L'ÉGYPTE qui tire beaucoup de ses revenus des passages par le canal de Suez ne devrait pas rester immobile encore longtemps, ainsi que les petromonarchies du Golfe qui exportent leur pétrole par bateau.

à écrit le 19/01/2024 à 7:58
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C'est fragile quand même un bateau, et un avion ça l'est encore plus or des avions nous avons des centaines qui volent au dessus de nos têtes chaque jour, des cibles faciles et plus spectaculaires mais pourtant les Houthis ne s'y attaquent pas, seule...

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