Les États-Unis remettent les rebelles houthis sur leur liste « d'organisation terroriste »

Après leur avoir retiré ce « statut » pendant presque trois ans, les États-Unis ont à nouveau qualifié les rebelles yéménites houthis d'entité « terroriste » en raison des attaques qu’ils perpétuent en mer Rouge contre des navires marchands. L’armée américaine a, en représailles, mené des frappes contre eux au Yémen pour les inciter à arrêter. Reste que la milice n’en a pas l’intention pour le moment.
Des combattants houthis lors d'une manifestation contre les frappes militaires menées par les États-Unis au Yémen.
Des combattants houthis lors d'une manifestation contre les frappes militaires menées par les États-Unis au Yémen. (Crédits : KHALED ABDULLAH)

Les États-Unis collent de nouveau le terme d'entité « terroriste » aux Houthis, groupe militaire de rebelles du Yémen. Dans un communiqué ce mercredi 17 janvier, le secrétaire d'État américain l'a annoncé avec effet dans les 30 jours. Il s'agit de « faire en sorte que le groupe rende des comptes pour ses activités terroristes », a expliqué Antony Blinken, le secrétaire d'État américain.

Pour rappel, les Houthis mènent, depuis le mois de novembre, des attaques en mer Rouge. Ils y prennent pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël. Des actions qu'ils disent conduire en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, territoire pilonné et assiégé par l'armée israélienne depuis l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre.

« Si les Houthis cessent leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, les États-Unis réévalueront cette désignation », a précisé le chef de la diplomatie américaine.

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Cela faisait presque trois ans, depuis février 2021, que les États-Unis avaient retiré les Houthis de leur liste d' « organisations terroristes ». Ils avaient jugé à l'époque que cette désignation compliquait la réponse à une très grave crise humanitaire au Yémen, pays en guerre dont le groupe rebelle contrôle une bonne partie. Ils comptent toutefois continuer à venir en aide à la population yéménite (voir encadré ci-dessous).

Tentative d'intimidation américaine

En représailles des attaques en mer Rouge, les armées américaines et britanniques ont lancé une série de frappes ces derniers jours contre les Houthis. Les dernières en date ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi. Les forces armées américaines « ont mené des frappes sur 14 missiles des Houthis, soutenus par l'Iran, qui étaient prêts à être lancés depuis les zones contrôlées par les Houthis au Yémen », a écrit le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué publié sur X.

« Ces missiles sur des pas de tir représentaient une menace immédiate pour les navires marchands et les bâtiments de l'US Navy dans la région et auraient pu être lancés à n'importe quel moment, ce qui a déclenché l'intervention des forces américaines pour exercer leur droit et leur obligation inhérents à se défendre », a justifié le commandement américain.

Depuis décembre, les États-Unis, qui soutiennent militairement Israël, ont par ailleurs mis en place une force navale multinationale pour protéger les navires de la mer Rouge, voie de transit essentielle qui représente jusqu'à 12% du commerce mondial.

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Les rebelles rendent coup pour coup

Pour autant, pas de quoi faire bouger la stratégie des rebelles. Un de leur responsable a indiqué à al-Masirah, la chaîne des rebelles, que son groupe allait « continuer à cibler les navires qui se dirigent vers les ports de la Palestine occupée, quelles que soient les agressions américano-britanniques pour tenter de nous en empêcher ».

« Nous ne renoncerons pas à cibler les navires israéliens ou les navires se dirigeant vers des ports de la Palestine occupée », a également déclaré leur porte-parole, Mohammed Abdelsalam, dans une interview sur la chaîne Al Jazeera.

Quelques heures plus tard, les Houthis ont fait savoir qu'ils ont « tiré des missiles contre le navire américain Genco Picardy dans le golfe d'Aden », selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree. Dans un communiqué mercredi soir, le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué que le navire avait été visé par un drone, sans faire de victimes mais provoquant de légers dommages. Ce navire, battant pavillon des Iles Marshall, appartient et est opéré par les États-Unis, selon la même source.

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L'Iran dans le viseur

De son côté, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a sommé mercredi l'Iran de cesser de fournir armes et renseignements aux Houthis. Des responsables, notamment américains et israéliens, affirment depuis des mois que ce pays œuvre dans l'ombre et soutient les rebelles.

« L'Iran doit cesser de fournir aux Houthis des armes et des renseignements et user de son influence pour mettre fin aux attaques des Houthis dans la mer Rouge », a déclaré David Cameron sur X (ex-Twitter), expliquant avoir été « clair » à ce sujet lors d'un entretien avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian au Forum de Davos, en Suisse. « L'Iran doit également cesser d'utiliser la situation dans la région comme couverture pour agir de manière irresponsable et violer la souveraineté des autres », a-t-il ajouté.

L'Iran, qui soutient ouvertement les Houthis, dément toutefois leur fournir du matériel militaire. Il nie depuis toujours sur son implication, insistant sur le fait que les acteurs de « l'axe de la résistance » contre Israël agissent indépendamment de lui. Mais une saisie ce mardi de missiles de fabrication iranienne destinés aux rebelles a finalement montré le contraire.

Soutien maintenu à la population yéménite

Les États-Unis ont opté pour la qualification d'entité « spécialement désignée comme terroriste au niveau mondial », au lieu d' « organisation terroriste étrangère ». Il s'agit d'une sanction plus large interdisant les échanges, mais les États-Unis entendent maintenir le flot d'aide humanitaire au Yémen, a expliqué un responsable américain sous le couvert de l'anonymat. Plus des deux tiers de la population dépendent de cette aide, selon l'ONU

« Les Houthis doivent être tenus responsables de leurs actes, mais cela ne doit pas se faire aux dépens des Yéménites », a souligné Antony Blinken, précisant que des mesures seraient prises dans cette période de 30 jours « pour atténuer tout impact négatif » sur la population, confrontée à l'une des pires crises humanitaires au monde.

En parallèle, le département du Trésor va publier des licences autorisant certaines transactions liées notamment à la fourniture de nourriture, de médicaments et de carburant. Ces sanctions américaines ont pour effet de geler les avoirs éventuels des Houthis et de couper leurs sources de financement.

Plus d'une vingtaine d'organisations humanitaires ont fait part de leur « profonde inquiétude » face à la récente escalade au Yémen, mettant en garde contre ses conséquences sur ce pays dévasté par la guerre et qui est le plus pauvre de la péninsule arabique. Le pays est en proie depuis plus de huit ans à un conflit opposant le gouvernement, soutenu par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis. Il a connu une relative accalmie depuis un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'ONU en avril 2022.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 18/01/2024 à 8:54
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Ben suffit d'arrêter d'acheter tout ces produits de consommation et les houthis n'auront plus de cibles ! "Sans arme ni haine ni violence"Albert Spaggiari. Bizarre de systématiquement éviter les meilleures solutions.

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