Alors que les attaques des rebelles Houthis se poursuivent en mer Rouge contre des navires commerciaux, suscitant des répliques des Etats-Unis mais aussi du Royaume-Uni, la Russie a pris la parole, ce jeudi. « Le plus important maintenant est d'arrêter l'agression contre le Yémen, parce que plus les Américains et les Anglais bombardent, moins les Houthis voudront parlementer », a, ainsi, estimé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse à Moscou.
Ce n'est pas la première fois que Moscou hausse le ton : vendredi dernier, déjà, le Kremlin condamnait des frappes occidentales, les jugeant « illégitimes du point de vue du droit international », tout comme le président turc, Recep Tayyip Erdogan qui a dénoncé une réponse « disproportionnée ». De son côté, la Chine avait appelé les parties « à faire preuve de retenue ».
Les Houthis ont assuré qu'ils continueraient leurs attaques contre des navires en mer Rouge
Pour rappel, les rebelles Houthis, en guerre depuis près d'une décennie contre le gouvernement yéménite, ciblent des navires marchands qu'ils estiment liés à Israël au large du Yémen, en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. Des actions qu'ils disent conduire en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, territoire pilonné et assiégé par l'armée israélienne depuis l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre.
La multiplication de ces attaques a provoqué ces derniers jours, en réponse, des frappes américaines et britanniques, visant notamment près de 30 sites au Yémen la semaine dernière. Et la sortie de Sergueï Lavrov intervient que les rebelles Houthis ont annoncé ce jeudi que les forces américaines et britanniques avaient lancé une quatrième série de frappes au Yémen, tout en assurant qu'ils continueraient leurs attaques contre des navires en mer Rouge. « L'agression américano-britannique a ciblé les gouvernorats d'Hodeida, Taëz, Dhamar, Al-Bayda et Saada », a indiqué la chaîne des rebelles al-Masirah. « Nous allons continuer à cibler les navires qui se dirigent vers les ports de la Palestine occupée, quelles que soient les agressions américano-britanniques pour tenter de nous en empêcher », a déclaré un responsable des Houthis au même média.
L'armée américaine a assuré quant à elle avoir frappé au sol 14 missiles des Houthis au Yémen afin de « protéger » la navigation dans la région, la quatrième salve de tirs des Occidentaux contre ces rebelles pro-Iran en une semaine. « Ces missiles sur des pas de tir représentaient une menace immédiate pour les navires marchands et les bâtiments de l'US Navy dans la région et aurait pu être lancés à n'importe quel moment », a écrit le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter).
Par ailleurs, mercredi, Washington a une nouvelle fois qualifié d'entité « terroriste » les Houthis afin de « faire en sorte que le groupe rende des comptes pour ses activités terroristes », selon le secrétaire d'Etat Antony Blinken. En 2021, pour faciliter l'aide humanitaire, les Etats-Unis avaient retiré les Houthis de leur liste « d'organisations terroristes ».
Le Danemark rejoint la coalition
De son côté, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a sommé l'Iran mercredi de cesser de fournir armes et renseignements aux rebelles Houthis au Yémen, accusant Téhéran de servir de la crise au Proche-Orient comme excuse pour « violer la souveraineté » d'autres pays.
« L'Iran doit cesser de fournir aux Houthis des armes et des renseignements et user de son influence pour mettre fin aux attaques des Houthis dans la mer Rouge », a déclaré David Cameron sur X (ex-Twitter), expliquant avoir été « clair » à ce sujet lors d'un entretien avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian au Forum de Davos (Suisse).
Dernière actualité en date, le Danemark a annoncé ce jeudi vouloir rejoindre la coalition américano-britannique. Copenhague, qui avait déjà annoncé envoyer une frégate, contribuera à la coalition avec un officier d'état-major qui participera à la planification des opérations. « Il ne s'agit pas d'un pseudo-travail militaire. C'est une situation sérieuse dans laquelle le Danemark affirme qu'il assumera également la responsabilité politique de mettre un terme à ce qui se passe, » a insisté le ministre de la Défense Troels Lund Poulsen. Berceau de l'armateur Maersk, numéro deux du transport maritime mondial qui a provisoirement arrêté de transiter par la Mer rouge, le Danemark est particulièrement actif en termes de sécurité maritime.
La France a, elle, décidé de ne pas se joindre aux frappes de la coalition, qui outre les Etats-Unis et le Royaume-Uni compte l'Australie, Bahrein, le Canada et les Pays-Bas, « pour éviter toute escalade » dans la région, a dit mardi le président français Emmanuel Macron.
(Avec AFP)
