Turquie : l'inflation reste stable en octobre, mais le pays reste englué dans la crise

Après plusieurs mois d'instabilité, l'inflation est restée stable au mois d'octobre en Turquie. Mais le pays est toujours empêtré dans une grave spirale inflationniste. Derrière, une crise sociale qui s'accentue.
Le président turc a été réélu en mai dernier en s'engageant à endiguer la crise inflationniste que connaît le pays depuis plusieurs années.
Le président turc a été réélu en mai dernier en s'engageant à endiguer la crise inflationniste que connaît le pays depuis plusieurs années. (Crédits : PRESIDENTIAL PRESS OFFICE)

Après plusieurs mois d'instabilité, l'inflation est restée stable autour de 61% sur un an au mois d'octobre en Turquie. Selon des données économiques publiées ce vendredi par les autorités turques, la hausse des prix à la consommation, alimentée notamment par la dépréciation de la livre turque, a très légèrement baissé en octobre, à 61,36%. Pour rappel, elle avait atteint 61,5% en septembre.

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Le chef de la banque centrale turque, Hafize Gaye Erkan, a estimé jeudi que l'inflation pourrait atteindre 65% fin 2023 et baisser à 36% fin 2024. Quoique élevés, les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui calculent la hausse des prix à la consommation à 126,18% en glissement annuel en octobre.

Un taux directeur à... 35%

Depuis les élections de mai et la reconduction au pouvoir du président Erdogan, la nouvelle équipe à la tête de la Banque centrale et du ministère de l'Economie a fait remonter le taux directeur de 8,5 à 35%, afin de tenter de réduire l'inflation. Il s'agit du plus haut niveau depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, en 2003. Mercredi dernier, ce dernier a assuré devant le parlement turc que son gouvernement « lutte contre l'inflation sur tous les fronts ». « Il faut du temps pour voir les effets des mesures prises se répercuter sur la vie quotidienne des gens », a-t-il ajouté.

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Le président turc a été réélu en mai dernier en s'engageant durant sa campagne à ne jamais autoriser la banque centrale à relever son taux directeur tant qu'il serait président. Il a cependant changé de cap, en nommant une nouvelle équipe d'économistes respectés, formés à Wall Street et dans le privé, chargés de sortir la Turquie de la crise.

Instable, la livre turque érode les exportations

La banque centrale aurait, selon les estimations, dépensé plus de 200 milliards de dollars pour tenter de soutenir la livre turque au cours des deux dernières années. Les nouveaux responsables de l'économie et des finances, en poste depuis juin, ont décidé de laisser la monnaie s'affaiblir afin d'alléger la pression sur ses réserves.

Mais les analystes considèrent aussi que les interventions répétées sur la monnaie commençaient également à éroder la compétitivité des principales exportations turques. La livre turque est passée de 20 livres pour un dollar, au moment de la réélection d'Erdogan, à plus de 28 dollars jeudi dernier.

« Il semble que la banque centrale ait actuellement bloqué la livre turque, avec un objectif probable d'environ 30 livres pour un dollar à la fin de l'année », a estimé la banque ING, dans une note récente.

La banque centrale turque reste également attentive aux risques géopolitiques pesant sur les perspectives d'inflation, sur les prix du pétrole, sans toutefois évoquer directement le conflit opposant le Hamas et Israël.

Une crise sociale qui s'aggrave

Prise dans une spirale dévaluation-inflation, la Turquie voit son coût de la vie devenir de moins en moins supportable pour ses citoyens. La situation est telle qu'elle provoque, entre autres, une véritable envolée des loyers, générant des conflits de voisinage violents.

Selon les médias turcs, onze personnes ont été tuées et au moins quarante-six blessées en un an dans de violents conflits entre locataires et propriétaires. Les loyers ont augmenté en moyenne de 121% sur un an en Turquie, une hausse qui atteint 188% dans certaines grandes villes comme Ankara, la capitale, selon une étude publiée en août par l'université de Bahçesehir.

Face à la gronde des locataires, l'exécutif a plafonné la révision des loyers à 25% pour les logements, alignée sur le taux officiel de l'inflation pour les commerces. Mais, selon des experts, cette mesure n'a fait qu'aggraver les tensions. Elle pousse de nombreux propriétaires à chercher par tous les moyens, parfois frauduleux, à se débarrasser de leurs locataires pour relouer à meilleur prix.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 20/11/2023 à 21:46
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Aujourd'hui 20 novembre 2023 la Turquie devient le risée du monde , car sa monnaie subit une dévaluation record . Et ce n'est pas fini à cause de l'incompétence en économie de son président. Il précipite le pays dans la misère et la catastrophe. Domm...

à écrit le 20/11/2023 à 21:41
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Baisse record de la livre qui s'effondre dramatiquement. Le pays souffre de l'incompétence en économie de son président. C'est une catastrophe ! Mais il n'écoute personne et pense avoir raison contre TOUS les autres. Jusqu'où les Turcs sont-ils prêt...

à écrit le 03/11/2023 à 20:35
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La Turquie est victime de sa croissance démographique excessive

à écrit le 03/11/2023 à 12:32
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"Très légèrement baissé "! C'est peu dire 😊

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