Attentat à Ankara : « la Turquie n'attend plus rien de l'Union européenne », affirme Erdogan

Quelques heures après l'attaque suicide contre le siège de la police et le ministère de l'Intérieur dans la capitale turque, le président Recep Tayyip Erdogan a ciblé les « terroristes » et l'Union européenne dans ses propos. Si l'attentat n'a pas été revendiqué, la question se pose sur un lien éventuel entre la proposition d'adhésion de la Suède à l'Otan, en discussion au Parlement turc, et la cause kurde, en conflit ouvert avec Ankara.
Le président turc Recepp Tayyip Erdogan.
Le président turc Recepp Tayyip Erdogan. (Crédits : SPUTNIK)

La fébrilité est palpable en Turquie, où la crise économique marquée par une inflation record, se mêle à des attaques d'ordre politiques. Quelques heures après un attentat suicide non revendiqué qui a fait deux blessés au coeur de la capitale, Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait un parallèle pour le moins surprenant. Le leader turc a mis en garde dimanche les « terroristes » et l'Union européenne, qui le fait  « patienter depuis 40 ans ».

« La Turquie n'attend plus rien de l'Union européenne qui nous fait patienter à sa porte depuis 40 ans », a affirmé le chef de l'Etat devant la séance inaugurale du Parlement.

Et d'ajouter : « Nous avons tenu toutes les promesses que nous avons faites à l'UE mais eux, ils n'ont tenu presque aucune des leurs » a-t-il dénoncé en ajoutant qu'il ne « tolèrera pas de nouvelles exigences ou conditions au processus d'adhésion » de la Turquie.

« S'ils ont l'intention de mettre fin au processus d'adhésion qui n'existe que sur le papier, c'est leur décision ».

En revanche, il n'a fait aucune mention du processus d'adhésion de la Suède à l'Otan, que les députés sont supposés valider lors de cette législature.

M. Erdogan maintient une position ambigüe en faisant valoir que le Parlement est souverain et que lui seul peut décider, ou non, de lever ce véto.

Depuis mai 2022, la Turquie traine des pieds pour confirmer l'entrée de ce pays scandinave en arguant de sa clémence envers les « terroristes » et les mouvements kurdes.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a rapidement assuré dans un communiqué que son pays « confirme une fois de plus son engagement en faveur d'une coopération à long terme avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme ».

De nombreux responsables étrangers ont également apporté leur soutien à la Turquie, exprimant leur « solidarité » et condamnant l'attaque, à commencer par l'union Européenne : Charles Michel le président du Conseil européen, s'est dit « choqué ». L'Allemagne, le Royaume Uni, la France et l'Arabie Saoudite, ainsi que l'ambassade des Etats-Unis à Ankara ont également condamné l'attentat.

Le manque de libertés en Turquie

La colère du président découle d'un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme qui a épinglé cette semaine la Turquie pour avoir condamné un homme pour terrorisme, sur la seule base de son utilisation de l'application de messagerie cryptée ByLock.

M. Erdogan s'exprimait quelques heures après une attaque suicide visant le siège de la police et le ministère de l'Intérieur, lors de laquelle les deux assaillants ont trouvé la mort.

« Les scélérats qui menacent la paix et la sécurité des citoyens n'ont pas atteint leurs objectifs et ne les atteindront jamais », a-t-il martelé.

Deux policiers ont été blessés, mais leurs jours ne sont pas en danger, selon le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, qui a précisé devant la presse que l'un des deux assaillants s'est fait exploser et que l'autre a été abattu « d'une balle dans la tête ».

Le siège de la police visé, situé dans la même enceinte du ministère de l'Intérieur, se trouve à proximité du parlement.

L'explosion de forte puissance a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde : une vidéo enregistrée par une caméra de surveillance montre un véhicule gris qui se gare lentement devant le siège de la police. Le passager avant en sort et s'avance arme à la main, tire et se fait exploser devant la guérite du policier en faction.

Un deuxième homme s'élance à son tour mais disparait de l'image avant d'être tué par la police.

La cause kurde en comun

Ankara a été le théâtre de très nombreux et violents attentats au cours des années 2015-2016 revendiqués par les séparatistes kurdes du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ou par le groupe Etat islamique.

Lors du dernier en date, en mars 2016, une voiture piégée dans le quartier central de Kizilay, avait fait 38 morts et 125 blessés. L'attaque avait été attribuée au TAK, un petit groupe radical proche du PKK.

En octobre 2015, un attentat devant la gare centrale d'Ankara attribué à l'EI avait fait 109 morts.

Le dernier attentat enregistré sur le territoire turc le 13 novembre 2022 , dans une artère commerçante d'Istanbul (six morts, 81 blessés), n'avait pas été revendiqué mais avait été attribué au PKK par les autorités.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 02/10/2023 à 8:36
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C'est bien mieux vaut tard que jamais, s'ils nous avaient demandé à nous autres citoyens européens nous lui aurions dit bien plus tôt par contre, dommage d'avoir perdu tout ce temps !

à écrit le 02/10/2023 à 7:41
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Bonjour, Non seulement nous n'attendons plus rien de se pays , mais ils y a bien longtemps que nous avons compris la démarche de Mr erdogan et de sont gouvernement... Malheureusement, la victime de ses agissements est le peuple turc... Honte a c...

le 02/10/2023 à 12:38
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Qu'il ne vous plaise pas, ça se comprend. Mais il a été réélu démocratiquement : il faut respecter ça. Ce n'est pas à vous de décider à la place du peuple turc. Et j'ai bien peur que M. Erdogan ait raison : l'Europe a snobé la Turquie, qui est un gr...

à écrit le 02/10/2023 à 3:14
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La courte vue des blogueurs de la Tribune qui ignorent le global des echanges entre la Turquie et la France. Continuez de creuser...

le 02/10/2023 à 5:37
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En quoi aurions nous besoin en France de la Turquie. Cette entité politique ne sert à quoi? On peut avoir des relations, prendre en compte le fait qu’elle existe, mais après…

à écrit le 02/10/2023 à 2:36
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"la Turquie n'attend plus rien de l'Union européenne" Nous non plus !

à écrit le 01/10/2023 à 22:56
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La Turquie a rempli ses «  promesses » lol: droits des minorités, droit des femmes, des lgbt , luttes contre les trafics d armes de drogues de corruption etc r’etc..1avev un disque dur moyen aveux qu il garde ses paysans x Anatolie … moi je boycotte...

à écrit le 01/10/2023 à 17:49
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Tchao.

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