Olivier Wigniolle, directeur général d'Icade
Nous sommes soumis à l'inflation des coûts de construction, que nous devons intégrer dans le prix des chantiers et la hausse des taux d'intérêt, qui sont passés de 1 à 2%. Cela impacte le pouvoir d'achat immobilier de nos clients. Mais paradoxalement, ils ont tendance à accélérer leurs achats, de crainte d'une remontée encore plus importante des taux. En post confinement, les Français ont une appétence de logement de qualité, cela explique que nous n'ayons plus de stocks à vendre et que nous ayons augmenté les réservations de 19% par rapport à la période d'avant crise.
Le logement est le premier poste de dépense des Français. Pour les 15% ayant les revenus les plus bas, c'est 40% du budget. La principale mesure de la future loi sur le pouvoir d'achat est le plafonnement de l'augmentation des loyers à 3,5%, inférieur à l'inflation. Comme 40% des Français sont locataires, cette mesure n'aura pas d'impact sur le pouvoir d'achat des 60% de propriétaires et peut avoir un effet négatif sur l'investissement. Car les charges liées au logement explosent au moment où on demande aux propriétaires de faire un effort de rénovation. Dans le passé, les blocages de loyers n'ont conduit qu'à la dégradation du patrimoine. Il y a 700.000 logements à rénover, mais on risque de ne pas trouver les matériaux, les entreprises et la main œuvre pour les réaliser.
Nous avons la conviction que l'inflation des prix des logement vient du manque d'offre. On doit produire pour mieux loger et faire baisser les prix. Il faudrait plus de permis de construire, construire avec plus de densité, transformer des bureaux en logements, des thèmes qu'on essayera de porter au nouveau ministre du logement, Olivier Klein, qui est un grand connaisseur du secteur.