Semaine symbolique pour le village olympique, qui sera inauguré jeudi par Emmanuel Macron et dont les clés seront remises à Paris 2024 le lendemain. Pendant les JO et les Paralympiques, les athlètes et leur staff - soit 23500 personnes - y logeront. Après les Jeux, ce nouveau quartier, à cheval sur trois communes (Saint-Denis, Saint- Ouen et L'Île-Saint-Denis), doit accueillir 6 000 habitants, une résidence étudiante, des commerces, des bureaux...
LA TRIBUNE DIMANCHE - Pour la ville de Saint-Denis, cette inauguration est-elle une simple étape ou un aboutissement ?
MATHIEU HANOTIN - C'est d'abord une réussite : nous avons tenu nos engagements. Nous allons accueillir les athlètes du monde entier dans les meilleures conditions possibles. Cette qualité est évidemment un gage de réussite pour la suite de notre projet urbain. La dynamique olympique à Saint-Denis, c'est une nouvelle école, des crèches, des gymnases, des lignes à haute tension enterrées qui permettent de nouvelles constructions, un parc de 3 hectares, un centre aquatique exceptionnel. Ce sont aussi des reconnexions dans une ville fracturée à cause d'un canal, de voies ferrées et d'autoroutes. Six nouveaux ponts ou passerelles ont déjà été construits dans la séquence.
Attendez-vous une transformation complète de Saint-Denis ?
Je n'ai jamais pensé que les JO pouvaient régler tous les problèmes d'une ville. En revanche, ils offrent une opportunité exceptionnelle pour accélérer les transformations et mettre ces changements en lumière. Cette question d'image, c'est absolument crucial. Saint-Denis peut ne plus être perçu comme un territoire de relégation, mais être vu comme une ville qui devient plus sûre et accueillante, avec des commerces, un centre-ville rénové, une police municipale très présente.
Quels enseignements pouvez-vous tirer de l'héritage des Jeux de Londres en 2012 ?
Ce que nous vivons n'est pas très éloigné de ce qu'ont vécu les banlieues de Stratford ou Newham. J'ai discuté de la question de l'héritage avec le maire de Londres, comme d'ailleurs avec celui de Barcelone. Il en ressort que le principal, c'est la fierté retrouvée.
À l'image de Londres, existe-t-il un risque de gentrification, symbolisé par les futurs logements coûteux du village ?
Le risque pour Saint-Denis n'est pas celui de la gentrification, mais celui de la paupérisation massive. La ville compte seulement 6 % de CSP+, le taux de pauvreté continue de monter. Saint-Denis, c'est 52 % de logements sociaux et 20 % de l'habitat privé jugé indigne. Le pacte républicain, c'est d'avoir aussi des logements pour ceux qui ont plus de moyens.
Même sans billet, les habitants profiteront-ils des Jeux ?
On veut tout faire pour leur donner l'envie de rester pendant cette fête, et qu'ils vivent un été dont ils se souviendront dans vingt ans. Nous présenterons notre stratégie le 24 avril. Il y aura beaucoup d'animations. Notre capacité à accueillir le monde sera déterminante. Nous devons faire en sorte que les 15 millions de visiteurs deviennent ambassadeurs de Paris et de Saint-Denis.