PODCAST "Le profit pour tous", la dernière idée de "Bruno Le Marx"

HISTOIRES ECONOMIQUES. Le « dividende salarié » vient d'être relancé par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : BENOIT TESSIER)


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C'est une vieille idée d'inspiration gaulliste : réconcilier le capital et le travail. Bruno Le Maire l'a évoqué à dessein car il veut éviter la ré-indexation des salaires sur les prix.

La solution, déjà évoquée pendant la campagne d'Emmanuel Macron, serait donc de proposer un nouveau partage de la création de richesse entre les actionnaires et les salariés.

Bruno Le Maire évoque une troisième voie, complémentaire des salaires : ce serait « le profit pour tous et pas pour quelques-uns » a-t-il dit avec un enthousiasme suspect. Parce que le capital et le travail, ce n'est pas la même chose. Le dividende récompense les actionnaires pour le risque qu'ils prennent, car le capital peut disparaître ; le salaire rémunère le travail, qui peut lui aussi disparaître si l'entreprise est mal gérée.

Le patronat n'aime pas trop cet oxymore macronien, le « dividende salarié », et craint une usine à gaz.. C'est un sujet sensible dans les TPE ou les PME où le dirigeant se verse souvent un complément de rémunération sous forme de dividende.

Les syndicats ne sont pas très chauds non plus. Ils ont peur que le versement de primes aléatoires ne se substitue à la hausse des salaires, et que ce dispositif rapporte moins à la protection sociale.

A quoi ressemblerait ce dividende salarié ?

Le principe est simple, voire simpliste : il suffirait de décider que quand une entreprise verse un dividende, elle doit "en même temps" récompenser ses salariés. L'intérêt, c'est de ne pas augmenter les coûts fixes pour l'entreprise, en faisant le lien avec les résultats réalisés.

Mais cela reste encore très confus. Le gouvernement renvoie à une convention début 2023 sur le  partage de la valeur.

On ne sait pas très bien sur quel levier Bruno Le Maire entend agir : s'agit-il d'améliorer encore les mécanismes existants, comme l'intéressement, la participation ou l'actionnariat salarié ? Ou de pérenniser des primes défiscalisées comme la prime Macron

Et qui serait concerné ? le secteur privé bien sûr, mais quid du secteur public ? Comment éviter de créer de nouvelles inégalités ?

Selon Bercy, près d'1 salarié du privé sur 2 touche en moyenne 1500 euros de participation et 1909 euros d'intéressement quand il existe un accord. Mais l'autre moitié ne touche rien. Comment faire pour généraliser ces mécanismes dans les TPE et les PME ? Le mystère reste entier.

Une fausse bonne idée ?

On peut surtout craindre une entourloupe, dont le seul objectif est de gagner du temps. Car si tout va bien, l'inflation refluera en 2023 et 2024... Mais cela reste très incertain.

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Philippe Mabille
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