7 octobre 2023- 7 février 2024. Ce mercredi, cela fera quatre mois jour pour jour que les attaques du Hamas en Israël ont eu lieu. C'est cette date que l'Élysée a choisie pour rendre un hommage national aux 42 victimes françaises du massacre perpétré par l'organisation islamiste. Selon nos informations, la cérémonie se tiendra de 12 heures à 13 heures à l'hôtel national des Invalides, où 1 000 personnes sont attendues, parmi lesquelles 150 représentants des familles des victimes mais aussi le président, le gouvernement, les anciens présidents de la République, anciens Premiers ministres, présidents de l'Assemblée et du Sénat, chefs de partis politiques, présidents des groupes parlementaires... comme le veut le protocole en cas d'hommage républicain. « La philosophie de tout cela, c'est que la France rend hommage à ses enfants », résume-t-on à l'Élysée. Ni le Premier ministre Benyamin Netanyahou ni le président israélien, Isaac Herzog, ne seront en revanche présents, retenus officiellement par l'actualité israélienne.
Emmanuel Macron se rendra d'abord dans le jardin de l'Intendant, où il déposera une gerbe devant la statue fontaine dédiée aux victimes du terrorisme. La cérémonie se tiendra ensuite dans la grande cour d'honneur. Elle débutera par l'entrée des portraits photographiés des 42 victimes, la plupart ayant été enterrées en Israël. Le président prononcera un discours de dix à quinze minutes, puis le cortège des portraits des victimes quittera la cour et devrait être suivi par Emmanuel et Brigitte Macron.
« Le 7 octobre, c'est aussi un choc français »
Le couple présidentiel recevra ensuite les familles des victimes à l'hôtel national des Invalides, dans un endroit aménagé pour l'occasion. Le président avait déjà échangé plusieurs fois avec certaines d'entre elles lorsqu'il s'était rendu en Israël fin octobre, puis par visioconférence. La mère de Mia Schem, otage franco-israélienne de 21 ans libérée de 30 novembre, avait été reçue par Brigitte Macron au lendemain de la libération de sa fille. À l'Élysée, ce sont le conseiller intérieur et sécurité d'Emmanuel Macron, Frédéric Rose, et son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, qui pilotent principalement les opérations.
Un avion sera spécialement affrété mardi par l'Élysée depuis Israël pour les familles des victimes. En France, elles seront prises en charge par la délégation interministérielle de l'aide aux victimes et hébergées dans des hôtels parisiens avant de reprendre l'avion pour Israël jeudi. À leur arrivée mardi, quatre familles de victimes donneront une conférence de presse.
La France est le seul pays européen à organiser un hommage national. Il faut dire qu'aucun autre pays ne dénombre autant de morts. C'est l'attentat le plus meurtrier depuis celui du 14 juillet 2016 à Nice, où l'attaque d'un terroriste islamiste au camion-bélier avait fait 86 morts sur la promenade des Anglais. « Le 7 octobre, c'est aussi un choc français. Il faut faire entrer dans la mémoire nationale le destin de ces 42 personnes assassinées pour ouvrir une porte de conscience, plaide le président du Crif, Yonathan Arfi. J'espère que ce moment-là va rattraper le temps perdu. »
Le temps perdu, ce sont ces quatre mois passés entre les faits et l'hommage. Une attente qui a provoqué une certaine interrogation dans la communauté juive, d'autant plus qu'Emmanuel Macron avait fait le choix de ne pas participer à la grande marche contre l'antisémitisme qui avait rassemblé le 12 novembre plus de 180 000 personnes en France. Cinq jours plus tard, lors des deuxièmes rencontres de Saint-Denis, où le président réunissait tous les partis politiques, il assurait alors qu'un hommage se tiendrait une fois que tous les otages seraient libérés. Mais ce jour-là n'est pas - encore - arrivé. Quatre otages français ont été libérés et trois sont encore détenus par l'organisation islamiste. Leurs familles seront également présentes mercredi aux Invalides. « Il y a eu un entrechoquement entre l'espérance de certains et le deuil des nôtres, entre le temps de l'espoir et celui du désespoir », résume Haïm Korsia, le grand rabbin de France.
La présence des Insoumis contestée
Les personnes conviées à cette cérémonie ont reçu vendredi leur carton d'invitation. Mardi, plusieurs familles de victimes ont adressé un courrier à Emmanuel Macron, demandant que la présence de La France insoumise (LFI) soit « interdite ». « Les collègues doivent avoir la décence de ne pas aller à un endroit où leur présence ajouterait de la douleur aux familles des victimes. Il ne faut pas ajouter du malheur au malheur », considère la députée Renaissance Constance Le Grip, présidente du groupe d'études sur l'antisémitisme à l'Assemblée nationale. Mais l'Élysée a envoyé ses invitations sans distinction de l'appartenance politique. « Les familles ont été meurtries par des propos qui ne sont ni excusables ni acceptables. On comprend leur colère. Mais c'est une cérémonie républicaine, donc on invite tout le monde, se justifie-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron. À chacun de se poser les bonnes questions. »
La lettre des familles de victimes a été disséquée à LFI, où l'on se questionnait en fin de semaine sur la réponse à y apporter. « Ils nous prêtent des intentions qui ne sont pas les nôtres », assure-t-on au groupe parlementaire. Officiellement, plusieurs personnalités Insoumises sont invitées, comme le veut le protocole : la présidente du groupe parlementaire, Mathilde Panot, le coordinateur national du parti, Manuel Bompard, la vice-présidente de l'Assemblée nationale Caroline Fiat, ainsi que les six députés LFI de Paris, dont Danièle Obono, qui avait qualifié le Hamas de « mouvement de résistance ».