![Gabriel Attal ce samedi à Matignon.](https://static.latribune.fr/full_width/2379058/gabriel-attal.jpg)
LA TRIBUNE DIMANCHE - Le projet de loi sur la fin de vie arrive en discussion demain à l'Assemblée. Les députés de la commission spéciale ont modifié la définition de la maladie mortelle. Vous refusez cette réécriture. Pourquoi ?
GABRIEL ATTAL - Il n'y a pas de sujet plus sensible et plus intime. Les Français attendent une évolution depuis des années. Ce texte est un progrès majeur, je le présente comme tel, et je suis très à l'aise avec sa version initiale. Les conditions sont strictement encadrées : être majeur, français, en capacité d'exprimer son choix avec discernement jusqu'à la dernière étape, être atteint d'une maladie grave et incurable avec un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme et des souffrances physiques ou psychologies réfractaires aux traitements. La commission spéciale a modifié la notion de pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Or, en évoquant selon ses termes uniquement une « phase avancée ou terminale de la maladie », cela peut conduire à inclure de nombreuses pathologies non mortelles qui sortent de la philosophie du texte. Le gouvernement proposera donc d'y revenir.
Cela veut dire que votre version du texte est intouchable ?
Une loi intouchable, ça n'existe pas. C'est le Parlement qui vote la loi. La responsabilité du gouvernement, c'est de chercher à garantir l'équilibre issu des longs mois de concertation et des travaux de la convention citoyenne.
Le sujet divise dans chaque camp, le débat traverse tous les partis. Avec quelle majorité ce texte serait-il adopté ?
Ce sujet fait appel à la conscience de chacun et je crois que tous les groupes parlementaires ont prévu la liberté de vote. La majorité présidentielle est très largement rassemblée derrière l'équilibre proposé par le gouvernement.
C'est un combat entre les modernes progressistes et les conservateurs religieux ?
Je ne caricature pas et je n'instrumentalise pas ce débat. Il est ici question de la conscience philosophique ou spirituelle de chacun, de ses expériences personnelles, je ne stigmatiserai jamais qui ce que soit pour ses positions.
De nombreux soignants refusent que les médecins administrent une substance létale. Pourraient-ils être totalement tenus à l'écart du processus ?
Les médecins et personnels soignants sont au cœur du sujet et nous continuerons de construire la loi avec eux. Il est prévu dans le texte du gouvernement que le malade s'administre lui-même le produit létal et que, s'il n'est pas en capacité de le faire, un tiers puisse le faire. Je rappelle qu'il y a aussi dans ce texte une clause de conscience qui protège les médecins.
Dans combien de temps un patient en fin de vie pourra-t-il faire valoir ce nouveau droit ?
Nous avons donné du temps à la discussion, la procédure d'urgence n'a pas été retenue. Il y aura plusieurs passages à l'Assemblée et au Sénat. Dans l'année qui vient, ce texte continuera à mûrir et être précisé par les débats. Il s'appliquera dans la foulée.