Gérald Darmanin s'apprête à regarder de l'autre côté. Ces dernières semaines, il a d'abord porté son attention sur Les Républicains afin de faire en sorte que son projet de loi sur l'immigration soit adopté au Sénat. Ce sera le cas mardi. Le ministre de l'Intérieur va donc désormais se concentrer sur la majorité dans la perspective de l'examen de son texte à l'Assemblée à compter du 11 décembre. Celui-ci a été très largement réécrit et durci par les sénateurs LR. Le locataire de la Place Beauvau va devoir gérer ces modifications et ajouts, qui passent mal auprès de l'aile gauche de la Macronie et du MoDem.
Au Sénat, la majorité, composée des Républicains et des centristes, avait un chiffon rouge : l'article 3, qui concernait la régularisation de clandestins travaillant dans des secteurs en tension. S'il a été supprimé, le principe figure toujours néanmoins dans la loi, davantage encadré et concentré entre les mains des préfets. Au passage, les sénateurs ont ajouté ce qui est devenu un chiffon rouge au sein de la majorité macroniste à l'Assemblée nationale : la suppression de l'aide médicale d'État (AME), remplacée par une aide médicale d'urgence.
Bonneteau et troc
Face à cela, Gérald Darmanin va donc, lui, jouer au bonneteau. Il va se servir du second chiffon rouge pour tenter de faire accepter par les députés de son camp la réécriture de l'article 3 à laquelle a procédé la majorité au Sénat. C'est pourquoi, après s'être dans un premier temps prononcé en faveur de la suppression de l'AME, il défend dorénavant son maintien. Ce troc peut-il marcher ? « À l'Assemblée, nous rétablirons le texte ambitieux de l'exécutif, tout le texte de l'exécutif », a prévenu Sacha Houlié, le président Renaissance de la commission des lois au Palais-Bourbon, dans Le Figaro. « Sacha Houlié a ses convictions ; le ministre les respecte mais l'invite à trouver un compromis pour faire adopter ce texte sans 49.3 », réplique-t-on Place Beauvau, où l'on se veut optimiste malgré la sensibilité du sujet migratoire au sein de la Macronie. L.V.