Incohérences sur Frontex
Le 4 octobre 2023 à Strasbourg, à l'occasion d'un débat sur le pacte asile et migration, Jordan Bardella fustigeait « le détournement de Frontex, empêchée dans son rôle de garde-frontière et cantonnée à celui d'agence d'accueil ». Le Rassemblement national n'est pas le seul parti critique à l'égard de Frontex. Une fronde collective s'était d'ailleurs manifestée le 18 octobre 2022 à Strasbourg : les députés de tous bords exigeaient le gel d'une partie de son budget « jusqu'à ce que des améliorations clés soient apportées ». L'assemblée réclamait le recrutement de vingt officiers et de trois directeurs exécutifs « dotés de qualifications suffisantes » et la mise en place d'un « mécanisme de signalement des incidents graves » aux frontières extérieures. Mais le RN a voté contre.
Pas d'argent pour la PAC
Jordan Bardella a voté pour la politique agricole commune mais s'est opposé à son financement prévu par le cadre financier pluriannuel (CFP), sur lequel les députés ont pu se prononcer en décembre 2020. Le CFP octroie 387 milliards d'euros à la PAC jusqu'en 2027. « Le RN a voulu priver 450 000 agriculteurs français de l'octroi de 10 milliards d'euros par an », cingle l'élue macroniste Ilana Cicurel.
Contre une stratégie européenne de santé
Quand le Parlement européen a pris la mesure de la crise sanitaire du Covid, à travers des résolutions sur la prévention des pandémies en juillet 2023 ou l'élaboration d'une stratégie pharmaceutique pour l'Europe en novembre 2021, Jordan Bardella a toujours voté contre.
Statu quo sur la Russie
En, 2014, quand l'ex-Front national a contracté son emprunt russe par l'intermédiaire de son eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser, ses opposants ont vite assimilé Vladimir Poutine au « banquier » de Marine Le Pen. Depuis la guerre en Ukraine, le parti demeure fidèle à sa ligne pro-russe. Il y a deux ans, le RN exprimait déjà son rejet en bloc d'une motion pour la libération de l'opposant Alexeï Navalny.
Jeudi dernier, le 29 février, Jordan Bardella a voté contre une résolution commune sur « la nécessité d'un soutien sans faille de l'Union à l'Ukraine, après deux ans de guerre d'agression russe contre ce pays ».
Commission mineure
Les observateurs de l'appareil législatif européen le savent : le travail des députés ne s'effectue pas en plénière sous l'œil des caméras mais en amont, au sein de commissions thématiques où les compromis sont élaborés.
Élu en mai 2019, Jordan Bardella a choisi de s'inscrire dans la commission des pétitions (PETI), qui statue sur les plaintes et les requêtes des citoyens sur les compétences de l'Union. Soit trois demi-journées de travail par mois.
« D'habitude, on s'inscrit dans cette commission PETI à titre secondaire, en complément d'une commission qui a un impact plus lourd comme les affaires internationales, économiques ou juridiques, explique une élue française. Le pire, c'est qu'on n'y a jamais vu Bardella. Il n'a même pas siégé. »
21 amendements en cinq ans
« Il est très fort pour faire un saut à Bruxelles en journée, sans sa valise, pour retourner très vite à Paris sur les plateaux télé », observe une autre élue qui a scruté ses allers-retours.
Et pour finir, si l'activité d'un député devait être jaugée à la quantité d'amendements déposés, Jordan Bardella sortirait grand perdant : 21 amendements en cinq ans. À comparer aux 3 466 amendements déposés par Manon Aubry (LFI)... l'excès inverse.