La percée de Bardella doit sonner comme une alerte

EDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
(Crédits : DR)

« Je ne suis pas nouveau, je suis neuf. » François Hollande avait trouvé en 2011 la bonne formule pour ringardiser adversaires et concurrents internes et ainsi enclencher l'envie de changement. En cette deuxième année de quinquennat, il flotte déjà un besoin de renouveau tant les Français semblent en rupture avec leur classe politique. Le Covid, les guerres, les émeutes urbaines et les problèmes de pouvoir d'achat ont accéléré la fatigue démocratique.

Lire aussiAu RN, Jordan Bardella et Marine Le Pen ne sont pas sur la même ligne internationale

Du haut de ses 28 ans, Jordan Bardella n'a plus besoin de formule pour s'imposer. Les médias s'arrachent le président du Rassemblement national. Depuis la rentrée, le parti d'extrême droite est en dynamique. À six mois des européennes, la tête de liste RN domine dans les sondages. Il faut dire que le carburant populiste coule à flots, du bal mortel de Crépol au manque d'autorité ressenti par les Français en passant par l'immigration hors de contrôle et l'endettement record du pays (qui a toutefois évité une dégradation de sa note financière). À lire certaines gazettes, la France serait en pleine « bardellamania » et le bras droit de Marine Le Pen lorgnerait déjà la présidentielle de 2032... L'éclatant score de Jordan Bardella dans les enquêtes d'opinion doit sonner comme une alerte.

Pour d'autres aussi, la valeur n'attend pas le nombre des années. Gabriel Attal, 34 ans, réussit ses débuts dans un ministère réputé difficile. En moins de six mois, il est devenu le ministre le plus populaire du gouvernement. Le voilà donc érigé en leader d'une génération Macron qui peine à exister. Gabriel Attal bouscule en tout cas les plans des « anciens » Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et François Bayrou. Ceux-là mêmes qui se préparent à incarner l'après-Macron.

Chacun sait qu'en politique rien ne se passe comme prévu. Cela pourrait aussi bien être le cas à l'autre bout de l'échiquier. À gauche, la Toulousaine Carole Delga ou l'élu des Landes Boris Vallaud sont en embuscade pour faire revivre un courant social-démocrate en panne d'incarnation crédible. Plus à gauche encore, le trublion François Ruffin pique chaque jour un peu plus le vétéran Jean-Luc Mélenchon, engagé dans une détestable stratégie de la terre brûlée.

En 2024, les européennes seront à la fois la dernière élection nationale d'Emmanuel Macron (représenté probablement par Stéphane Séjourné) et un test pour la relève politique. Une victoire de Bardella enverrait un signal à toute une génération qui piaffe en coulisses.

Bruno Jeudy

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 10
à écrit le 21/02/2024 à 9:10
Signaler
Bardella c'est le grand remplacement à lui tout seul. Je suis surpris que aucun journaliste ne lui pose une question simple. "Comment pouvez-vous être contre le droit du sol et l'immigration alors que aucun de vos grands parents n'est né en France et...

à écrit le 06/12/2023 à 14:56
Signaler
La preuve que le RN pourrait être une roue de secours pour l'Oligarchie au cas où? Bruno Jeudy, comme d'autres relais médiatiques des 1%, commence à louer Jordan Bardella! L'exemple Giorgia Meloni les a rassurés!

à écrit le 04/12/2023 à 8:04
Signaler
"La France a peur !" LOL ! Non la France a mal a cause de cette crise économique et quand on a mal on a autre chose à faire qu'écouter sa peur les génies de la politique.

à écrit le 03/12/2023 à 18:24
Signaler
J'ai comme impression que ça va barder là, non?

à écrit le 03/12/2023 à 12:34
Signaler
Ce sont les citoyens qui l'ont placé en tête n'en déplaise à M Jeudi. Il faut respecter ce choix.

le 03/12/2023 à 14:22
Signaler
non la cause est l'inaction du gouvernement et pire encore c'est de vouloir dissimuler les vérités et d'ordonner aux prefets de ne jamais définir la vérité il nous faut un jean moulin un prefet de courage la faute n'est au rn mais bien au en meme...

le 03/12/2023 à 21:30
Signaler
La seule chose dont je suis sûr et qui est incontestable, ce sont bien des citoyens qui ont élu Macron comme président.

à écrit le 03/12/2023 à 12:34
Signaler
Ce sont les citoyens qui l'ont placé en tête n'en déplaise à M Jeudi. Il faut respecter ce choix.

le 03/12/2023 à 13:10
Signaler
Ou des "sondés", plutôt ?

à écrit le 03/12/2023 à 12:20
Signaler
J'en baille.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.