Le copieux dîner corse de Gérald Darmanin

Le ministre de l’Intérieur a convié lundi les principaux élus corses afin de faire le point sur les discussions portant sur l’évolution institutionnelle de l’île, entamées depuis deux ans.
Ludovic Vigogne
(Crédits : © Raphael Lafargue/ABACA)

Le ministre de l'Intérieur a convié lundi les principaux élus corses afin de faire le point sur les discussions portant sur l'évolution institutionnelle de l'île, entamées depuis deux ans. Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron s'est peu intéressé à la Corse. Son second sera-t-il l'occasion d'une évolution historique du statut de l'île ? « Ayons l'audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République », déclarait-il le 28 septembre devant l'Assemblée de Corse, à Ajaccio, ouvrant la porte à ce qu'un article de la Constitution de 1958 reconnaisse « les spécificités de la communauté insulaire ».

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Ce jour-là, le chef de l'État venait donner une nouvelle dimension au processus de discussions enclenché par Gérald Darmanin à la suite de l'assassinat d'Yvan Colonna au sein de la prison d'Arles en mars 2022. L'agression du meurtrier du préfet Érignac avait entraîné la Corse dans un nouvel engrenage de violences, perpétrées notamment par des jeunes. Pour tenter de calmer l'émotion, le ministre de ­l'Intérieur avait entamé des pourparlers, se disant d'emblée « prêt à aller jusqu'à l'autonomie », le mot magique du débat insulaire. Le 5 juillet, l'Assemblée de Corse avait voté une délibération, adoptée par 46 voix sur 63, faisant de la « reconnaissance juridique du peuple corse », d'« un statut de co-officialité de la langue corse » et de la reconnaissance d'« un statut de résident » des priorités. Le 28 septembre, dans son propos, Emmanuel Macron avait fait comprendre que ces trois points ne seraient pas retenus tels quels. Il avait également posé un préalable important : « un accord des groupes politiques de ­l'Assemblée de Corse », dirigée par l'autonomiste Gilles Simeoni depuis 2015, serait nécessaire avant qu'Assemblée nationale et Sénat soient saisis d'un projet de loi constitutionnelle. Il avait enfin accordé un délai de six mois aux différences forces corses pour s'entendre.

C'est avec un mois d'avance que Gérald Darmanin réunira demain à dîner Place Beauvau une quinzaine d'élus corses. Le ministre de l'Intérieur avait décidé de reprendre lui-même les choses en main. « Pour réformer la Constitution, une écriture constitutionnelle est requise, déplorait-il dans Corse-Matin le 16 février. Il faut à présent savoir conclure. » Il mettait ainsi la pression sur Gilles Simeoni, chargé de « gérer le travail de compromis », pointant des « divergences » dans le camp autonomiste. Pour finir, le président du Conseil exécutif de Corse se rendra au dîner de la Place Beauvau avec un texte. Ces derniers jours, les réunions se sont multipliées en Corse. Elles ont abouti vendredi. Dans ce processus de discussion, Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud et patron du groupe Horizons à l'Assemblée, est l'un de ceux qui auront joué un rôle clé, Gérald Darmanin s'appuyant beaucoup sur lui.

Ludovic Vigogne
Commentaire 1
à écrit le 25/02/2024 à 15:43
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...." a diner " ...!?! .....c'est curieux que les réunions de "travail " se fassent toujours autour d'agapes dans ce monde d'entre -soi !

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