LR et les vestiges de l’« agri-chiraquisme »

La droite, qui a convaincu l’agricultrice tarnaise Céline Imart de seconder François-Xavier Bellamy aux européennes, veut capitaliser sur ce qu’il reste de son ancrage rural.
Jules Pecnard
(Crédits : © PHOTOPQR/LE PARISIEN/Fred Dugi)

Julien Dive n'allait pas refuser cela à Éric Ciotti. Le député Les Républicains de l'Aisne, fidèle de Xavier Bertrand et spécialiste reconnu de l'agriculture, avait bloqué son lundi 19 février pour visiter un élevage de Seine-et-Marne avec son collègue Jean-Louis Thiériot. Le déplacement se voulait modeste, au plus près du terrain; il s'avérera plus médiatisé.

Lire aussiComment l'ombre de Sarkozy divise Les Républicains

L'avant-veille, le cabinet du président de LR passe un coup de fil à Julien Dive. Éric Ciotti va désigner Céline Imart, agricultrice tarnaise proche de la droite mais aussi de la Macronie, numéro deux de la liste conduite par François- Xavier Bellamy aux élections européennes. Le Niçois est fier de son coup et veut mettre la promue sous les projecteurs. Une manière de maximiser l'un des derniers atouts de la marque LR : l'ancrage de la droite dans le milieu agricole, vestige du chiraquisme. La plupart des 62 députés du parti qui ont survécu aux législatives de 2022 sont issus de terres rurales. En amont de la dernière présidentielle, le baromètre Terre-net/Datagri plaçait Valérie Pécresse en tête des intentions de vote dans ce segment électoral. Au Parlement européen, la modeste délégation chapeautée par François-Xavier Bellamy - qui inclut une autre experte du secteur, Anne Sander - se targue d'avoir défendu la cause paysanne avec constance depuis cinq ans.

Est-ce suffisant ? « Les agriculteurs, désormais, votent majoritairement pour Emmanuel Macron, constate Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut de sondage Ipsos. La PAC leur a extraordinairement profité et Jacques Chirac les défendait à travers cela.

Or, aujourd'hui, les LR accompagnent le mouvement critique à l'égard de Bruxelles. Leur image est brouillée et ils n'ont plus d'incarnation, donc il est très compliqué pour eux de capter la colère des agriculteurs. » Une étude Odoxa publiée par Le Figaro le 21 février l'illustre : 35 % des sondés jugent que le Rassemblement national défend bien les intérêts de la profession. Ils ne sont que 25 % à octroyer ce brevet à la droite classique, derrière les socialistes et même les écologistes, dont le modèle est souvent jugé contraire à celui de la ruralité.

Un enjeu de communication

À trois mois du scrutin européen, où LR jouera gros, l'édition 2024 du Salon de l'agriculture s'annonce capitale. François-Xavier Bellamy s'y rend aujourd'hui et demain. D'abord en petit comité, avec Céline Imart et Anne Sander. La première, qui a soutenu Xavier Bertrand à la primaire de 2021, n'est pas étrangère aux campagnes électorales. Membre de la FNSEA, elle est proche des gros céréaliers. La seconde, issue d'une famille enracinée dans le syndicalisme agricole, est moins rompue aux manœuvres parisiennes. L'eurodéputée alsacienne ignore si Éric Ciotti - qui ne l'a toujours pas reçue en tête-à-tête - la reconduira en place éligible sur la liste. Le précédent chef de LR, Christian Jacob, ex-patron des Jeunes agriculteurs, juge « indiscutables » les talents d'Anne Sander, consciente que le Salon revêt surtout un enjeu de communication. « On a gagné des combats, maintenant il faut le faire savoir », indique t-elle à La Tribune Dimanche. Lundi, la délégation LR autour d'Éric Ciotti sera plus ample. Mercredi, c'est Laurent Wauquiez, candidat virtuel du parti pour 2027, qui sera sur place.

Jules Pecnard
Commentaires 3
à écrit le 25/02/2024 à 10:38
Signaler
Oui, le clientélisme au profit des agriculteurs était le fond de commerce du RPR car leur surreprésentation dans le cortège des grands électeurs leur a longtemps permis de faire la pluie et le beau temps au Sénat, mais dans la mesure où ça fait des d...

à écrit le 25/02/2024 à 10:25
Signaler
Oui, le clientélisme au profit des agriculteurs était le fond de commerce du RPR car à cette époque les agriculteurs faisaient la pluie et le beau temps au Sénat et le fait que le PS aie réussi à le prendre en 2011 était le signe évident de l'arrivée...

à écrit le 25/02/2024 à 9:43
Signaler
Vous rigolez c'est mort, il y avait Chirac et c'est tout, les autres sont tous bien trop habitués aux salons feutrés parisiens pour avoir un tel charisme, vous comparez là une serviette et des torchons.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.