Lundi 30 octobre. C'est la date cochée à l'heure actuelle dans l'agenda présidentiel pour organiser la deuxième étape des rencontres de Saint-Denis. Le 30 août, Emmanuel Macron était sorti plus que satisfait de la première. La concrétisation de « l'initiative politique d'ampleur » qu'il avait annoncée au cœur de l'été s'était étonnamment bien passée. Aucun des onze chefs de parti qu'il avait réunis à l'école de la Légion d'honneur à Saint-Denis n'avait claqué la porte.
Ce jour-là, le chef de l'État, en apportant autant d'attention au fond qu'à la méthode et à la forme, avait su créer les conditions pour qu'un vrai dialogue ait lieu. En interdisant toute présence de caméras, il avait souhaité éviter toute « distraction ». En se privant de collaborateur comme tous les autres participants, il avait voulu montrer qu'il n'avait pas droit à un traitement de faveur. En entamant les discussions par la situation géopolitique, il avait su leur faire toucher du doigt le poids des responsabilités.
« Il a commencé par la matière sur laquelle il est fort; il nous a montré des cartes comme à l'école », avait quelques jours plus tard rapporté Éric Ciotti aux membres du conseil stratégique de LR.
« C'est une des réunions politiques les plus intéressantes à laquelle j'ai assisté », avait commenté Stéphane Séjourné, le secrétaire général de Renaissance, frappé par le nombre de constats partagés lors de ces douze heures d'échange.
La réserve de Larcher
Depuis, le président a beaucoup phosphoré sur la suite. Comment faire vivre le processus mis en place? Sur quoi tenter de le faire aboutir concrètement? Le 30 août, l'éventail des sujets balayés avait été très large. Pour la deuxième édition des rencontres de Saint-Denis, Emmanuel Macron a l'intention de recentrer les discussions sur l'institutionnel, le territorial et un éventuel troisième thème. C'est ce qu'il a laissé entendre mercredi, lors du discours qu'il a prononcé pour le 65e anniversaire de la Constitution de la Ve République. À cette occasion, il a appelé de ses vœux « une nouvelle étape de décentralisation » et indiqué vouloir mener « à son terme » l'élargissement du champ du référendum.
Le 30 août, Éric Ciotti et Jordan Bardella avaient plaidé en ce sens, souhaitant notamment pouvoir consulter les Français sur les thèmes migratoires.
« Le président va arriver avec quelque chose sur la table, parie l'un de ses proches. Et cela pourrait être le référendum sur les référendums. Les partis ne sont d'accord sur rien sauf une chose: permettre aux gens de s'exprimer davantage. Y répondre dans la ville du saint patron des Français, ça aurait de la gueule. »
Cet ordre du jour convaincra-t-il tous les chefs de parti de revenir? Si à l'Élysée on compte sur une nouvelle participation d'Éric Ciotti et de Jordan Bardella, on est plus prudent au sujet de celles des leaders de la Nupes (l'Insoumis Manuel Bompard a d'ores et déjà décliné). Dans l'entourage présidentiel, on espère que les signaux envoyés par la tenue de la conférence sociale, le 16 octobre, résultant de la première édition des entretiens de Saint-Denis, ou la planification écologique, présentée le 25 septembre, permettront de vaincre des réticences.
Mercredi, Gérard Larcher a déjeuné en tête à tête avec Emmanuel Macron. Comme Yaël Braun-Pivet, son homologue de l'Assemblée nationale, et Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (voir page 22), il était autour de la table le 30 août. Lors de son échange élyséen, le sénateur LR des Yvelines a trouvé qu'il demeurait beaucoup de flou derrière les intentions présidentielles. Il a décidé de ne se rendre à la deuxième étape des rencontres de Saint-Denis que si l'ordre du jour est précis