Reconquête : Sarah Knafo et l’attrait des projecteurs

La conseillère et compagne d’Éric Zemmour envisage d’être candidate sur la liste de Marion Maréchal.
Jules Pecnard
Marion Maréchal, Éric Zemmour et Sarah Knafo à Paris, le 20 février.
Marion Maréchal, Éric Zemmour et Sarah Knafo à Paris, le 20 février. (Crédits : LAFARGUE RAPHAEL/ABACA)

« Ne note pas celui-là, je ne veux pas qu'on me pique mes idées... » Il n'est pas toujours commode de discerner, chez Sarah Knafo, ce qui relève de la comédie et ce qui tient de la coquetterie intellectuelle. En petit comité, elle évoque avec gourmandise un discours peu connu d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles du général de Gaulle. Le texte a servi d'inspiration à la conseillère, plume et compagne d'Éric Zemmour, qui remonte sur scène aujourd'hui au Palais des Sports de Paris. Elle a déclamé certains passages du script à voix haute devant témoins, pour voir si le rythme fonctionne. Le président du parti d'extrême droite Reconquête, toujours adulé de ses militants et sympathisants, tiendra le pupitre environ quarante-cinq minutes. Sa tête de liste pour le scrutin européen du 9 juin, Marion Maréchal, va lui emboîter le pas pour la même durée.

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L'enjeu est de taille pour la nièce de Marine Le Pen, qui n'a pas tenu de grand meeting depuis sa campagne régionale de 2015 en Paca face à Christian Estrosi. Descendue sous la barre des 5 % dans le dernier sondage Elabe pour La Tribune Dimanche (voir ci-contre), la candidate doit à tout prix « s'identifier et se singulariser » - les mots d'un fidèle - pour survivre à la bataille des trois prochains mois. Et faire entrer, en bout de course, une poignée de zemmouristes au Parlement européen. Pour l'heure, le compte n'y est pas. Parmi les six potentielles personnalités éligibles de Reconquête figurent ses vice-présidents Guillaume Peltier et Nicolas Bay, qui s'exprimeront chacun quelques minutes avant les vedettes du jour. Une autre sera visible mais ne prendra pas la parole : Sarah Knafo.

Fan autoproclamée de Marie-France Garaud

Depuis des mois, l'énarque laisse planer le doute quant à sa volonté d'être troisième de la liste conduite par Marion Maréchal. Après le barouf médiatique de 2021, lorsque la presse people a révélé sa liaison avec Éric Zemmour, voici venu le temps d'un nouveau choix pour Sarah Knafo. Être connue en tant que conseillère est une chose, faire inscrire son nom sur un bulletin de vote et le défendre en plateau de télévision, voire en réunion publique, en est une autre. Obnubilée par les jeux d'ombres, elle est une fan autoproclamée - la presse a abondamment relayé ce détail - de Marie-France Garaud, très raide éminence grise de Jacques Chirac dans les années 1970. À ses proches, la dirigeante de Reconquête (son « bébé », dit-elle) fait remarquer que son idole a fini par être, aux européennes de 1999, numéro trois de la liste menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers.

« Ça commence à être long »

Voilà un signe, parmi une kyrielle d'autres, indiquant que, dans son esprit, les choses sont quasiment réglées. Auprès de La Tribune Dimanche, l'intéressée élude malgré tout : « Je prends le temps de la décision... car on a le temps ! La campagne est encore longue. » Mi-octobre, sa participation à une conférence de Génération Z - le mouvement des jeunes zemmouriens, les « GZ » - a été perçue comme un indice.

Durant la même période, elle en a discuté en tête à tête avec Nicolas Bay. L'ancien cadre du Rassemblement national apprécie les talents de Sarah Knafo. « Elle a de l'aisance oratoire, est vive intellectuellement et a le sens de la communication politique », nous confiait-il au début de l'hiver.

Tendance à vouloir tout contrôler

D'autres soulignent sa mauvaise foi, sa tendance à vouloir tout contrôler, quitte à se montrer cassante. Dans un parti où les clans travaillent en silo, où la gueule de bois postprésidentielle a généré des rancœurs, les alliés sont précieux. Pour l'idéologue nationaliste, Stanislas Rigault est de ceux-là. Le chef des GZ, également en lice pour une bonne place dans le casting de Marion Maréchal, ne trouve rien à redire au tempo de Sarah Knafo.

D'autres, comme la tête de liste elle-même, aimeraient qu'elle se décide. « Ça commence à être long », grince un marioniste. Entre les deux femmes, les relations n'ont rien de chaleureux. « Sarah a une vraie appréhension de l'existence publique, décrypte un pilier de la campagne. Il faudra qu'elle anticipe d'avoir plein d'articles sur elle et Zemmour, d'être présentée comme la "femme de". Mais elle aura une totale capacité à être bonne dans les médias. » En privé, Stanislas Rigault ne s'y trompe pas: « Si elle est en trois sur la liste, il n'y aura pas de bond dans les sondages, mais ça va beaucoup intéresser les chaînes de télévision et la presse. Elle est le symbole du zemmourisme de 2022. » Il n'y a plus qu'à faire.

Jules Pecnard
Commentaires 3
à écrit le 10/03/2024 à 18:53
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"Knafo" ? de quelle origine ?!

à écrit le 10/03/2024 à 10:01
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Pendant ce temps ; À partir du 15 avril, et comme avant chaque élection, les télés et radios seront tenues de respecter un principe d’équité dans le traitement des forces politiques avant le scrutin du 9 juin, a rappelé ce vendredi le régulateur d...

à écrit le 10/03/2024 à 8:50
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On se doute qu'elle fait ça pour ça ou la politique politicienne depuis des siècles. Sachant qu'ils passent leur temps à dénoncer ce qu'ils pratiquent copieusement. Reconquêtes de quoi ? Du droit de cuissage, de la messe du dimanche matin, du racisme...

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