En qualifiant Emmanuel Macron (23,9%) et Marine Le Pen (21,4%) au second tour de la présidentielle, les Français ont imposé une débâcle historique aux deux grands partis historiques qui se partagent le pouvoir depuis plus de trente ans : Le Parti socialiste et Les Républicains.
Le candidat de la droite, François Fillon (LR), termine aux portes du second tour avec 19,9% des suffrages, quand Benoît Hamon (PS) reçoit une véritable claque en ne recueillant que 6,2% des voix. Le candidat socialiste réalise le plus mauvais score pour son parti depuis 1969, où Gaston Defferre (SFIO) avait réalisé un score de 5%.
Tous deux ont appelé hier à voter Emmanuel Macron pour le second tour, pour faire barrage à l'extrême droite de Marine Le Pen. La bataille de la présidentielle pour eux, comme pour leur formation politique est terminée, l'heure est à la reconstruction et aux tours suivants : les législatives. Des questions que chacun des partis vont certainement aborder lors de leur bureau politique. Les dirigeants du PS se réunissent ce lundi matin et son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, doit s'exprimer à la mi-journée. Côté Les Républicains, un comité politique est réuni depuis 10 heures et le bureau politique aura lieu à 17 heures.
François Fillon sur la sellette
Avec une campagne minée par les affaires, François Fillon n'est pas parvenu à se hisser au second tour. Mécontent de leur candidat, les ténors de LR ont descendu dans les règles et sans ménagement le député de paris.
"Ce n'est pas la droite qui a perdu, c'est Fillon", a lancé le député de l'Oise Eric Woerth sur Europe 1 ce lundi matin.
Dans un communiqué, le président de la Région PACA, Christian Estrosi, a qualifié le score de son candidat d'un des plus "grands gâchis de l'historique politique" pour la droite française. Le candidat LR en a pris pour son grade également avec Nadine Morano. Ce serait "l'enterrement de notre famille politique" si les législatives étaient menées par François Fillon, a jugé la député européenne au micro de France Info ce matin.
Au PS, "la fin d'une histoire" ?
Positionné entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, le candidat socialiste s'est fait siphonner ses voix, figeant la fracture déjà présente au sein du parti entre les frondeurs et les socio-libéraux. Il faut dire que certains ont participé à cet effondrement, Manuel Valls ayant déclaré qu'il voterait pour le candidat d'En Marche !
Invité de France Inter ce lundi matin, l'ancien Premier ministre a appelé Emmanuel Macron à ne pas répéter l'erreur de Jacques Chirac qui n'avait gouverné qu'avec la droite après avoir battu le Front national en 2002. Manuel Valls entend clairement participer à la nouvelle majorité que pourrait bâtir Emmanuel Macron.
"Il y a une responsabilité, qui est d'abord celle d'Emmanuel Macron, qui est de rassembler, et nous devrons l'aider, le plus largement possible, pour mettre Marine Le Pen le plus bas possible", a-t-il lancé. Le député de l'Essonne pense déjà aux législatives et estime que les socialistes doivent être "prêts à soutenir [Emmanuel Macron], à l'aider, à participer à cette majorité."
Pour le Parti socialiste, après l'échec spectaculaire de Benoît Hamon, "c'est la fin d'un cycle, c'est la fin d'une histoire", insiste Manuel Valls. Reste à savoir si les ténors du parti sont prêts à se ranger derrière la position de l'ancien Premier ministre. Évoquée depuis un certain temps, l'heure de la clarification au PS est enfin arrivée.
(avec Reuters)