Présidentielle : les recettes du Medef pour baisser les dépenses publiques

Le Medef profite de la campagne électorale pour réitérer son souhait d'une baisse de la dépense publique de 20 milliards d'euros par an pendant cinq ans. Il avance ses recettes pour y parvenir.
Jean-Christophe Chanut
Pour Pierre Gattaz, président du Medef, le prochain président de la République doit absolument parvenir à réaliser 20 milliards d'euros d'économies annuelles dans les dépenses publiques pour qu’elles reviennent à 49% du PIB au lieu de 57%.

100 milliards d'euros pour Fillon, 60 milliards pour Macron...Les candidats à la présidentielle veulent tailler dans les dépenses publiques qui atteignent en France 57% du PIB, soit dix points d'écart avec la moyenne de la zone euro. Certes,  mais une différence qu'il faut pourtant relativiser si l'on tient compte des particularités de la France en matière de politique de protection sociale (santé et retraite notamment)... Pour autant, les candidats n'en démordent pas: la France vit au-dessus de ses moyens, ce qui explique son endettement qui atteint 96% du PIB et ses difficultés à respecter un déficit limité à 3% du PIB.

Mais il n'y a pas que les candidats à la présidentielle qui soient sur cette position. Le Medef aussi, et depuis longtemps. Mais l'organisation patronale profite de la campagne électorale pour rappeler  que, elle aussi, condamne le "surpoids de la sphère publique française". Son président, Pierre Gattaz estime que "sans réforme de l'Etat, il n'y aura pas de maîtrise des dépenses publiques".

100 milliards d'euros d'économies en cinq ans

Et le Medef de donner ses "conseils" au futur président. Celui-ci devrait parvenir à à geler durant cinq ans les hausses des dépenses publiques en valeur, soit "20 milliards d'euros par an".... 100 milliards d'euros sur cinq ans. Ce qui permettrait de ramener le poids des dépenses publiques à 49% du PIB.

Alors que propose le Medef pour parvenir à un tel objectif ? Il conviendrait d'abord d'organiser dès l'été prochain des « Assises nationales sur les finances publiques »,, composées des pouvoirs publics, des partenaires sociaux, d'experts, etc. Des choix seraient alors fait en termes de dépenses publiques et des textes " législatifs financiers engageants et exigeants seraient décidés".

Il s'agirait aussi de déterminer les « outils » (baromètre, tableau de bord, etc.) permettant de mesurer le suivi des réformes mises en œuvre.

Un nouveau plan de « modernisation de l'action publique » (MAP)  devrait être aussi lancé pour le quinquennat, conduisant à une revue exhaustive de toutes les missions et dépenses de l'Etat pour déterminer celles qui ne sont pas utiles. Le Medef préconise également un vaste mouvement de "fusion ou de mutualisation de directions centrales, locales et de sécurité sociale".

"Faire maigrir l'Etat" en le recentrant sur les fonctions régaliennes

Pour l'organisation patronale, il conviendrait aussi de « faire maigrir l'Etat » en redéfinissant ses missions. L'Etat central devait être recentré sur les fonctions régaliennes (défense, justice, etc.). A l'inverse, il conviendrait de déléguer les fonctions opérationnelles non régaliennes par plus de décentralisation et davantage de concurrence. Ceci pourrait passer par un développement de "co-production public-privé" ou par la promotion de la "gestion déléguée des services publics", via, par exemple, des concessions.

Bien entendu, le Medef se plaint aussi du « mille-feuille territorial ». Pour lui, dans l'idéal, Il ne devrait rester que les échelons de la région et des inter-communalités. Les Métropoles, quand elles existent, devraient remplacer les départements. Il prône aussi la suppression définitive de la clause de la compétence générale... qui a, de fait, déjà été supprimée par la loi NOTRe, pour les départements et les régions.

L'avertissement de Michel Pébereau

Last but not least, le Medef veut réduire le poids des effectifs de la fonction publique qui représente en France 17,5% de la population active. Pour ce faire, l'organisation patronale souhaite "inverser la tendance des effectifs publics et maitriser l'évolution de la masse salariale" des trois fonctions publiques pour la ramener à 11% du PIB, contre 13% aujourd'hui. Il recommande également de « réformer en profondeur le statut de la fonction publique »...

 Un catalogue très classique donc que le Medef avait déjà présenté en 2012 et en 2015. Mais le Medef se veut maintenant plus alarmant par la voix de Michel Pébereau. L'ancien patron de BNP Paribas s'inquiète de la remontée des taux d'intérêt. Il convient donc de rassurer les investisseurs sur l'état de la France. Pour lui, la cause des déficits français vient de la trop forte dépense publique qui ne peut plus être financée par une hausse des impôts, les prélèvements obligatoires atteignant déjà 45% du PIB. Une seule solution donc, la baisse de la dépense publique...

Certes, mais cela imposera alors des choix douloureux avec notamment une remise en cause de la protection sociale. François Fillon s'y est risqué en proposant une réforme drastique de la sécurité sociale.... Avant de fortement rétro-pédaler.

Jean-Christophe Chanut
Commentaire 1
à écrit le 04/03/2017 à 19:02
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"Un catalogue très classique donc que le Medef avait déjà présenté en 2012 et en 2015" Vous oublié le père Gattaz dit Yvon pour les intimes , qui prônait déjà la même chose en 1981.

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