![Le projet SACOI3 prévoit deux nouvelles lignes électriques. L'une sera souterraine et l'autre, sous-marine.](https://static.latribune.fr/full_width/2380609/edf-corse-sacoi3.jpg)
Comme tout projet de cette envergure, la nouvelle liaison électrique SACOI3 prend du temps pour devenir une réalité. Inscrit dès 2015 dans la programmation pluriannuelle de l'énergie de la Corse, passée par la case concertation et enquête publique (respectivement de 2019 à 2022, puis en 2023), ce projet constitue la troisième version de la ligne SACOI.
Celle-ci est née de la collaboration et de la solidarité énergétique entre la France et l'Italie en 1964 et qui, alors qu'elle reliait la péninsule à la Sardaigne en passant par la Corse (mais sans la desservir), a fini par se raccorder à la station de Lucciana en 1986.
Et comme toute infrastructure qui traverse le temps, cette liaison électrique est devenue vétuste, réclamant des travaux adéquats. Des travaux qui, annonce EDF, vont devenir réalité - pour ce qui concerne la station de Lucciana - dès le premier trimestre 2025, avec une livraison définitive de l'ouvrage fin 2029.
Doublement de capacité
Au total, le chantier prévoit la construction de trois nouvelles stations de conversion en Corse, en Sardaigne et en Italie, celle de deux lignes électriques nouvelles alors que la liaison aérienne entre Lucciana et Bonifacio (soit 292 km) sera également renforcée par de nouveaux câbles. Les deux nouvelles lignes électriques seront pour l'une souterraine - sur 23 kilomètres - et pour l'autre, sous-marine, sur 120 kilomètres.
Mais ce sont bien les trois nouvelles stations de conversion - ces stations qui permettent de convertir le courant alternatif en courant continu ou vice-versa - qui constituent le point névralgique du projet, puisqu'elles vont être dotées de capacité de puissance augmentée. Ainsi, la station corse, basée à Lucciana va-t-elle voir sa capacité être multipliée par deux, pour passer de 50 MW à 100 MW, alors que la capacité totale de la ligne va atteindre 400 MW contre 300 MW précédemment. C'est EDF qui gèrera la construction de la station française, Terna prenant en charge celles de Codrongianos en Sardaigne et de Suvereto en Toscane. Les anciennes stations seront ensuite déposées.
Un doublement qui, pour la Corse, constitue un élément de renforcement de l'alimentation électrique de l'Île de Beauté, laquelle fait partie de ces zones fragiles en termes d'interconnexion. SACOI qui par ailleurs, vient supporter et compléter l'autre liaison, SARCO, laquelle relie la Corse à la Sardaigne. Mais l'enjeu se situe aussi du côté des projets d'énergies renouvelables. « Le marché du courant continu explose actuellement et c'est l'éolien offshore qui tire ce marché », décrypte Antoine Jourdain, directeur d'EDF SEI, la direction consacrée aux systèmes énergétiques insulaires.
Illustration d'une Europe de l'énergie
A la manœuvre le groupement Hitachi/Razel Bec/ Pellegrini, choisi après appel d'offres. « Nous avons lancé un appel d'offres voici trois ans et avons reçu la proposition de deux concurrents solides. Nous avons fini en gré à gré avec Hitachi ». Le groupe japonais qui a fait valoir son expertise concernant l'installation complexe reliant Lucciana à l'Italie et la Sardaigne, ce point triple de soutirage « ne se faisant pas partout dans le monde ».
Hitachi, qui apporte également son expertise en électricité de haut niveau a noué des collaborations avec des entreprises corses pour la partie génie civil notamment et produit une partie du matériel nécessaire en Suède, où le Japonais dispose d'une usine. Pellegrini étant, pour sa part, en charge de la partie italienne des travaux.
SACOI3 qui s'inscrit dans cette Europe de l'énergie, sujet souvent débattu à l'aube des élections européennes. « La collaboration entre EDF et Terna illustre la capacité à créer une coopération européenne », estime Antoine Jourdain. SACOI3, qui nécessite un investissement global de 1,5 milliard d'euros, sera financé aux 2/3 par l'Italie, le tiers restant étant assuré par la France.