Accord de libre-échange : l'Australie et l'UE échouent à trouver un terrain d'entente

Alors qu'Olivier Becht, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, avait salué en fin de semaine dernière un « nombre d'avancées très positives », les négociations entre l'Union européenne et l'Australie ont échoué à déboucher sur un accord de libre-échange cette semaine. Il faudra sans doute plusieurs années avant une reprise des pourparlers.
Pour l'Europe l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme, ce que conteste l'Australie.
Pour l'Europe l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme, ce que conteste l'Australie. (Crédits : Reuters)

Ce n'est pas demain que l'Union européenne et l'Australie arriveront à s'entendre sur les termes d'un accord de libre-échange. Le ministre australien de l'Agriculture, Murray Watt, a indiqué que les négociateurs de l'UE n'avaient pas fait évoluer leur position lors du dernier cycle de négociations, organisé en marge d'une réunion du G7 au Japon.

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« Malheureusement, nous n'avons pas obtenu le mouvement souhaité du côté de l'UE », a-t-il déclaré ce lundi 30 octobre, à la chaîne de télévision publique australienne ABC. « Il est peu probable que les négociations reprennent au cours de la législature actuelle », a-t-il ajouté, suggérant que le gouvernement australien pourrait ne pas revenir à la table des négociations... avant les élections législatives de 2025.

 « Je pense qu'il faudra un certain temps avant qu'un gouvernement australien ou un dirigeant de l'UE soit en mesure de négocier un accord. Et c'est assez dommage ».

Des négociations qui durent depuis 2018

L'Union européenne s'était pourtant montrée optimiste quant à la conclusion d'un accord au G7 d'Osaka. L'Australie a toutefois « présenté des revendications agricoles qui ne reflétaient pas les récentes négociations », a indiqué un porte-parole de la Commission européenne, qui est « prête à poursuivre les négociations », selon un communiqué. Le ministre français du Commerce, Olivier Becht, avait salué en fin de semaine dernière un « nombre d'avancées très positives », laissant espérer qu'un accord rapide soit trouvé.

Il faut dire que les discussions durent depuis un certain nombre d'années. Les négociations entre l'UE et l'Australie sur un accord de libre-échange durent en effet depuis 2018. En pratique, les deux parties peinent notamment à se mettre d'accord sur l'ouverture du marché européen aux exportations australiennes de viande ovine, de bœuf et de sucre.

La question de l'accès des produits agricoles européens et les appellations d'origine protégée européennes (fromages, vins, viandes...) complique en effet la donne. L'Australie voulant pouvoir exporter du roquefort, de la féta ou encore du jambon de Parme, ce que refuse l'Union européenne Cette dernière a soumis à l'Australie une liste de plus de 400 produits associés à ses territoires qu'elle souhaite protéger. De son point de vue, l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme.

Et seuls les producteurs hollandais devraient pouvoir revendiquer l'appellation « gouda », un fromage fabriqué aux Pays-Bas. Des exigences auxquelles refuse de céder Canberra. « Après la Seconde Guerre mondiale, l'Australie a connu une forte vague d'immigration arrivée de l'Europe », a expliqué début juin Murray Watt. « Nos producteurs ont ramené leurs produits de leur pays d'origine et les ont fabriqués ici ». Le ministre déclarait alors que si « l'Australie ne parvient pas à obtenir un bon accord, mieux vaut ne pas en conclure du tout ».

Un meilleur accès aux riches gisements australiens

L'Europe espère par cet accord un meilleur accès aux riches gisements australiens de « minéraux critiques », afin de réduire sa dépendance à l'égard de la Russie et de la Chine pour ces composants clés permettant la fabrication d'éoliennes et de batteries de voitures électriques. « Il convient de faire en sorte que les quotas qui sont attribués à l'Australie pour venir sans droits [de douane] sur le marché européen et français soit dans une jauge raisonnable par rapport à ce que le marché peut lui-même absorber », avait déclaré vendredi Olivier Becht. Mais « la France souhaite un accord » car l'île-continent « est un grand producteur de minéraux critiques » et il y a des « intérêts industriels » pour les entreprises européennes.

Lire aussi« L'Europe doit remonter jusqu'à la production de métaux si elle veut rester dans la course » (Benjamin Louvet, Ofi Invest Asset Management)

De son côté, le gouvernement britannique a signé mi-juillet son adhésion au partenariat de libre-échange transpacifique (CPTPP). Le Royaume-Uni est le premier pays d'Europe à rejoindre le CPTPP, qui comptera ainsi 12 pays pour un PIB (Produit intérieur brut) de 12.000 milliards de livres sterling (14.000 milliards d'euros). La ministre britannique du Commerce, Kemi Badenoch, avait alors mis en avant les « milliards de livres sterling d'échanges supplémentaires » pour les entreprises britanniques. Signé notamment par la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou encore le Canada et le Japon, le CPTPP est le plus important pacte de libre-échange de la région. La Chine a fait acte de candidature en 2021, mais plusieurs pays voient cette demande d'un mauvais œil.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 30/10/2023 à 22:04
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PAS de libre échange avec l'Australie pays aussi peu fiable que la Turquie avec les sous-marins comme dernier exemple !

à écrit le 30/10/2023 à 13:30
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Bonjour, échec d'un accord de libre échange... Bien , pourquoi.. Que demande l'Australie, que demande l'UE en échange... Quel sont effectivement les points bloquants... Nous dire qu'ils y a échec, s'est bien ... Nous dire pourquoi s'est mieux... I...

le 30/10/2023 à 23:53
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Lisez donc l article ! Nous imposer des copies ersatz de nos fromages des jambons et autres aoc européennes dont la grande distrib va importer en masse en dissimulant comme d’hab l origine ici australienne …

le 30/10/2023 à 23:53
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Lisez donc l article ! Nous imposer des copies ersatz de nos fromages des jambons et autres aoc européennes dont la grande distrib va importer en masse en dissimulant comme d’hab l origine ici australienne …

à écrit le 30/10/2023 à 13:01
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Zut ! On m'avait pourtant expliqué que le Brexit c’était le repli sur soi...

à écrit le 30/10/2023 à 12:16
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Il ne faut pas jeter la pierre à l'Australie uniquement, s'il veulent manger de la m***e c'est leur probleme. Je vis en Thailande et alors je suis surpris que les Thais ou autres usurpent le nom des produits, je le comprends mais dans la plupart des ...

à écrit le 30/10/2023 à 9:29
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"ou encore du jambon de Parme" d'Australie ? C'est sûr que les producteurs de Roquefort (lait de kangourou(te) ?) ou de jambon de Parme australiens veulent pouvoir exporter plus, ce que l'accord doit permettre. La 'recette' suffit-elle ou l'espèce de...

le 30/10/2023 à 11:42
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la grande distrib nous auraient vendu leurs produits sous pretexte moins cher mais sans notifier aux consommateurs la provenance d origine comme dhab... pour le mercosur idem faut pas que l accord passe es produits agricole brésilien etatnt saturés d...

à écrit le 30/10/2023 à 8:32
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Qu'ils nous achètent déjà des sous-marins et des hélicos, après on parlera fromage.

à écrit le 30/10/2023 à 8:29
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Ben le RU n'a plus aucun label de qualité à protéger vu que la city a dévasté ce pays, forcément dans ce cas ils peuvent signer n'importe quoi. Mais enfin ils sont bizarres les australiens quand même non ? C'est une raison de refus de ne pas exposer ...

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