Agriculture : la Pologne réclame des sanctions européennes sur les produits russes et bélarusses

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a annoncé que la Pologne réclamera à la Commission européenne des « sanctions complètes » sur les produits agricoles et alimentaires russes et bélarusses. Selon lui, une décision commune de l'UE serait « plus efficace » que des décisions individuelles prises par ses États membres.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, estime que des « sanctions complètes » contre la Russie et le Belarus permettraient notamment de les « rendre plus réalistes ».
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, estime que des « sanctions complètes » contre la Russie et le Belarus permettraient notamment de les « rendre plus réalistes ». (Crédits : POOL)

Et si, parmi les sanctions occidentales contre la Russie en représailles de la guerre en Ukraine, les Vingt-Sept actaient des mesures totales sur les produits agricoles et alimentaires ? C'est ce que prône le Premier ministre polonais, Donald Tusk, à l'encontre de Moscou et de son allié, le Belarus. Il a d'ailleurs annoncé ce lundi 4 mars qu'il va appeler son Parlement à adopter une résolution « demandant à la Commission européenne d'imposer des sanctions complètes » en ce sens, pour les produits qui ne font pas déjà l'objet d'embargo européen.

Pour le chef du gouvernement polonais, une décision commune de l'UE serait « plus efficace » que des décisions individuelles prises par ses États membres. Selon lui, de telles mesures permettraient à la fois « de rendre les sanctions plus réalistes » mais également « de protéger plus efficacement les marchés agricoles et alimentaires européens, lituaniens et polonais », ainsi que de « débloquer totalement les possibilités d'exporter les produits agricoles et alimentaires ukrainiens vers des pays tiers ».

La question agricole secoue la Pologne

Cette mesure intervient en tout cas dans un contexte tendu en Pologne sur le sujet agricole. Depuis novembre, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l'Ukraine. Objectif : protester contre la concurrence de leur voisin qui pèse sur leurs revenus et qu'ils trouvent injuste, l'Ukraine n'étant pas soumise aux règles de l'UE, notamment en matière de bien-être animal.

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La situation a empiré courant février. Des agriculteurs polonais ont par exemple arrêté un camion transportant des céréales ukrainiennes alors qu'il traversait la frontière, puis ont déversé sa cargaison. Des manifestants ont aussi, une autre fois, déversé des cargaisons de blé ukrainien d'un train.

Pour tenter d'apaiser la situation, une réunion sur le sujet se tiendra le 28 mars, à Varsovie, entre les gouvernements polonais et ukrainien. Les entretiens politiques entre leurs ministres se tiennent régulièrement en attendant cette rencontre selon le ministère ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov. Et le Premier ministre ukrainien et des membres de son gouvernement se sont rendus fin février à la frontière avec la Pologne en signe d'apaisement.

Interdiction des produits russes déjà en Lettonie

Fin février, la Lettonie a interdit l'importation de denrées alimentaires, de produits de la pêche et de fourrages en provenance de la Russie et du Bélarus, y compris via des pays intermédiaires. Cet amendement à la loi lettonne sur l'Agriculture sera applicable jusqu'en juillet 2025, date à laquelle elle pourra être prolongée pour les années suivantes si nécessaire.

La mesure résulte de la mobilisation des agriculteurs au début du mois de février. Lors d'une manifestation au cours de laquelle 2.000 tracteurs ont investi 16 villes du pays, les fermiers ont revendiqué l'arrêt des importations de « céréales de sang » en provenance de Russie.

Le gouvernement letton n'a toutefois pas mis fin au transit de ces marchandises sur son territoire. Cela « reste une chose plus délicate », a reconnu Armands Krauze, ministre letton de l'Agriculture. « La Lettonie peut interdire ses propres importations en provenance de Russie, mais seule l'UE peut convenir d'une action coordonnée lorsqu'il s'agit d'interdire le transit de produits russes sur le territoire de l'UE », a-t-il ajouté devant les journalistes.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 05/03/2024 à 12:16
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Ça résume bien l'UE : je fais rentrer du poulet et du blé ukrainiens par trains entiers, sans droits de douane ni contrôle sanitaire, produits avec des méthodes illégales chez nous, puis je montre du doigt ces méchantpasbos russes qui font qu'à envah...

à écrit le 04/03/2024 à 20:15
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Encore des sanctions futiles qui n'arrêteront pas la vague de désertion massive de l'Ukraine vers l'UERSS. L'UERSS ferait mieux de refuser l'accueil de déserteurs ukrainiens sur son territoire.

à écrit le 04/03/2024 à 17:15
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"Oh regardez là bas ! Ailleurs... " ^^

à écrit le 04/03/2024 à 16:33
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Ce ne sont pas eux qui gueules sur les importations de poulets et de céréales provenant d'Ukraine? ben de ce fait, a la fin il est normal que les prix explose, si ils doivent être mis en corrélation avec ces paradoxes!!! on ne nous dit pas tout ! E...

à écrit le 04/03/2024 à 16:32
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Est de l'UE; difficile de comprendre que la Pologne (entre autres) se gavent encore de céréales et légumes russes, alors qu'elle agresse les camions ukrainiens sur sa frontière. Un gros moyen d'influence du tsar qui en profite aussi pour financer sa...

le 05/03/2024 à 15:00
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@Alain d: Effectivement, l'acharnement des agriculteurs polonais contre le transit de produits ukrainiens, tandis que les produits russes arrivent via la Biélorussie à une échelle supérieure est un peu bizarre. Ainsi, la demande du gouvernement polon...

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