Blocage des produits ukrainiens en Pologne : Kiev monte le ton et appelle les autorités polonaises à réagir

Après plusieurs jours de manifestation des agriculteurs polonais et de blocage des produits agricoles ukrainiens à la frontière polonaise, le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov a prévenu que ces actions étaient une « menace pour la sécurité » de l'Ukraine. Il a appelé les autorités polonaises à faire stopper les blocages.
Depuis novembre dernier, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l'Ukraine pour protester contre la concurrence de leur voisin.
Depuis novembre dernier, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l'Ukraine pour protester contre la concurrence de leur voisin. (Crédits : AGENCJA WYBORCZA.PL)

Alors que les forces ukrainiennes font part de difficultés sur le terrain, notamment après avoir abandonné la ville d'Avdiïvka à l'armée russe ce week-end, Kiev appelle ses alliés européens à soutenir l'importation de produits agricoles ukrainiens dans l'UE. Le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov, a qualifié ce lundi de « menace pour la sécurité » de l'Ukraine le blocage par des agriculteurs polonais de la frontière entre les deux pays.

« Le blocage de la frontière constitue une menace directe pour la sécurité d'un pays défenseur. De telles actions ont un impact négatif sur notre confrontation avec l'ennemi commun appelé Russie », a dénoncé Oleksandre Koubrakov sur Facebook.

« Nous attendons des actions concrètes de nos collègues polonais pour éviter de telles situations et résoudre le problème en général », a-t-il ajouté.

Lire aussiUkraine : la volonté de persévérer de Zelensky reste intacte

600 camions bloqués à la frontière polonaise

Selon le ministère ukrainien, six points de contrôle sont actuellement bloqués du côté polonais de la frontière. « La situation la plus critique se situe au point de contrôle "Iagodyn-Dorohusk", où le trafic des camions s'est complètement arrêté. Les marchandises humanitaires, périssables et le carburant » sont bloqués, a précisé le vice-ministre des Infrastructures, Serguiï Derkatch.

Selon Michal Derus, porte-parole de la Chambre de l'administration fiscale de Lublin (Est de la Pologne), « environ 600 camions attendent actuellement de quitter la Pologne » au poste-frontière de Dorohusk, et le « temps d'attente estimé pour que ce nombre de camions partent est d'environ 232 heures », a-t-il précisé à l'AFP. « Aucun camion n'est entré en Pologne (en provenance d'Ukraine). Il faut donc supposer qu'il s'agit d'un blocus total », a-t-il précisé.

Le ministère ukrainien des Infrastructures a aussi dénoncé le blocage des bus de passagers. « Les femmes et les enfants devenus réfugiés après avoir fui la guerre et qui reviennent chez eux pour diverses raisons ne peuvent pas devenir otages d'intérêts commerciaux », a déclaré Oleksandre Koubrakov.

Un conflit sur les céréales qui prend de l'ampleur

Depuis novembre dernier, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l'Ukraine pour protester contre la concurrence de leur voisin qui pèse sur leurs revenus et qu'ils trouvent injuste, l'Ukraine n'étant pas soumise aux règles de l'UE, notamment en matière de bien-être animal. La Pologne compte pourtant parmi les plus grands soutiens de l'Ukraine depuis l'agression russe contre ce pays, mais les frictions liées à l'interdiction unilatérale des importations de céréales par Varsovie ont entamé les relations entre les alliés. La Pologne avait pris cette mesure sous le précédent gouvernement nationaliste, mais l'a maintenue après l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle coalition pro-UE en octobre.

Lire aussiDes agriculteurs polonais détruisent des céréales ukrainiennes à destination de l'UE, la tension monte avec Kiev

Ces derniers jours, les tensions sont encore montées d'un cran. Le 11 février, des agriculteurs polonais ont arrêté un camion transportant des céréales ukrainiennes alors qu'il traversait la frontière puis ont déversé sa cargaison. De plus, les autorités à Varsovie ont évoqué la possibilité d'imposer de nouvelles interdictions d'importation de produits agricoles ukrainiens pour protéger les agriculteurs. Le ministre polonais de l'Agriculture, Czeslaw Siekierski, a en effet déclaré le 8 février à la radio publique nationale que des interdictions « totales » d'importations pourraient être nécessaires pour de nouveaux groupes de produits. « Cela pourrait être nécessaire pour le sucre, si son afflux est trop important, pour la volaille », a-t-il estimé, ajoutant que le gouvernement avait l'intention de soulever la question lors de discussions avec Kiev.

Pour tenter de calmer les tensions, la Commission européenne a indiqué ce lundi « continuer » à chercher des « solutions » qui permettraient de préserver « un soutien économique maximal à l'Ukraine », ravagée par deux ans de guerre. « Nous pensons que le travail doit être fait pas à la frontière, pas dans une situation de pression, mais en s'asseyant à la table des négociations », a déclaré le porte-parole de la Commission, Olof Gill.

Lire aussiUkraine : Macron cible son ennemi russe

La France et l'Allemagne s'engagent sur de nouvelles aides à l'Ukraine

En déplacement vendredi dernier à Berlin puis Paris, le président ukrainien n'est pas revenu les mains vides en signant des accords de sécurité bilatéraux qui inscrivent dans la durée l'aide de l'Allemagne et de la France à Kiev, avec une dizaine de milliards de soutien militaire promis pour 2024. Dont trois milliards d'euros d'aide supplémentaire cette année pour la France, selon Emmanuel Macron. Côté allemand, le document signé contient une aide militaire supplémentaire et immédiate d'un montant de 1,1 milliard d'euros, qui est une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par l'Allemagne pour 2024.

Dans son texte conclu pour « une durée de dix ans » et « tant que l'Ukraine n'aura pas rejoint l'Otan » comme l'espère la France, cette dernière prévoit « une assistance globale » et notamment un renforcement de la coopération dans le domaine de l'artillerie.

Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont aussi signé un accord de sécurité qualifié d'« historique » par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l'Ukraine « aussi longtemps que nécessaire contre l'agresseur russe ».

Ces soutiens interviennent après celui du Royaume-Uni en janvier tandis qu'une aide de 60 milliards d'euros est toujours bloquée aux Etats-Unis.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 20/02/2024 à 9:57
Signaler
Qui monte le ton a Kiev, les USA ?

à écrit le 20/02/2024 à 9:32
Signaler
C'est que le début ,car si l’Ukraine entre dans l'UE ,ce sera multiplié par dix les conflits dans l'agriculture.

à écrit le 19/02/2024 à 16:59
Signaler
c'était déjà le cas avec les indiens et les africains ! ils ne pouvaient passer la frontière ! du coup a présent que les uns et les autres semblent être frères pour faire cela, mais ne le sont plus lorsqu'il s'agit de businesse, ça dit tout !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.